Algérie

Douloureuse nostalgie



Douloureuse nostalgie
On y distingue clairement la Place des martyrs avec les pergolas, Maqâm Echahid à peine sorti de terre ou encore les chevaux blancs qui ornent le bassin du jardin situé face au bastion 23 et l'institut de musique à l'entrée de Bab El-Oued. Seule, avec ses enfants ou amis, ses photos en noir et blanc abîmées ont toutes été prises par un photographe ambulant dont elle n'a pas oublié les traits. La bandoulière autour du cou, l'homme était toujours là arpentant les jardins, les placettes, les monuments historiques pour prendre des photos instantanées des clients. Pour certains, prendre des photos hors du studio était un hobby, pour d'autres un gagne-pain. Pas besoin de le héler. Il arborait toujours un sourire et venait spontanément proposer son service. L'amabilité avec laquelle il s'adresse aux familles et aux personnes est telle que le plus récalcitrant cède devant son objectif. Toujours à l'affût de nouveaux clients, il savait susciter l'envie d'immortaliser un instant, un regard. Bien sapé et coiffé, la barbe rasée de près, il n'hésitait pas à donner des conseils pour obtenir les meilleurs plans et un bon cadrage. On se quittait toujours avec un petit mot, une promesse de se revoir. Jusqu'aux années 80 début des années 90, ils étaient encore nombreux à vivre de ce métier. Ils ont déserté depuis les lieux où on les croisait. Leurs silhouettes familières dans le décor urbain ont disparu. Les photos prises sont parfaites. Au fil du temps, elles constituent une fierté devant les amis. Plus tard, elle deviennent des souvenirs du bon vieux temps. Comme la machine à écrire et tant d'autres objets que l'on doit ranger au musée, l'appareil photo instantané ou encore l'appareil photo fonctionnant avec la pellicule ont cessé d'être d'usage quotidien. Ils ont connu leur période de gloire avant que ne survienne la décadence. Autres temps, autres m'urs, le téléphone portable, il n'y a pas longtemps et actuellement la tablette ont pris le relais. Non seulement la photo est prise en un click mais elle est envoyée, dans la minute qui suit, à la famille résidente à l'étranger ou à des amis. Même de petites vidéos sont filmées sur place et postées. Tout le monde s'improvise photographe et se prendre en photo est devenu un jeu d'enfant. Des séquences de fête sont visionnées sur le portable ou la tablette et permettent de vivre et revivre les instants heureux. Pour cela, pas besoin de formation ou de stage dans une école spécialisée tellement « ces joujoux » sont simples d'utilisation, à la portée de tout le monde. Le métier de photographe ambulant est mort et enterré. Mais combien d'autres métiers sont morts pour laisser la place à d'autres plus performants et exécutés avec une facilité déconcertante '




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