Algérie

Doha contre la politique du Conseil de Coopératiion du Golfe: Le Qatar pourrait quitter le CCG


La crise politique opposant le Qatar à l'Arabie saoudite n'est pas près de disparaître.Hier, en clôture du 39e Conseil de Coopération du Golfe (CCG), aucune mention n'a été faite de la crise interne qui oppose certains de ses membres au Qatar. Pour rappel, le CCG est composé de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de Bahreïn, du Koweït, d'Oman et du Qatar. Et les trois premiers nommés, accompagnés de l'Egypte, ont déclaré depuis près d'un an et demi une véritable guerre politique et diplomatique à leur richissime voisin qatari. Une guerre bien loin de s'atténuer, comme l'illustrent les derniers évènements. Le Qatar, après l'annonce de son retrait de l'OPEP, n'a envoyé que le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Sultan al-Merrikhi. Une décision de l'émir Tamim ben Hamad Al Thani, souverain du Qatar; qui n'a pas plu à l'obligé de Riyad. En effet, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn, Khalid Ben Ahmed Al-Khalifa, a publiquement critiqué Doha. De manière plus explicite, le représentant du pouvoir bahreïnien, qui a été sauvé d'une révolution de Printemps par Riyad et ses alliés, dénonce le nouveau coup de semonce de Doha. Cette absence «royale» a en effet pour but de discréditer une entité tenue par l'Arabie saoudite. Une institution qui tarde à faire ses preuves, alors qu'elle a été créée en 1981, et dont la puissance militaire reste faible, malgré l'intervention à Bahreïn en 2011. Les divergences stratégiques et politiques entre membres expliquent les raisons. Nombre de diplomates disent qu'après l'OPEP, le Qatar peut quitter le Conseil de Coopération du Golfe. L'Arabie saoudite essaye d'imposer son leadership et ses visions géopolitiques au reste du groupe, et si les Emirats et Bahreïn suivent, le Qatar s'est émancipé et le Koweït, tout comme Oman, jouent les équilibristes et tentent des arbitrages sans trop prendre parti. Mais alors que cette crise aurait dû être le c?ur des discussions de ce sommet annuel, elle a été totalement ignorée. La déclaration finale ne parle pas du blocus imposé par l'Arabie saoudite contre le Qatar. Doha s'est donc plaint de ce communiqué final et a appelé ses «collaborateurs à «s'attaquer aux vrais problèmes du CCG». Le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi continue de faire des vagues, notamment aux Etats-Unis, et les terribles conditions humanitaires au Yémen n'ont jamais été autant au c?ur de l'actualité. La rencontre actuelle en Suède entre belligérants locaux n'a d'ailleurs été possible que grâce à l'aval de Riyad, très probablement à cause de la pression. Le Qatar est encore le seul pays à se dresser face à son puissant voisin. L'Arabie saoudite qui dirige la coalition arabe contre le Yémen, et commet des crimes de guerre contre les civils dans ce pays est, aujourd'hui, dénoncée par la communauté mondiale. La communauté mondiale a été interpellée sur la guerre au Yémen après le meurtre du journaliste après l'affaire Khashoggi. Le prince d'Arabie saoudite est accusé implicitement par le président turc.
Khashoggi parmi les personnalités de l'année
Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué le 2 octobre au consulat d'Arabie à Istanbul, a été désigné mardi personnalité de l'année par le magazine américain Time, une distinction partagée avec plusieurs autres journalistes qui symbolise, pour l'hebdomadaire, la recherche de la vérité et les risques qu'elle présente aujourd'hui. Outre Jamal Khashoggi, Time a mis à l'honneur la journaliste philippine Maria Ressa, les deux reporters birmans de l'agence Reuters Wa Lone et Kyaw Soe Oo, actuellement en prison, ainsi que la rédaction du journal local américain Capital Gazette, dont cinq membres ont péri lors d'une attaque perpétrée le 28 juin à Annapolis, dans l'Etat du Maryland. C'est la première fois qu'un ou plusieurs journalistes deviennent personnalité de l'année du magazine, qui décerne ce titre depuis 1927. Autre première : jamais une personne décédée n'avait été retenue comme personnalité la plus marquante de l'année écoulée. Time a choisi de publier quatre Unes différentes de son magazine cette semaine pour mettre en avant les quatre journalistes, ou équipes de journalistes, placés premier de son classement. Les journalistes ont devancé Donald Trump, désigné en 2016 et déjà deuxième l'an dernier, que les bookmakers donnaient favori. Quelques minutes après l'annonce du palmarès, le président américain a de nouveau tweeté sur les médias, qu'il a accusés de propager des fake news (fausses informations) au sujet de la désignation du futur secrétaire général de Washington. «Alors que nous étudiions les choix possibles, il nous est apparu clairement que la manipulation de la vérité et son détournement ont été une caractéristique commune de beaucoup des sujets majeurs de l'année, de la Russie à Riyad en passant par la Silicon Valley», a expliqué le rédacteur en chef de Time, Edward Felsenthal, lors de l'annonce de la personnalité de l'année sur la chaîne américaine NBC. «Nous avons donc choisi de mettre le projecteur sur quatre individus et un groupe qui ont pris de grands risques dans la recherche de la vérité, en commençant par Jamal Khashoggi, a-t-il poursuivi. Il est très rare que l'influence d'une personne croisse de façon si importante après sa mort, a souligné M. Felsenthal pour justifier le choix d'une personnalité décédée. «Son assassinat a changé la perception globale du prince héritier saoudien (Mohammed ben Salmane) et attiré enfin l'attention sur une guerre dévastatrice au Yémen». Le prince d'Arabie saoudite nie être l'ordonnateur du meurtre, et une enquête de la CIA a conclu que c'était bien lui qui avait commandité l'opération. Autres lauréats de la personnalité de l'année, Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont été interpellés en Birmanie en décembre 2017, puis jugés et condamnés, début septembre, chacun à sept ans de prison en première instance en vertu d'une loi sur les secrets d'Etat. Ils travaillaient sur la mort en 2017 de dix Rohingyas lors de la répression militaire birmane contre cette communauté musulmane, qualifiée de génocide par l'ONU. Egalement désignée par le magazine Time, Maria Ressa est la cofondatrice du site d'information Rappler, dont la couverture critique de la guerre antidrogue meurtrière menée par le président philippin Rodrigo Duterte lui a valu les foudres de l'exécutif. Accusée de fraude fiscale supposée et menacée de prison, elle affirme que ces poursuites judiciaires sont, en réalité, de nature politique. Quant au Capital Gazette, journal d'Annapolis, capitale du Maryland, il a été visé par un homme armé, Jarrod Ramos, qui, le 28 juin, a fait irruption dans la salle de rédaction et fait feu, tuant cinq personnes. C'est la seconde fois d'affilée que Time choisit un groupe et non une seule personnalité. En 2017, il avait retenu les personnes qui avaient «brisé le silence» face au harcèlement sexuel, déclenchant une série d'accusations contre des hommes de pouvoir à travers le monde. Le procureur spécial Robert Mueller, chargé d'enquêter sur les interactions entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie, arrive cette année en troisième position du classement.
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