La campagne électorale pour le scrutin présidentiel du 17 avril prochain s'ouvre officiellement aujourd'hui, mais d'aucuns diraient qu'elle vient en fait de se terminer. Le pouvoir a délibéré depuis un certain temps et tout ce qui suivra sera une série de meetings hypersécurisés où des figures politiques plusieurs fois recyclées s'adresseront à la population, à travers des auditoires triés sur le volet, pour lui expliquer qu'il n'y a pas d'autre choix que le statu quo. Le suspense a pris fin il y a plusieurs semaines et la véritable compétition a eu lieu au sein du sérail, dans le fracas et des menaces de déstabilisation généralisée.Le ministre de la Communication a rappelé aux journalistes, il y a trois jours, l'obligation d'observer l'«équité et la neutralité» pendant la campagne électorale. C'est élémentaire dans les démocraties, mais il se trouve que dans notre pays, c'est l'administration qui est impliquée dans l'action politique en faveur du pouvoir en place, c'est le gouvernement qui mène campagne avant l'heure et s'affiche ouvertement, en phase électorale, en tant que staff militant et à pied d'?uvre. Ce n'est malheureusement guère une surprise si le sous-développement dans tous les secteurs frappe durablement notre pays, dès lors que des ministres sont affectés à des besognes politiques et électoralistes, abandonnant leurs missions premières, au même titre que de nombreuses autres institutions, comme l'appareil judiciaire qui, au lieu de poursuivre et de condamner les maffieux, s'occupe de gérer la tenue des congrès extraordinaires des partis politiques où débordent les luttes au sein du pouvoir. Ce sont des figures politiques piétinées dans leurs propres organisations qui viendront, lors de cette campagne électorale, faire l'éloge du système qui les broie à intervalles réguliers.Pour de larges franges de la population, c'est une vraie épreuve de réentendre des personnages qui symbolisent l'échec et dont les gestions successives ont amené des jeunes à la harga ou à l'immolation. Pour compliquer la situation, des dérapages verbaux ont précédé l'entrée en scène des personnalités chargées de porter cette fameuse «campagne par procuration». Mais la science policière du pouvoir est à ce point sophistiquée que les meetings seront organisés de façon à exclure la population, où les cordons de sécurité et les clientèles ne laisseront pas la moindre place pour les simples citoyens. Il est probable, comme lors des derniers scrutins, que les pègres urbaines soient chargées de réprimer à la base tout mouvement de foule suspect.Dans l'esprit des tenants du régime, la campagne électorale est plus une opération policière qu'une phase de présentation du supposé programme politique. Le reste, ce sera une lourde campagne de conditionnement médiatique qui rappellera que, dans notre pays, une élection n'est rien d'autre qu'un plébiscite et que toute velléité de changement est une porte ouverte sur l'inconnu. Pourtant, s'il s'agissait de recueillir les véritables suffrages des électeurs, ils se rejoindraient sur l'exigence du «départ du système», lequel, après avoir longtemps dopé les urnes, est passé à l'étape supérieure de dopage de candidat.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 23/03/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djaffar Tamani
Source : www.elwatan.com