Algérie

Doumaz pour se souvenir



El Marsem, le refuge » El Attlal : souvenirs de temps anciens, tristesse du temps présent mais? espoir quelque part de temps meilleurs à venir. C?est le Doumaz de cet automne pluvieux, orageux, mais saison des labours, de travail, de terre, retournée, percée. Réda Doumaz refuse la mise en terre du patrimoine, insiste ? avec l?apport des vers du grand précepteur du sultan Moulay Ismaïl (XVIIe siècle) du Maroc, le poète du malhoun Sidi Saïd El Mendassi (1583-1671). Ce poète choisi par Dahmane Benachour (cf Errabîe eqbel ou le printemps arrive), cheikha Tetma qui avait été forcée à l?exil au Maroc en 1914 et que chante, en cette période quelque peu triste, le Brel ( ?) algérien. El Aâkouba, Sakkia, deux autres chansons de l?album, font inévitablement référence au grand cheikh El Anka. Doumaz lui voue une admiration sans borne, jusqu?à intimer presque l?ordre à ses imitateurs de chercher d?autres voies que l?acte itératif aveugle. El Anka a chanté à une période où la misère, le mal-vivre, la conjoncture socioprofessionnelle générale n?étaient guère enviables. Mais il sut entretenir l?espoir et tout le monde trouvait refuge dans ces paroles rugueuses, prononcées et chantées comme seul le Ph?nix savait le faire. El Aâkouba, la perte de temps évoquée sur un ton de regret, l?esprit ailleurs et demande de pardon au Créateur : « Ah ! si la destinée s?arrangeait? » « La terre est devenue stérile : est-ce que les jours vont s?améliorer ? », chante Doumaz dans Moudda chaâl ya del marsem ? 10 minutes de pur bonheur ? dont le contenu évoque le déchirement de l?exil et que Doumaz inscrit sans ambages dans la pure tradition littéraire arabe. Optimiste, Doumaz l?est avec Essakia de cheikh Sidi Kaddour El Allami qui nous imprègne de la certitude qu?après la nuit, l?aurore? pointe toujours à l?horizon. Classement calculé ou fruit du hasard, au déchirement de la deuxième chanson succède la joie des retrouvailles avec Bachet el khoudet (4e et 5e chansons) et, enfin, Essakia. Un total de treize morceaux que dédie « l?écorché », comme il se définit lui-même à tous ceux qui ont le chaâbi dans les tripes. Album poétique, il saura accompagner les longues soirées de la grande famille des admirateurs de celui qui a toujours déclaré que « le chaâbi dans toutes ses formes est d?abord un texte, une poésie ». « Le chanteur a entrepris ce qu?il juge indispensable à la sauvegarde de notre patrimoine ancestral », écrit Kamel Bouchama, ancien ministre et ambassadeur à propos de l?album dans la pochette accompagnant le CD. Doumaz est connu pour sa curiosité et son désir d?inscrire le chaâbi dans son époque en le réformant de l?intérieur ; il introduit de nouveaux sons, de nouveaux instruments, mais où le verbe occupe une grande place. Voix chaude, rauque, mûre, avisée, venant des tripes, le mâle s?y retrouve, mais le romantisme présent enchante la femme et tous les amoureux.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)