Publié le 13.08.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
R.C
L’ancien spécialiste des films documentaires audiovisuels qui exerça de longues années à la télévision algérienne (ENTV) Saïd Oulmi - l’enfant des Aurès- s’est totalement investi dans les thèmes révolutionnaires : les Algériens déportés en Nouvelle-Calédonie, sa première œuvre, et Sur les traces des camps de regroupement. Le sujet de la Nouvelle-Calédonie a été récemment abordé en présence du réalisateur à la cinémathèque de Constantine et a enregistré un franc succès. Encore une fois, le colonialisme français est au banc des accusés. Il y a quelques mois, Saïd Oulmi fut l’invité de la cinémathèque de Batna pour la présentation de son film sur les camps de concentration.
Ce film a été intelligemment ficelé en tant que sujet hautement maîtrisé. Le fond de l’œuvre est centré essentiellement sur de nombreux témoignages crédibles et ou frappants. Des Algériens et aussi des Français de l’ancienne époque, proches des faits historiques. Saïd Oulmi s’étant attaché, en effet, à évoquer, avec une rare puissance émotionnelle, les affres abjectes de la colonisation militaire française, économique et culturelle de l’Algérie. Plus que les emprisonnements, les déportations massives d’Algériens et d’Algériennes aux camps de concentration de l’horreur. Les sévices infligés aux Algériens dans ces camps furent, dans la plupart des cas, contraires à tous les principes humains et humanitaires. Dont ceux des droits de l’Homme, nés pourtant sur le sol français ou les conventions de Genève sur les droits des prisonniers de guerre.
Bouhmama, dans les Aurès le premier camp de concentration
L’histoire retiendra qu’en Algérie, la localité de Taghit, aux environs d’Arris, fut le théâtre dans la nuit du 1er novembre 1954 – la fameuse ‘’nuit de la Toussaint’’- de l’interception par un commando de moudjahidine de l’Armée de libération nationale, d’un bus de transport Arris- Biskra. Cette action de l’ALN ainsi que d’autres s’étant déroulées simultanément sur plusieurs points de Batna, Sériana et des Aurès, provoquèrent le désarroi au sein de l’armée coloniale. D’où, par la suite, la décision prise par la France coloniale de créer à travers l’Algérie de nombreux camps de concentration. Le premier celui de Bouhmama, dans les Aurès. Le but ? Organiser des regroupements des populations pour couper tout contact avec les maquisards dans les montagnes. Selon la chercheuse algérienne de l’université de Tours (France) Mme Ouenassa Siari Tengour (source/ Le Soir d’Algérie), les autorités coloniales décidèrent de créer et structurer des camps de regroupement coloniaux – de Bouhmama (Aurès) à Djenan Bourezg (Aïn Sefra) en passant par le camp de Djeurf (M’sila) et bien d’autres. De telles opérations ont nécessité, d’après cette chercheuse, le rappel du Maroc du général Georges Parlange en Algérie. Il fut ramené parce qu’il avait accumulé une grande expérience dans l’apaisement des tribus autochtones et Parlange disposait de surcroît d’une parfaite maîtrise de la langue amazighe.
Le livre accusateur de jean Jolly
Décolonisation, crimes sans châtiments
En France, certains penseurs, écrivains et journalistes prirent une position favorable aux Algériens dans leur quête d’arracher par le combat libérateur l’indépendance de l’Algérie des griffes du colonialisme français. Parmi eux, l’écrivain Jean Jolly, auteur du livre fracassant et accusateur Décolonisation, crimes sans châtiments. Jolly met à nu les méfaits horribles en Algérie des militaires français. Ni des châtiments pour les crimes commis, ni le renvoi en Algérie des archives volées d’Algérie juste avant l’indépendance. La mentalité néo-coloniale étant prédominante.
Ali Benbelgacem
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Posté Le : 14/08/2024
Posté par : rachids