Algérie

Douar El Hachem au cœur de novembre 1954 ....par .BENYAHIA AEK



Douar El Hachem au cœur de novembre 1954 ....par .BENYAHIA AEK
Douar El Hachem au cœur de novembre 1954

LE MOUDJAHED DJELLOUL HADJ TAYEB A REFLEXION

Le Douar d’EL Hachem est un haut lieu de mémoire et de recueillement, pour avoir été au centre de la nébuleuse historique du Dahra, il incarne une page d’histoire des plus riches de par le rôle majeur qu’il aura joué durant la révolution, devenant le plus important centre de coordination et de transit de la région et ce dès le déclenchement du 1er novembre 1954. Quand on parle de Hachem, c’est tout un historique, qui se met en place de par la mémoire de ce lieu et des hommes qui ont été les artisans d’un pan de l’histoire de la région de Mostaganem, mais malheureusement qui a tendance à s’estamper, voire jeter aux oubliettes.

Pas si loin du chef lieu de la wilaya de Mostaganem la localité d’El Hachem, est située sur les hauteurs de la commune de Sayada « ex Pélissier » cette appellation vient de loin et remonte aux premiers habitants bien avant les Medjahers, peuplant ainsi la région de Mostaganem. La rencontre avec Hadj Djelloul Tayeb ancien moudjahed et frère du Défunt Si Nacer, à l’occasion du 57ème anniversaire de novembre 1954 a bien voulu se confier à Réflexion, malgré son âge et c’est avec émotion qu’Il nous dira « Je n’ais pas oublier tous ces visages, qui sont depuis en mouvement constant, et qui célèbrent la vie et la complexité de la condition humaine, dans cette mer de souvenirs, où l’on est qu’une personne totalement inconnue, parce que l’on se reconnaît en elle, et nous rappelle un proche qui montre que finalement il y a peu de différences entre nous ». et d’ajouter : « que l’on soit d’ici ou d’ailleurs, nos sentiments essentiels sont les mêmes, ils sont aussi un miroir de nous, pour se reconnaître dans tant de témoignages et dans tout ce que les expériences des hommes et des femmes nous ont appris et qui se sont sacrifiés, aussi avons-nous tant de choses à apprendre d’eux ». Parlant de la contrée des Hachems il nous fera savoir que : « Pour la population de cette région oubliée, quoi qu’elle ait vue défilé des sommités et les plus grands chefs historiques de la révolution, tel que Rabah BItat qui a tenu une réunion à Sdi Belmehel, ou le passage de Larbi Ben M’hidi, Mohamed Boudiaf ou encore Khider, croit dur comme fer que l’histoire s’écrira en dépit de tout. Après plus de 48 années passées depuis l’indépendance du pays, les gens se souviennent et n’ont pas oublié, ces années de braises. C’étaient des moments douloureux poursuivit-il. Une remarque qui n’avait rien d’innocent, mais lourde de sous entendus « C’est la terre de nos ancêtres et des chouhada aussi nous n’avons pas d’autres attaches qu’elle malgré que personne ne s’intéresse à nous ou à notre région, mais ça ne fait rien, ajouta-t-il, du moment que nous avons recouvert notre souveraineté et que dieu pardonne, ceux qui ont décidé d’exclure cette région de l’histoire. Et de poursuivre : Cette contrée à une certaine époque, bien avant le déclenchement de la révolution, constitua un axe de communication essentiel dans la résistance anti- coloniale menée par l’Emir Abdelkader ». « Vous savez nous dit-il, Quant on veut parler de la révolution, il faut remonter à loin, parce que son déclenchement ne s’est pas fait tout seul, il y a eu préparation et je peux vous dire que cela n’a pas été facile, tout d’abord nous avions rejoint le mouvement national très tôt puis les rangs du PPA dès 1943, à cette époque j’ai connu de nombreux militants sincères, dont la majorité n’est plus de ce monde à part je dirais 3 ou 4 qui sont vivants, Dont Slimane Berber, Belkacem Benzaza et peut être d’autres dans les environs. » « Quant on évoque El Hachem c’est à Cheikh Nacer, que l’on pense, ce n’est pas parce que c’est mon frère mais c’est un militant de la première heure dès l’apparition du mouvement national, il fera d’ailleurs de la prison en 1947, avec d’autres compagnons tel que Hadj Mohamed Benzahaf, dont personne n’en parle alors qu’il est l’un des piliers de novembre à Mostaganem. Je me souviens de l’époque où nous nous réunissions dans le magasin de coiffure de Benyahia Belkacem qui était notre responsable et ce, tous les mois, par groupe de 11, de 9 et de 8 et l’on cotisait avec une pièce 100 francs chaque mois et qui est l’équivalent de 1 dinar d’aujourd’hui».Pour ce qui est