Algérie

L?Algérie est une entreprise bénéficiaire. Ses caisses débordent d?argent. Officiellement, le pays a engrangé 56 milliards de dollars de réserves de change à la fin 2005. Ce n?est pas une petite somme. C?est même la plus importante jamais réalisée depuis l?indépendance de l?Algérie. Osons d?abord cette question : ce chiffre correspond-il à la réalité ? Les Algériens n?ont aucun moyen, faute d?un contre-pouvoir puissant et efficace, de vérifier les chiffres annoncés par les représentants de l?Etat. Il n?existe pas d?instituts indépendants de statistiques. La Banque d?Algérie n?est pas autonome. Le gouvernement détient entièrement les clefs de l?information économique. Il en use et en abuse. Il communique les données financières comme il veut. Quand il le veut. Et quand cela l?arrange. Parfois, les chiffres viennent à la rescousse de politiques et de décisions discutables et injustifiées. Les faiblesses sont, au travers de « prouesses » arithmétiques, transformées en succès. Qui peut contester les résultats du gouvernement en absence de contre-données ? Faut-il croire un ministre qui affirme que le taux de chômage a baissé ? Ou un autre qui jure qu?il n?existe pas de pauvres en Algérie ? Des membres de l?Exécutif s?accordent, sans crainte d?être contredits, des bons points. S?ils rendent compte au chef de l?Etat de leurs activités de manière détaillée, ils ne le font pas au Parlement. C?est à peine qu?ils prennent le temps pour répondre à certaines furtives questions des députés. Les parlementaires, qui n?assument pas leur travail de contrôle sur les dépenses publiques, semblent s?y plaire. Ils sont, par conséquent, complices du gouvernement. L?échec, plus que la réussite, leur sera imputable. L?Exécutif ne dit pas comment seront utilisés les 56 milliards de réserves de change. Une manne qui ne va pas cesser d?augmenter puisque tous les indices prévoient la poursuite de la bonne conjoncture pétrolière en 2006. L?actuelle crise gazière en Europe risque d?ajouter un surplus. Car on l?oublie souvent, l?Algérie exporte beaucoup de gaz. Et quand on sait que la loi de finances pour l?exercice 2006 n?est pas bâtie sur le prix réel du baril de pétrole, il y a des espaces ouverts au doute. Le fonds de régulation de recettes, qui récolte l?argent supplémentaire des recettes pétrolières, n?est pas géré d?une manière claire. Le ministère des Finance n?a pas communiqué le montant de ce fonds à la fin décembre 2005. Ce n?est pas une omission. Tous les ministres des Finances qui se sont succédé depuis cinq ans ont montré une certaine irritation à l?évocation de ce fonds comme s?il s?agissait d?une chose privée. Cette situation n?est pas normale. Elle risque d?avoir des conséquences néfastes sur les réformes économiques à mener. Déjà, un pays qui ferme d?un seul coup trois banques privées renvoie une mauvaise image. Quant au reste...
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