Algérie

Douar Aït Amar Ouali (Béjaïa) : Tazeboudjt ou les terres de la discorde Bejaia : les autres articles



Douar Aït Amar Ouali (Béjaïa) : Tazeboudjt ou les terres de la discorde                                    Bejaia : les autres articles
En 2004, le mis en cause, éleveur de bovin et de chevaux, a entamé des démarches pour l'établissement d'un certificat de possession auprès des services de l'APC de Béjaïa mais quelques citoyens s'y sont opposés.
Des squats, des poursuites judiciaires, des écrits à faire déborder les tiroirs des administrations, des protestations de rues, des affrontements' C'est tout l'arch de Mezzaïa, à l'ouest de la commune de Béjaïa, qui devient une poudrière guettant la moindre mèche pour s'imploser.A l'origine du conflit, les terres sises au lieudit Tazeboudjt, connu aussi sous l'ancien nom d'Iqebiyen, appartenant, selon les témoignages de personnes âgées, aux huit villages parmi les vingt-neuf qui forment le douar d'Aït Amar Ouali à savoir Tighediwine, Izeghrane, Laânqiya, Issoumer, Belaïch, Taguemount, Adrar N Dehliz et Iguer Ouassif.
Les villageois, dont les agglomérations rurales entourent lesdites terres, exploitaient collectivement, et ce de père en fils, ces terres agricoles, autrefois fréquentées particulièrement par des bergers de toutes sortes de troupeaux. Seulement, une fois que l'immobilier a connu une flambée des prix dans la wilaya et notamment dans les régions littorales, ces terres, d'une superficie de 1 773 hectares, attirent les squatteurs et attisent la convoitise des habitants des autres douars de la localité.
Les représentants de la population d'Aït Amar Ouali, à travers des associations et les comités des huit villages, ne cessent de dénoncer, entre autres, l'installation illicite d'un exploitant agricole originaire de Timsit, un des douars de l'arch Mezzaïa. Arrivé au début des années 2000, «cet individu n'arrête pas d'élargir sa ferme qui couvrait jadis 20 hectares et qui dépasse aujourd'hui les 50 ha»
observe un riverain d'un certain âge, rencontré à Tazeboudjt.
En 2004, le mis en cause, éleveur de bovin et de chevaux, a entamé des démarches pour l'établissement d'un certificat de possession auprès des services de l'APC de Béjaïa mais quelques citoyens s'y sont opposés. L'affaire a été portée devant le tribunal qui trancha en faveur des riverains. Ceci n'empêchera pas l'éleveur de diversifier ses activités et d'y construire une luxueuse villa en plus d'écuries, d'une étable et de logis pour les employés de la ferme. De leur côté, les habitants d'Aït Amar Ouali s'organisent pour que celui qu'ils considèrent comme un squatteur quitte les lieux. «Nous avons toujours favorisé les voies administratives et juridiques dans nos démarches» fait remarquer Lyes Aït Mokhtar, président du comité Aït Amar Ouali. Et d'ajouter : «Afrite (le nom du mis en cause, ndlr) défie toutes les lois en vigueur.» Plusieurs arrêtés de démolitions et mises en demeure l'incitant à évacuer les lieux, signale notre interlocuteur avec des documents à l'appui, émanant de l'APC et de la wilaya, lui sont adressés. En vain.
Impatience
Les membres de l'association Aït Amar Ouali accusent l'un des fils de l'éleveur «de recourir à ses relations personnelles qui l'aident à tromper l'opinion publique dans l'unique but de se maintenir à Tazeboudjt.» On l'accuse aussi «de contourner les lois en utilisant des autorisations, octroyées puis annulées par la direction du parc national de Gouraya (PNG) et l'APC pour le défrichement et l'exploitation agricole, afin de justifier la présence de sa famille sur les lieux du litige.» Des agissements qui ont conduit la situation à l'enlisement et à la violence. «Aujourd'hui, les jeunes du douar se mutinent et n'écoutent plus les associations et les sages des villages.» précise notre interlocuteur. Ces derniers, impatients, jugent les méthodes de leurs représentants trop longues. Ils ont décidé alors de passer à l'action en saccageant et en mettant le feu plus d'une fois à l'exploitation, durant le mois de mai écoulé.
Cependant, d'aucuns considèrent que ces pratiques ne peuvent être une solution, soulignant, au passage, que derrière l'éleveur en question se cachent plus d'une vingtaine d'autres squatteurs qui construisent sur des parcelles de terrain qu'ils n'ont jamais possédées. Tous font l'objet de décisions de démolition.Cette situation s'érige comme un obstacle face aux plans ambitieux que le «conseil des sages», qui gère les terres d'Aït Amar Ouali, dit envisager pour cette propriété collective. Il s'agit de projets nécessitant sûrement l'aide des autorités, surtout pour la viabilisation des lieux.
Et ledit conseil ne voit pas d'inconvénient à ce que l'Etat se manifeste pour d'éventuelles réalisations d'utilité publique.
Ce n'est néanmoins pas tout le monde qui l'entend de cette oreille. Quelques habitants des autres villages estiment que le comité d'Aït Amar Ouali veut tout simplement s'accaparer de ces terres. C'est le cas de l'association d'«Unification du douar Aït Amar Ouali» qui réclame des autorités le gel de tous les certificats de possession et refuse l'opération de cadastre de la région tel que souhaité par l'autre partie. L'association insiste également, dans un communiqué rendu publique après une démonstration de force, que «les terres de Tazeboudjt sont à tous les habitants du douar sans en exclure aucun.»
Pour un représentant de la population des huit villages le cadastre permettra de clarifier l'état des lieux. «Les autres villages (21 restants du douar) n'ont pas le recensement de 1972 des terres Tazeboudjt» explique-t-il. De plus, «les noms inscrits sur les plaques épitaphes de l'ancien cimetière d'Iqbiyen et les propriétaires des vieilles maisonnettes sont tous des huit villages. Les autres ont leur Charâa (droit d'exploitation) ailleurs tel qu'à Saket et Lâach Lvaz.»
Entre les arguments des uns et des autres, la situation de blocage perdure et ce conflit attend que les autorités contribuent à son dénouement.


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