de Hadj Nacer mon frère, a passé la majorité de ces années de braise dans les prisons et ce dès la nuit du dimanche 31 octobre au lundi 1er novembre 1954, le sous préfet à l’époque l’avait accusé d’être l’instigateur des troubles en la présence de Hadj Maamar Benbernou qui lui a répondu en disant, mettez nous en prison et vous verrez la réaction des citoyens. Après quelques jours il sera libéré, arrêté encore une fois pour être interné dans le camp de concentration de St Leu « Bethioua », où se trouvait déjà le Chahid Ould Aissa Belkacem qui est mort dans ce camp. Il y avait le Chahid Merzoug Salah, qui avait été arrêté en même temps que lui il aura aussi pour compagnons, Djelloul Benderdouche, Benguettat Mohamed, Hassane El Hassani, Klouche de Chlef un ancien coureur et d’autres. Après plus de deux ans de détention, il sera transféré au camp de concentration de Bossuet « Daia » à Sidi Bel Abbes. Cheikh Nacer sera relâché en 1959, mais sera encore arrêté en 1960 et emprisonné pendant plus de 3 mois à Ain Tédelès puis arrêté en 1961 et durant toutes ces années il sera harcelé, lors de sa dernière arrestation, l’administration coloniale a envahi la maison et mis tout, sens dessus dessous et à cette époque le chahid El Habib son fils avaient des documents sur lui et de peur qu’on les retrouve, il a du les avaler, et c’est pendant son séjour en prison qu’il apprendra la nouvelle de la mort de son fils El Habib, il fera preuve d’une grande maitrise pour ne pas pleurer devant ses tortionnaires, il sera par la suite interné dans le Camp d’Arcole « Bir El Djir » jusqu’après le cessez le feu ». Pour revenir à La nuit du 1er novembre il falait se préparer à toute éventualité, du fait que nous avions pour mission de couper les lignes téléphoniques entre Mostaganem, Oran, Sidi Ali, on nous avait donné aussi des gélules de cyanure, pour les avaler dans le cas où nous serions pris, par les autorités coloniales, afin de ne pas parler et nous avions pour consigne de ne pas nous éloigner à plus de 10 km de nos localités. Cheikh Nacer nous avait dit à l’époque, pour devenir indépendant nous devons nous attendre à de lourds sacrifices et à des pertes humaines, car cette lutte de libération de l’Algérie coûtera au peuple plus de 4 millions de vies si nous voulons recouvrir notre liberté. Pour préparer l’insurrection nous devions apprendre le maniement des armes, et c’est le Chahid Meskine Fellouh qui nous apprenait à tirer avec un pistolet au niveau de Chara à Tijditt. La préparation du 1er novembre, a été longue et il a fallu tenir plusieurs réunions avec le groupe du Dahra, pour coordonner les actions. La réunion avec Bordji Amar, Belhamiti Bendehiba, Aek Sahraoui, Tayeb Boukniène, hamou Haroum, Douar Miloud, Abdelmalek Ramdane et Si Affif du Dahra s’est passée dans la maison de Kadi Bencheikh et le groupe d’el Hachem était composé de : Tahra Hadj, Belbachir Aek, Lahouel Lahcène, Lahouel Abdallah, Benfoussi Aek, Tahra Nacer, Azza Aek, Amar Mohamed, et Djelloul Tayeb votre interlocuteur, quant à Bensabeur Affif, Othmane Senouci, Othmane Menouer, Bessayeh Senouci ils étaient tous de Sidi Fellag. Ces gens que je viens de nommer sont tous des novembristes ». Cette région a souffert des incursions militaires, de par son importance et du fait qu’elle était le centre névralgique de toute la région du Dahra, à savoir le refuge pour ceux qui étaient découverts et recherchés par l’administration coloniale en attendant leur ordre d’affectation pour le maquis, elle était aussi un centre de transit, pour tous les combattants de la région. Juste pour rappel, le Douar hachem a été bombardé par avion à maintes reprises, dont la maison de Cheikh Nacer le 22 décembre 1960 et vous pouvez constatez les quelques ruines qui restent et qui témoignent de la barbarie de la France, le lendemain toute la région a été bouclée par l’armée d’occupation, pour déloger les maquisards mais ces derniers n’étaient plus dans le Douar, qui était truffé de galeries souterraines et dont l’une d’elle existe toujours prés des ruines et de la stèle qui est érigée en mémoire des martyrs. L’armée coloniale procèdera à de nombreuses arrestations, saccagera les maigres récoltes, d’où le bombardement à outrance du Douar qui deviendra un amas de ruines, les habitants payeront lourdement le tribut de leur collaboration avec l’ALN.

Benyahia Aek
Vendredi 28 Octobre 2011


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