Algérie

Dossier syrien : Moscou fait plier le Conseil de sécurité de l'ONU



Et ainsi que le souhaitait Moscou, ce nouveau projet de résolution sur la Syrie souligne le soutien du Conseil aux décisions de la Ligue arabe, mais sans faire de référence explicite au sort de Bachar Al Assad.
Le gouvernement russe refuse également que soit réédité en Syrie le scénario libyen qu'il considère comme une guerre coloniale. En clair, Moscou ne cautionnera pas une intervention étrangère dans ce pays. Cette dernière mouture du projet doit àªtre transmise aux capitales pour avis, à  la suite des discussions, jeudi, entre les ambassadeurs des 15 pays à  New York. Selon le texte, le Conseil «soutient pleinement (...) la décision de la Ligue arabe du 22 janvier 2012 de faciliter une transition politique conduite par les Syriens eux-mêmes et menant à  un système politique démocratique et pluraliste». Mais les détails de cette transition – notamment le transfert des pouvoirs du président Assad à  son vice-président – n'apparaissent pas, à  la demande de Moscou qui ne voulait pas que le Conseil national syrien – qui rassemble la majorité des sensibilités de l'opposition – préjuge de l'issue de la crise en demandant a priori que le chef de l'Etat syrien cède le pouvoir. Le processus de transition démocratique avait été proposé par la Ligue arabe en janvier dans son plan de sortie de crise pour la Syrie.  Autres concessions faite à  Moscou dans le texte : il n'y a pas de référence aux sanctions économiques imposées par la Ligue à  la Syrie en novembre dernier, ni d'inquiétude exprimée sur les ventes d'armes à  Damas, que la Russie souhaite poursuivre. Enfin, le texte précise que le Conseil veut «résoudre la crise politique actuelle en Syrie de manière pacifique», afin de dissiper toute analogie avec l'affaire libyenne. Comme les précédentes versions, le nouveau texte «condamne toute violence d'où qu'elle émane et (...) exige que toutes les parties en Syrie, dont les groupes armés (d'opposition) cessent immédiatement toute violence ou représailles». Il «dénonce les violations continues, flagrantes et étendues des droits de l'homme» par les autorités syriennes et demande «que le gouvernement syrien mette immédiatement fin» à  ces violations et à  «ses attaques contre ceux qui exercent leur droit à  la liberté d'expression». Ce texte peut encore àªtre amendé par les gouvernements et le vote au Conseil pourrait intervenir dans les tout prochains jours, vraisemblablement lundi, selon des diplomates. Ceux-ci soulignent que des consultations sur la Syrie pourraient avoir lieu entre Occidentaux et Russes à  l'occasion de la Conférence sur la sécurité de Munich, aujourd'hui.
Hama, la rebelle, commémore le massacre de 1982
Sur le terrain, la situation est toujours aussi chaotique. Le nombre de civils tués augmente chaque jour un peu plus. Au moins 6000 personnes ont, selon l'opposition, péri dans la répression depuis plus de dix mois. Mais la mobilisation ne faiblit pas malgré la poursuite des tueries et l'incapacité, jusqu'à présent, de la communauté internationale à  mettre fin à  ce qui a fini par se transformer à  la longue en guerre civile. Pour preuve : des milliers de militants anti-régime ont bravé hier la peur et le froid pour manifester et commémorer le massacre en 1982 de Hama, aujourd'hui un haut lieu de la contestation. Sous le slogan «Hama, pardonne-nous», les militants sont sortir dans la rue pour honorer les dizaines de milliers de morts fauchés par la répression d'un soulèvement des Frères musulmans dans cette ville du centre de la Syrie par le régime de Hafez Al Assad, père de l'actuel président. Les manifestations ont commencé à  la sortie des mosquées, après la prière hebdomadaire. Comme chaque vendredi, le bilan de la répression a encore une fois été effroyable. Selon toujours l'OSDH, 6 personnes, dont 2 enfants, ont été tuées après que les forces du régime soient intervenues et tiré pour disperser des manifestations. Un manifestant a été tué et trois autres blessés par les forces de sécurité dans le quartier Jounoub Al Malaab à  Hama (centre). Dans la région d'Idleb (nord-ouest), deux enfants ont été tués par l'explosion d'un engin près du centre culturel de Kafartakharim, ajoute l'OSDH. A Rankous, ville toujours assiégée près de Damas, 2 civils ont été tués par balles à  l'aube dans des fermes, selon la même source. Côté régime, on compte également les morts. Dans le sud, un soldat a été tué et 5 autres blessés dans des affrontements hier matin entre des déserteurs et l'armée régulière à  Jassem, dans la région de Deraa. Parallèlement, les forces de l'ordre ont tiré sur les manifestants à  Deraa, Jassem et Nawa, où 8 civils ont été blessés. Des manifestations «massives» avaient lieu dans plusieurs villes et villages d'Idleb, ainsi que dans le quartier de Nahr Aiché, à  Damas, et à  Homs (centre), selon l'OSDH et les Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent la mobilisation sur le terrain. Dans la ville côtière de Lattaquié, plusieurs défilés ont également eu lieu à  la sortie des mosquées «malgré un déploiement massif des agents de sécurité qui ont tiré pour les disperser», rapporte l'OSDH. Par contre, à  Dael (sud), près de 10 000 personnes sont, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), sorties dans les rues pour participer aux funérailles d'une personne morte en prison.


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