Algérie

Dommages collatéraux



La maison Opep vacille en perdant un solide pilier de l'Opep+. La Russie, deuxième producteur mondial de pétrole, a refusé, le vendredi 6 mars lors de la 8e réunion ministérielle de l'Opep+ tenue à Vienne, d'amplifier les coupes de la production d'or noir afin de contenir la chute des prix, lestés par le coronavirus.Dans le souci de juguler la très forte baisse des prix du baril de pétrole, induite par une baisse de la demande mondiale depuis le début de l'année, due à la propagation du coronavirus, les pays exportateurs de pétrole avaient proposé une coupe collective supplémentaire de 1,5 million de barils par jour jusqu'à la fin de l'année 2020. Mais, cette proposition, conditionnée à l'approbation des 10 alliés de l'Opep, réunis au sein de l'Opep+, qui n'a pas été acceptée par la Russie, a provoqué un séisme, dont les ondes de choc commencent à peine à se faire sentir sur les marchés, où les prix du baril ont dévissé de plus de 9% dans la soirée du même vendredi 6 mars (45, 27 dollars, soit son prix de clôture le plus bas depuis près de quatre ans), et ce dans le sillage de la fin en queue de poisson de cette 8e réunion ministérielle de l'Opep+.
Et, les déclarations qui se veulent rassurantes du ministre de l'Energie, Mohamed Arkab, président de la conférence de l'Opep, qui a affirmé depuis Vienne que la 8e réunion ministérielle Opep+ avait été «très importante», ne peuvent rien changer à une situation en perte de vitesse. Le ministre de l'Energie chercherait certainement à travers cette déclaration à atténuer l'onde de choc provoquée sur les marchés par ce faux bond de la Russie, mais tout le monde est au courant, dans le détail, du déroulement de la réunion en question. Pourquoi alors vouloir cacher le soleil par un tamis '
Sachant pertinemment qu'on ne peut voiler
l'opposition de la Russie à cette proposition d'amplification des coupes dans la production, le communiqué du ministère de l'Energie adopte un ton plus modéré, plus adapté à la réalité, même si ses termes tentent encore de soutenir une certaine cohésion des rangs, notamment en soulignant que «les membres de l'Opep et Opep+ ont convenu à l'issue de cette 8e réunion ministérielle de continuer à suivre les évolutions du marché pétrolier et les conséquences de l'épidémie de coronavirus. Il n'y a plus qu'à espérer que cette épidémie recule.
Dans le cas contraire, les spécialistes conjecturent un prix du baril sous la barre de 40 dollars, voire beaucoup moins. «On n'a encore pas vu le pire de la crise de la demande», préviennent les experts. Et, il ne faut surtout pas croire que ces derniers versent dans un alarmisme démesuré. Surtout si l'on tient compte de cette déclaration du ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, aux journalistes, qui a affirmé à l'issue de la réunion de Vienne qu'«à partir du 1er avril, compte tenu de la décision prise aujourd'hui, personne, ni pays de l'Opep ni pays de l'Opep+, n'a l'obligation de baisser la production».
Rappelons que l'Opep+ est liée depuis début 2017 par un accord de réduction volontaire de 1,2 million de barils par jour (mbj), augmenté à 1,7 mbj en décembre dernier, et que ce dernier accord expire, justement, à la fin du mois. C'est que, des prix bas du baril, de moins de 40 dollars, arrangeraient plus la Russie, qui veut fermer les puits de schiste américains, dont l'exploitation reste très coûteuse. Bien sûr, cela n'irait pas sans les dommages collatéraux qui seront causés aux pays dont les économies dépendent étroitement du prix du baril, dont l'Algérie qui veut «promouvoir la concertation entre tous les pays et à rechercher des solutions consensuelles à même d'assurer la stabilité du marché pétrolier».


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