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Dominique Lurcel «J'ai été bouleversé par l'écriture de Feraoun»



Dominique Lurcel
                                    «J'ai été bouleversé par l'écriture de Feraoun»
Parcours - Dominique Lurcel, metteur en scène français, est directeur de la compagnie Passeurs de mémoire.
Ayant participé deux fois au Festival international du théâtre (2e et 3e éditions), Dominique Lurcel se dit très marqué par l'écriture de Mouloud Feraoun.
«J'ai été bouleversé par l'écriture de Feraoun, parce qu'il est toujours du côté des victimes, et en même temps, c'est un penseur et analyste qui a du recul. Il est en même temps dedans et dehors.»
Dominique Lurcel a participé avec Le contraire de l'amour, lors de la dernière édition du Festival international de théâtre qui s'est déroulé du 20 au 30 octobre à Béjaïa. Cette pièce, tirée du Journal de Mouloud Feraoun, un journal que le romancier a tenu durant toute la Guerre de Libération nationale, et ce, jusqu'à son assassinat en mars 1962, soit quelques jours avant le cessez-le-feu, se veut, selon le metteur en scène, le prolongement de la pièce Les folies coloniales, donnée, l'an dernier, à Alger, à l'occasion du Festival international du théâtre.
Pour Dominique Lurcel, «il est important d'en parler de manière transparente afin de dépasser les blessures d'hier et de mieux construire un avenir apaisé et serein». Il dira, à propos du choix du texte de Mouloud Feraoun : «Ce livre m'a paru un texte exemplaire, incomparable, unique dans la puissance du témoignage, et dont la force de l'auteur est d'analyser autant le passé que l'avenir.» Il ajoute : «Je
me suis dit qu'il fallait faire entendre ce texte, car parler, c'est briser le silence et bousculer le discours officiel qui instrumentalise l'histoire.»
Aussi bien dans Les folies coloniales que dans Le contraire de l'amour, Dominique Lurcel aborde la cause algérienne.
Interrogé sur l'intérêt qu'il porte à l'Algérie, le metteur en scène, qui confie avoir d'autres projets dans le même sillage, dira : «Adolescent déjà, j'ai épousé la cause nationale algérienne. Dans les années 1959 et 1960, lycéen puis étudiant, j'ai pris part aux manifestations dénonçant la guerre menée par le colonialisme français en Algérie. Puis, fidèle à mes principes, j'ai été scandalisé et choqué quand a eu, en 2005, le vote d'une loi relative, à ce qui a été appelé, ''Aspects positifs de la colonisation''. J'ai aussi lu le livre de mon grand-père qui travaillait à l'Hôtel de ville de Paris, qui regroupe les textes de l'époque sur la commémoration du centenaire de l'occupation de l'Algérie. Ces textes sont scandaleux.»
C'est à partir de là que Dominique Lurcel s'est engagé dans cette voie et qu'il a décidé de faire un spectacle sur la Guerre de Libération nationale, réagissant contre l'apologie du discours colonial.
«Effectivement, souligne-t-il, je me suis dit il faut faire un spectacle dénonçant le discours colonial. Ce discours honteux a été tenu pendant 130 ans et cette période on la cache. Même de nos jours, il y a des discours honteux.»
Le théâtre dans lequel il s'investit, idées et langage, est un théâtre engagé, basé essentiellement sur le texte, c'est un théâtre qui réunit la puissance du verbe, aussi bien la qualité que la simplicité du geste. Cela signifie qu'il nécessite du sens, de la profondeur, voire «un désir de questionner sans jamais accabler». C'est aussi un théâtre qui questionne l'histoire, revisite la mémoire pour mieux assumer le passé en vue d'un avenir apaisé, partagé.


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