Algérie

Douanes, les autres oubliés



Il n'y a pas que les droits et taxes à percevoir, il y a aussi un devoir d'apercevoir ailleurs. Lancer un jet de lumière sur ceux qui sont passés par là. Ces fonctionnaires qui ne fonctionnent plus, qui ne sont plus dans les feuilles d'émargement, mais dans celles de la sécurité sociale, des caisses de mauvaise retraite, des dispensaires et des lits de mort. Les douanes semblent être en fête, ce 26 janvier. Une Journée internationale. Au national, rien ne brille aux guirlandes joyeuses d'une corporation qui traîne l'oubli et cultive l'amnésie. Une administration ne vaut que ce que valent ses représentants. Elle est le reflet institutionnel d'une action commise par un individu de par une fonction. Par un élan soucieux de vouloir organiser les échanges internationaux et à l'instar d'autres préoccupations organiques, les nations les plus intéressées procédèrent à imaginer un cadre de concertation en matière notamment de douanes et d'uniformisation des procédures rattachées à l'acte commercial universel. Des pays européens au nombre de (17) se sont regroupés en Belgique pour se voir annoncer la mise en vigueur de la convention portant la création du CCD (Conseil de la coopération douanière). Ce fut à Bruxelles le 26 janvier 1953. Depuis, le monde, suite à des fractures multiples, a connu une multitude de bouleversements tant dans le besoin d'une réadaptation géostratégique que dans la nécessité d'une nouvelle architecture de protection des privilèges et d'avantages que pourrait offrir pour les uns cette opportunité de renouvellement des instances internationales. Ce qui amenait ce CCD à se moudre dans le statut juridique d'une organisation mondiale. L'OMD est ainsi née le 15 avril 1994 à Marrakech (Maroc). La célébration de cette journée (26 janvier) est devenue une halte pour toutes les administrations. C'est aussi un regard perspicace et transcendant sur l'évolution des contraintes liées au trafic international. D'innombrables efforts tendant à l'amélioration et aux facilitations de l'intelligibilité «mouvementale» des marchandises furent entrepris sous la direction managériale de l'Organisation douanière. La dynamique avec laquelle plusieurs initiatives en une diversité technique et tarifaire furent parachevées en vue de soustraire toute impureté de la «chaîne logistique internationale » fit de l'organisation un pôle institutionnel incontournable, car efficace et clairvoyant. L'Algérie, à un moment, ne s'est point stationnée sur l'accotement de la transformation universelle que veut produire la nouvelle mentalité marchande. La modernisation, renouvelable d'un règne à un autre, faisait un ordre du jour programmable à temps que seule la pratique quelquefois controversée par des cercles de résistance venait, avec ou sans gaucheries, embrouiller les cartes et parasiter la normalité des choses. Le tout, tout de même, continue. L'alternative se posait en une pénible équation pour se sentir astreint entre le fait d'agir ou la fatalité de subir. Outrepassons cette journée et voyons ce qui se passe un peu à l'extérieur de l'intérieur de cette journée, ici. Depuis, le chamboulement itératif d'une direction a fait une banalité des gloires acquises, aidé ainsi par la précarité des indices sélectifs de gestion. Dans cette administration où l'on omet très vite le sacrifice des uns et le mérite des autres, cette journée n'est qu'une journée ordinaire. Elle passe et repasse, pas plus. Mon regard hagard va à ces retraités, à ces malades, à ces pionniers modernistes que l'insouciance humaine en a mis dans la corbeille d'un écran qui se déteint à chaque départ. Aucun honneur ne leur est rendu au moins pour avoir eu, un temps, l'honneur de la servir. Ils sont nombreux à avoir quitté la vie, dans l'anonymat, le malaise, après avoir quitté les rangs sur la plante des pieds. La pire des ingratitudes reste celle que l'on ressent face à un silence, à une absence d'attention, à un signe de modeste reconnaissance. Qui fait subir l'indifférence subira l'indifférence au même degré et plus d'intensité. C'est physique, car c'est naturel.


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