Algérie

Documents biométriques: La polémique sur le hidjab et la barbe enfle


Le mouvement Islah a rejoint, hier, la polémique naissante sur la nécessité de se faire photographier sans hidjab ni barbe pour l'établissement de la carte d'identité et le passeport biométriques. Dans un communiqué transmis à notre rédaction, le parti de Djamal Ben Abdeslam répond aux dernières déclarations du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs qui justifiait cette disposition.

 El Islah se dit étonné des propos tenus par Bouabdellah Ghlamallah, qu'il qualifie du «ministre de la religion». Le parti dénonce le ministre qui a déclaré que la femme algérienne doit soit respecter la loi ou bien se priver du passeport, alors qu'il aurait été préférable qu'il défende des principes fondamentaux de l'islam, au lieu de justifier l'injustifiable. Cette attitude fera dire aux rédacteurs du communiqué que le ministre a voulu être «plus royaliste que le roi» au moment où la nation attendait de lui une intervention auprès du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales pour annuler cette décision en référence à des principes fondamentaux de la religion. El Islah considère que le ministre devait en principe défendre le port du khimar qui est porteur des valeurs religieuses, culturelles et civilisationnelles de la femme algérienne. Il préconise que le ministre des Affaires religieuses doit se référer au président du Haut Conseil islamique et celui de l'Association des oulémas algériens, le cheikh Abderrahmane Chibane. Les rédacteurs du communiqué soulignent également que M. Ghlamallah a, en défendant cette mesure, enfreint la Constitution dans ses articles 2, 6, 9 (alinéa 2) et 42, entre autres, relatifs aux droits des citoyens.

 Le rejet de cette disposition est le second après celui du MSP qui, par la voix de son premier responsable, Aboudjera Soltani, s'est dit «étonné par les déclarations de certains responsables au sujet de la nécessité d'enlever le voile et de se raser la barbe pour se faire délivrer le passeport ou la carte d'identité biométriques, alors qu'il y a également la nécessité de respecter la religion musulmane, l'appel du 1er novembre 1954 et la Constitution».

 Le ministre des Affaires religieuses avait déclaré dimanche dernier en marge de deux journées d'études consacrées aux méthodologies de la formation dans les instituts islamiques que «si la loi oblige la citoyenne de prendre une photo sur laquelle doivent apparaître ses traits sur le passeport biométrique, cette dernière doit s'y conformer, mais si la loi lui laisse le choix, elle a alors la liberté de décider». Dans le même contexte, le ministre avait nié toute demande du Haut Conseil islamique à son ministère dans le but de mettre en place une commission mixte pour l'examen de cette question. Ce volet a été également abordé auparavant par Nouredine Yazid Zerhouni, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, et qui précisait que le voile devra être ôté conformément au règlement international qui exige que le front et les oreilles soient apparents sur la photo et que pour la prise des photos, des femmes photographes seront chargées au niveau des services concernés. Dans les services de daïra mis en place pour cette opération, même si pour le moment aucun couac n'a été signalé entre une administration tenue à appliquer la loi et des citoyens réticents, il y a des appréhensions de la part de certains demandeurs qui estiment qu'enlever le voile ou se raser la barbe est non négociable. Parmi ces derniers, les avis divergent et même des femmes voilées se montrent plus souples en rappelant que la religion n'est pas aussi intransigeante d'autant que ce sont des femmes qui prendront les photos. En revanche, leur appréhension réside dans le fait qu'elles devront se dévoiler au passage des frontières.


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