Algérie

Doucen, la Mitidja du sud



Située à 80 km à l’ouest du chef-lieu de wilaya, la commune de Doucen tire son nom du berbère qui veut dire le bas-côté, d’où, en effet, la position légèrement inclinée de son relief, faisant d’elle une cuvette riche en vergers et produits maraîchers. Elle a le statut de commune depuis l’époque coloniale (1958). Avec ses 629,4 km2, Doucen possède plus de 70% de terres fertiles, ce qui lui confère la réputation d’être la Mitidja du Sud. Les fruits et légumes bio jouissent d’un label qui a dépassé les frontières de la wilaya, en atteste la noria des camions venant des régions du nord du pays, même si ces dernières années sont marquées par une légère régression de la production agricole. Il faut dire qu’en 2004, la commune de Doucen, à l’instar des communes voisines, a connu deux grandes catastrophes marquées par des intempéries avec des vents violents, atteignant des pics de 160 km/h et une invasion de criquets ravageurs. Petit à petit, une organisation semble reprendre les choses en main, afin de remettre sur pied une région à vocation essentiellement agricole, ayant ravi le titre de grenier du sud-est du pays. Les fellahs racontent qu’il y a quelques années, la commune avait un excédent en pastèques et melons couvrant les besoins de plusieurs wilayas.

Ces fruits pouvaient atteindre souvent un poids horsnormes dit-on. Depuis 1985, l’expérience des serres semble donner de très bons résultats. L’opération généralisée a permis d’atteindre 9 000 serres au niveau de la commune, considérée pilote dans le domaine, même si sa voisine de l’est, El-Gherous, en possède plus de 30 000, un chiffre record. Les fellahs de Doucen ont toutefois tous bénéficié du Fnda, dont l’aide a permis de doter les bénéficiaires de 130 000 plants, 18 000 arbres fruitiers (pommes El-Hana, poires Santa Maria, pistachiers, amandiers et noyers). 150 bassins d’irrigation ont été créés, en plus du système goutte-à-goutte qui existe dans toutes les serres. Doucen rivalise, selon son maire, avec Tolga en matière de qualité de la datte. On prétend que la variété de Doucen est nettement meilleure. La commune avait, avant la catastrophe, 49 000 palmiers dattiers et près de 80 000 petits palmiers. Le chef de l’exécutif communal déplore que la visite, effectuée sur les lieux de la catastrophe de 2004 par les instances, n’ait pas connu de suite. Aucune indemnisation n’est venue compenser les dégâts et les fellahs attendent toujours la promesse. Toutefois, en dépit de ces aléas, la commune ne baisse pas les bras.

Aujourd’hui, la vision des autorités locales porte sur le souhait de voir cette commune dotée d’unités de transformation et de conservation agroalimentaires, pour la prise en charge de la surproduction des produits agricoles, à l’exemple de l’olivier dont la récolte est très mal exploitée. Cependant, cette volonté ne suffit pas. La commune, comme le souligne le P/APC Abderrahmane Bacha, est confrontée au problème d’eau potable et d’irrigation, bien qu’en réalité le besoin en quantité existe. La ville est alimentée à partir des forages albiens (2 400 m de profondeur avec un débit de 120l/s). C’est une eau chaude, légèrement soufrée, stockée dans des bassins en semi-traitement. Après un petit recyclage, elle est utilisée dans l’irrigation. Mais, la majorité de la population achète l’eau potable. Par ailleurs, le faible budget de l’APC (2,6 milliards de centimes) ne peut assurer de faire mieux. D’ailleurs, l’entretien de la vanne du forage albien, dont le coût est très élevé, n’est plus dans les cordes de la municipalité. Pour le moment, 3 forages exploités sur 5 à Bir Naâm alimentent la population locale, avec une capacité de 500 m3/j, une quantité qui reste en deçà des besoins réels.

Le réseau AEP, très vétuste, pose un grand problème d’entretien. Le même problème est vécu par la population en ce qui concerne l’assainissement. Le réseau, long de 54 km et datant de 1984, déverse à proximité de la ville, d’où un risque imminent de maladies à transmission hydrique, malgré l’extension de l’égout principal sur 3 km et l’opération de lagunage qu’on lui a fait subir, suite à la dernière visite du wali. La priorité de l’APC est actuellement le raccordement de la localité de Tafechna (4 000 habitants) au réseau. La même opération concernera, selon le maire, 4 agglomérations. Le secteur de l’éducation n’est pas à plaindre, à Doucen, avec 16 écoles primaires, 3 CEM et un lycée. La commune se targue même d’être en quatrième position à l’échelle nationale dans les résultats du bac, avec un taux de plus de 52% de réussite. Mais, ces résultats risquent de connaître une diminution si le transport scolaire ne sera pas pris en charge convenablement. L’éloignement des douars, mechtas et agglomérations des établissements scolaires influe négativement sur la scolarité des enfants, notamment les filles, contraintes à quitter les bancs de l’école précocement.

Cependant, l’ingéniosité semble conjuguer avec la débrouillardise. Comme on dit, la difficulté engendre l’ingéniosité. La vocation agricole de cette commune encourage les petits génies à se lancer dans la fabrication des sondes, d’une manière artisanale, certes, mais très efficace. Les microentreprises pullulent dans la région, qui assure la couverture de 80% des besoins du pays dans ce domaine.





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