L'institut
Cervantès a organisé mercredi dernier la projection d'un film-documentaire à la
cinémathèque d'Oran. Le film, produit et réalisé à Cuba, s'intitule «Le rideau
de sucre». C'est Camila Guzman Urzua, une réalisatrice cubaine, mais d'origine
chilienne, qui a réalisé cette oeuvre cinématographique. Tourné en 2006, c'est
en 2007 que «Le rideau de sucre» sort dans les salles européennes. Il se veut
le portrait de Cuba d'aujourd'hui. D'une durée de quatre-vingts minutes, ce
documentaire pullule de témoignages de dizaines de cubains, qu'on sent, à
travers les images, nostalgiques de la période d'avant 1989. En quelque sorte,
on peut très bien dire qu'il s'agit de ce qu'on appellerait «une autobiographie
collective».
Fuyant le coup d'Etat ayant renversé Salvador
Allende au Chili, Camila Guzman Ursua, alors âgée de deux ans, débarque à Cuba
avec sa famille, la terre d'exil idéale. C'est à l'école primaire «Antonio
Macéo» qu'elle effectuera sa scolarité. D'ailleurs, l'essentiel de ce film lui
servira à faire parler ses anciens camarades de classe, tous devenus à ce jour
de «jeunes adultes». Tout d'abord, à les entendre parler, on se rend compte que
dans le système cubain de cette époque, alors à l'apogée, l'argent n'avait
aucune prise, nulle part. Ou du moins, les Cubains pouvaient très bien s'en
passer. On sent aussi, à les entendre parler avec cette nostalgie, que les
Cubains ont véritablement été heureux à une époque de leur existence, que le
bonheur était presque «palpable». «On ne payait rien, ni impôt, ni éducation,
ni santé, ni loyer, on vivait dans un paradis sur terre».
Cela dit, avec l'avènement de la chute du mur
de Berlin et la chute des régimes de l'Europe de l'Est, la situation cubaine a
empiré du jour au lendemain et les gens ont eu l'amer impression de sortir
d'une illusion, d'un mirage. Toutefois, malgré le blocus économique des Etats
Unis, le Cuba d'aujourd'hui tente malgré tout de ne pas lâcher prise, et de
rester fidèle à la position idéologique qui lui a permis de libérer le pays de
la dictature de Batista, grâce à une révolution socialiste menée par Fidèle
Castro et Ernesto Che Guevara. Aussi, à ce jour, la médecine à Cuba est l'une
des plus performantes au monde et y est gratuite, de même pour l'éducation.
Autre prouesse typiquement cubaine: sur cette île tropicale, une lutte sans
merci a été menée contre l'analphabétisme, ce qui fait qu'à ce jour, Cuba est
l'un des seuls pays au monde dont l'analphabétisme est carrément inexistant. A
ce propos, les intervenants dans le documentaire, bien que conscients des
problèmes qui rongent leur pays, ne souhaitent aucunement, contrairement à bien
d'autres peuples, le quitter au profit d'un exil «pépère» dans un pays
notoirement développé. «Je ne pense pas m'enfuir, dit l'un d'entre eux, car ce
qui me manque ici me manquera aussi ailleurs, il n'y a aucun doute à cela».
Aussi, apprend-on que «l'idéal» recherché par ces «jeunes adultes» ne se situe
pas dans un pays déterminé où on peut s'y rendre par le simple achat d'un
billet d'avion; mais au contraire, leur idéal se trouve dans le passé. De ce
temps, pas si lointain, où les gens, avec le peu de moyens financiers, se
permettaient de vivre à leur aise, organisant des fêtes à la moindre occasion
et vivant heureux, en somme. C'est ce temps là que les Cubains veulent, en
quelque sorte, se «réapproprier», et ce film documentaire parle, d'une façon
générale, de ces Cubains qui ont vécu «l'âge d'or», et veulent encore le
revivre.
Après la projection du «rideau de sucre», un
débat a été improvisé en présence notamment de Javier Galvan, le directeur du
Cervantès, et d'une jeune Cubaine, du nom de Caméla, qui travaille également
dans cet institut.
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Posté Le : 29/11/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : El Kébir A
Source : www.lequotidien-oran.com