Algérie

Douar Haï El Wiam à Misserghine



Une population noyée dans l’isolement et l’anonymat S’il y a un quartier qui incarne l’exclusion, c’est bien celui de Saint Pierre, pas celui du centre-ville d’Oran, mais celui de la localité de Misserghine. En fait, ce sont ses habitants qui l’ont baptisé ainsi car les autorités locales n’ont même pas daigné lui donner un nom. Cela a fini par se faire et «Saint Pierre» fut remplacé par «Haï El Wiam». Si vous voulez vous y rendre, il vous faudra attendre de longues heures avant de voir venir le bus qui vous y emmènera, autrement vous n’aurez d’autres choix que de recourir au transport clandestin, qui, souvent, utilise des véhicules inéligibles à la circulation dans les agglomérations urbaines. Au moment où toutes les conceptions modernes sur les économies émergentes s’accordent à soutenir que les réseaux routiers constituent la première plate-forme pour la relance économique, le rapprochement et l’intégration des peuples, nous constatons que ce Haï, ou plutôt douar, illustre parfaitement l’antithèse de cette conception. En effet, la voie ferroviaire reliant la commune d’Es Sénia à Misserghine, a presque isolé près de deux mille personnes qui sont aussi privées des conditions minimales d’une vie décente. Selon les témoignages des habitants de ce Douar qui relève de la compétence administrative de la commune de Misserghine, la seule voie qui mène à leurs demeures est totalement délabrée voire même impraticable. La population s’est vue incapable de financer le revêtement de cet unique accès, conséquences à ce jour, les transporteurs refusent catégoriquement de pénétrer jusqu’à l’intérieur du village à cause de l’état de cette pseudo route. Malheureusement, les préoccupations des habitants de ce douar ne se limitent pas au casse-tête posé par le transport, mais touchent également à la cherté de la vie. Les prix pratiqués dans cette localité représentent le triple de ceux en vigueur dans la ville. Les commerçants qui y exercent, expliquent que la cherté de la vie est due à l’éloignement et l’isolement de ce lieu. Ils affirment qu’ils sont contraints de louer des camions à des prix vertigineux afin de s’approvisionner en marchandises destinées à la consommation de ladite population. Par ailleurs et pour ce qui est de la situation des jeunes de ce village, un seul mot d’ordre revient dans la bouche de tous ceux qu’on a approchés «Le chômage» et ce qui empoisonne davantage leur quotidien, c’est bel et bien l’oisiveté. Ce sont deux facteurs qui ont largement suffit à faire disparaître le sourire et les expressions joviales du visage de ces jeunes. Pour prendre un café dans un lieu public, certains d’entre eux doivent traverser jusqu’à 03 kilomètres. Ni centre culturel, ni lieux de distraction, ni aires de jeux, encore moins un stade de proximité, ne sont disponibles dans ce douar pour faire oublier à ces jeunes un tant soit peu l’amertume de la vie. Seul un établissement multiservices «Taxiphone» et appartenant à un particulier constitue actuellement la seule passerelle de liaison entre la population de ce douar et leurs proches vivant loin d’eux.   Les filles de ce douar ne dépassent guère la 6ème année primaire faute de CEM dans ce douar. Pour ce qui est de la scolarité, il y a lieu de constater que depuis quelques années, son état avance à reculons. Grand nombre de ménages ont privé leurs filles de poursuivre leur scolarité et la plupart d’entre elles s’arrêtent à la sixième année primaire. Et pour cause, l’inexistence d’un établissement moyen ou secondaire à Haï El Wiam, et les familles refusant catégoriquement d’envoyer leurs filles étudier à Misserghine ou à Es Sénia. Sur un autre registre et si vous vous voulez acquérir une parcelle de terrain à construire, il vous faudra payer la somme de 02 millions de centimes et plus, aux propriétaires des habitations précaires ou bien alors aux habitants originaux de ce village. Ces derniers, nous dit-on, se sont accaparé presque tout le patrimoine foncier du Douar. Un autre fait dominant dans cette localité, c’est l’esprit tribal qui constitue une sorte de tradition ancestrale chez cette population. Concernant les conditions d’hygiène, il y a lieu de noter que certaines familles font dans l’élevage de bétail et de volaille, ce qui nuit fortement à leur environnement. Une autre problématique non moins épineuse lèse davantage la population de ce douar. Il s’agit du retrait des documents de l’état civil, et plus précisément, le certificat de résidence. En fait, pour délivrer ce document, les services de l’administration exigent aux habitants de Haï El Wiam de présenter une quittance d’électricité, ou de téléphone, chose qui leur est impossible, étant donné que l’ensemble des habitations de ce douar ne disposent pas d’actes de propriété et ce en dépit, des directives ministérielles décrétées en fin 2005 à cet effet, portant régularisation de l’ensemble des biens immobiliers construits avant 1980. Pour le cas de Haï El Wiam, certains dossiers sont toujours en instance au niveau de la daïra de Boutlélis. A en croire ces habitants, ils sont prêts à payer les charges d’acquisition des terrains sur lesquels ils ont construit leurs habitations, l’essentiel pour eux est de pouvoir bénéficier des mêmes droits et devoirs que le reste des citoyens. Les habitants du douar Saint Pierre ou Hai EL Wiam espèrent tout simplement devenir des citoyens algériens à part entière. Benmeriem /S.A.


ELEVAGE DES LAPAINS
khiter mustapha - cadre superieur - oran, Algérie

19/12/2013 - 159090

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