DOUERA, capitale du Sahel Algérois, est l'un des premiers villages érigés en communes par la France en Algérie (août 1834).
C'était la ville type de la présence française dans ce pays. De 1834 à 1902, Douéra était connue par son bivouac (stade de sports par la suite), première étape pour l'armée lors de ses déplacements vers la Mitidja ou l'Atlas, en venant d' Alger ou de Sidi-Ferruch - le bar MICHAUD-RATEL (bar de l'époque) a vu passer combien de poilus! - L'année 1902 vit la construction des casernes Damrémont et Bugeaud. Celles-ci furent occupées d'abord par les " Tringlots ", puis par les " Joyeux "(troupes disciplinaires), par les détenus, puis par les tirailleurs algériens. Elles furent transformées en 1923 en un centre de transmissions très important, unique en Afrique du Nord; il fonctionna d'ailleurs jusqu'au moment de l'Indépendance. De nombreux gradés-éducateurs ou même des transmetteurs s'intégrèrent à la vie de la ville et dans les sociétés locales; pour exemple les BRACHETTI, MASSINI, MARTZLOFF, BAZZIA, HESTROFFER, RICARD, etc... Et évidemment beaucoup de mariages avec les Douériennes...
DOUERA jouissait d'un climat très tempéré; les vents allant de la mer vers la montagne ou vice-versa. C'est ce qui a incité les premières familles arrivant de France à s'installer dans cette ville. Le faubourg Saint-Antoine a connu d'abord des familles de militaires, puis d'exilés politiques et des familles expatriées venant d'Alsace - Lorraine (familles BLONDEL, BERGER, FONTZINE, SCHULTZ, STRUBARTH, AMILHAC, LIEBRICH, LEQUIN, LICHTLE, etc...). Ces familles reçurent les premières concessions, ainsi que d'autres familles venant d'Espagne, d'Italie des Iles Baléares. Toutes connurent les ennuis des premiers pionniers (maladies épidémiques, sécheresse, travaux de défrichements, vols, assassinats, pillages, manque d'eau potable, etc.). Il fallait aller en procession à la corvée d'eau à la "Pompe du Ravin " et cela à certaines heures de la journée, sous la garde de militaires. Par la suite, le bivouac et le poste militaire de Sainte-Amélie amenèrent d'autres familles à Douéra.
Située au centre du Sahel algérois, elle était la capitale de cette riche région. Terres très fertiles où émergeaient de très belles vignes et de nombreux vergers. De 1834 à 1912 de nombreuses communes ont vu le jour autour de cette ville: MAHELMA, CRESCIA, BABA-HASSEN, SAINT FERDINAND, OULED - FAYET, DRARIA, etc...). Ces villages participaient à la vie économique de Douéra. On venait traiter les affaires dans cette ville; on s'y arrêtait en revenant des marchés de BOUFARIK ou de MAISONCARREE; on venait le samedi au Crédit Agricole, à la perception ou tout simplement se faire coiffer chez Marcel " ou chez " Mathieu ".
La vie à Douéra était sans histoire. Agricole avant tout, elle a été le plus souvent administrée par un Maire agriculteur. Le dernier, M. LIEBRICH, dynamique et très populaire, a été le digne successeur de MM. GONTARD, TREUIL, FERAUT, etc. De nombreux commerces ou organismes divers dépendaient de l'agriculture, mais c'est cependant l'hôpital-hospice qui était l'élément essentiel de la vie de la ville. En 1962 l'hospice comptait à lui seul 2.000 lits; plus de 400 employés et cadres travaillaient dans cet établissement.
Les sociétés locales étaient fort connues. La plus ancienne, la Philharmonique s' était couverte de lauriers aux concours et galas de Paris, Nice, Vichy, Alger, Cran, etc... Son dernier président, le regretté Louis BERNAULT, chef de famille de cinq musiciens était le type même du Douérien, dynamique, dévoué, et bon vivant. MM. BOSC, MONNIER, VERON, MOLINES, GERVAIS avaient les mêmes qualités au sein de l'A.S.D. Cette société était l'une des plus anciennes sociétés sportives de l'Algérois; ses diverses sections faisaient sa renommée. Le football particulièrement était connu et redouté, les rencontres avec le R.C. KOLEA, l'Etoile Sportive de ZERALDA, l'Q.M. RUISSEAU d'ALGER, l'U. S.M.B. de BLIDA, faisaient sensation. Cette section a d'ailleurs fourni à divers autres clubs, même professionnels, de très bons joueurs, tels VERNIER, VIVES, DUVAL, HESTROFFER, COSTA, OLTRA. Les sociétés de boules avec les regrettés présidents LEHMANN et DOUILLON ont connu des vedettes: RIPOLL père et frères, ROUSSEL, MAS, SINTES, etc...
En 1942, Douéra a vu les premiers éléments des troupes de la Libération et cela dès le ire Novembre. Le Maréchal DE LATTRE DE TASSIGNY et son état-major ont séjourné au château HOLDEN. Ce même château a abrité les éléments du bataillon de Joinville et de 1959 à 1962 de nombreux défenseurs de l'Algérie française.
Oui, on aimait vivre ou tout simplement venir à Douéra. Tout y était beau et accueillant; ses jardins, ses places et parcs fleuris, son jet d'eau, le square Carnot, ses écoles modernes, ses quartiers périphériques très pittoresques, tels Ben Chabane, Saint-Jules, la Briquetterie, le Marabout d'Aumale, le Moulin de Crescia, le Mirador, etc...
On travaillait beaucoup à Douéra, mais on n'oubliait pas les amusements. Les bals des Transmissions, du Tennis, du Foot, des Boules attiraient une foule d'amateurs.
L'entente entre l'élément européen et l'élément arabe était parfaite tant à l'école, qu'aux jeux, aux sports ou dans la vie professionnelle. On ne faisait aucune distinction entre ATMANE, ALI, LOUNES, " YEUX BLEUS " ou " FOUDAIEL " qu'avec ROGER, ANDRE, EDOUARD, TITI et ZIZI.
Si mon arrière gand-père est né à Alger en 1832, mon grand-père et mon père sont nés à DOUERA, je suis né dans cette ville et mon plus grand bonheur a été d'y voir naître mon fils avant l'Indépendance de l'Algérie.
DOUERA, " berceau de notre enfance, de nos parents, de nos amis " (chanson composée par MM. BAGOU et THIRIET) était la ville idéale où chacun avait sa place; vraiment il faisait bon y vivre.
Auguste BALLESTER.
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Posté Le : 17/05/2008
Posté par : y-boudghene
Ecrit par : Auguste BALLESTER.
Source : http://www.alger-roi.net/sommaire/sommaire.htm