« Les représentants légaux ont la faculté, dans le cadre de leurs
prérogatives statutaires, d'habiliter un employé de la société à l'effet d'accomplir
les formalités bancaires et de contrôle de la conformité des produits aux
frontières inhérentes à ces opérations », a affirmé le ministre des Finances au
sujet de l'exigence de la procuration pour dédouaner les marchandises
importées.
C'est la seule nouveauté apportée par les explications de Karim Djoudi
des dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009. « Beaucoup de
registres de commerce sont délivrés à des personnes mais sont gérés par
d'autres. Il s'en est suivi des conflits alarmants, où malheureusement se sont
développées des pratiques frauduleuses sur des opérations d'importation par
l'utilisation des registres de commerce et la démultiplication de procurations
», rappelle le ministre des Finances. Il explique ainsi que la mesure de
suppression de la procuration concerne « les sociétés qui importent pour
lesquelles la présence du titulaire du registre de commerce ou du gérant de la
société importatrice est exigée pour l'accomplissement des formalités bancaires
afférentes à l'activité d'importation et de contrôle aux frontières ». Ceci
pour répondre, dit-il, « aux pratiques frauduleuses sur des opérations
d'importation par l'utilisation des registres de commerce et la
démultiplication de procurations ».
Le ministre précise que « ces
employés (délégués par les sociétés) doivent être déclarés auprès de la CNAS et
régulièrement auprès de la direction du commerce de la wilaya territorialement
compétente ».
Karim Djoudi a aussi mis fin aux
spéculations relatives à la rétroactivité de l'article 54 de la LFC. «
Concernant les sociétés d'importation, la décision a été prise au titre de la
LFC pour qu'aucune disposition produite à l'avenir ne soit à caractère
rétroactif. Donc, la disposition de l'incorporation à hauteur de 30% des partenaires
algériens ne prend effet qu'à partir de la promulgation de la LFC pour 2009 »,
a-t-il affirmé.
Le ministre des Finances justifie
les nouvelles dispositions de la LFC pour 2009 par le souci du gouvernement «
d'orienter les investissements directs étrangers vers le développement de
niches d'exportation variées ou de substitution à l'importation, plutôt que de
capter des bénéficies issus des opérations du commerce extérieur».
Il s'est exprimé à ce sujet,
hier, sur le fil de l'APS, indiquant que ces dispositions ont été prises en sus
de celles visant « la mise à niveau du système productif local pour améliorer
sa compétitivité. (...). Le tout est pour inverser l'ordre des avantages qui
ont été accordés jusque-là au commerce extérieur au détriment de la production.
Le ministre avait, en introduction de son interview, rappelé le contexte dans
lequel ont été prises ces décisions. Contexte qu'il dit « caractérisé par une
évolution défavorable d'un certain nombre d'indicateurs financiers, d'une part,
atténuée heureusement par le maintien de fondamentaux économiques qui restent
solides, d'autre part ».
Le ministre fait savoir que « nos
revenus à l'exportation, par rapport au 1er semestre 2008, ont diminué de
moitié. Par contre, nos importations ont été stabilisées à 19 milliards de
dollars grâce aux mesures engagées par les lois de finances précédentes ». La
balance commerciale nationale est, selon lui, ainsi excédentaire « d'un peu
plus d'un milliard de dollars contre 20 sur le 1er semestre de 2008. Les
réserves de changes se sont stabilisées pour, dit-il, « correspondre à quatre
années d'importation. Au plan budgétaire, les recettes fiscales pétrolières ont
connu une baisse sensible, soit 50% ». Il estime que « malgré cela, l'Etat a pu
stabiliser le Fonds de régulation des recettes à un niveau de 4.280 milliards
de dinars. La croissance projetée pour l'exercice 2009 est estimée à 4% avec
une croissance hors hydrocarbures de 6,4%. L'inflation, malgré la poussée
constatée en début d'année, enregistre une baisse et devrait se stabiliser
autour de 4% ». Entre autres indicateurs aussi, un fonds de régulation des
recettes qui représente 40% du produit intérieur brut et une dette interne qui
s'établit à moins de 730 milliards de dinars. Le cadrage macro de la LFC
s'appuie, selon le ministre, sur un baril à 37 dollars, une parité d'un dollar
contre 72 dinars, (intégrant donc une dépréciation du dinar), des importations
en baisse de 5% par rapport à 2009 pour les porter à 37,5 milliards avant la
fin de l'exercice. La loi inscrit des dépenses en croissance, celles de
fonctionnement qui augmentent de 3,9%, c'est-à-dire un peu plus de 2.700
milliards de dinars et des dépenses d'équipements de +8,3%, soit 2.800
milliards de dinars.
«Moraliser et assainir les pratiques de commerce extérieur»
L'enjeu premier de la LFC est,
selon lui, « de diversifier les sources de revenus internes et externes, compte
tenu que 97% de nos recettes d'exportation et 70% de celles fiscales
proviennent des hydrocarbures ».
L'autre enjeu majeur concerne,
indique-t-il, l'emploi. « L'Etat ne peut plus être l'unique pourvoyeur de ces
emplois et il devient indispensable que la sphère de production privée y soit
associée », dit-il, en notant que ces créations d'emplois doivent être des
postes d'emplois structurels et non conjoncturels dans un marché mieux organisé
et offrant plus d'opportunités ». Djoudi pense que « laisser l'économie évoluer
sur son régime actuel sans mettre en avant le primat de la production ne peut
qu'emballer les demandes de dépenses d'importation auxquelles il sera difficile
de faire face à terme, faute d'une disponibilité des dollars en 2008 ». C'est
ainsi qu'il justifie l'instauration d'une taxe de 3% par le fait de « réguler
ces importations de services et de donner un avantage comparatif à la
réalisation de ces services sur place ».
Il estime, par ailleurs, que la
nécessité de la moralisation et de la régulation des opérations de commerce
extérieur nécessitait l'obligation d'une domiciliation bancaire préalable à la
réalisation de toute opération d'importation et de tout règlement financier
ainsi que de tout dédouanement à l'effet d'éviter de mettre dans des situations
de contraintes fortes et de fait accompli notre économie ». De même qu'à ses
yeux, l'assainissement des pratiques du commerce extérieur et de leur
moralisation a obligé à « instaurer la règle de la présence obligatoire des
personnes immatriculées au registre de commerce au titre des opérations
d'importation ou de contrôle aux frontières de la conformité des produits
importés ».
Le ministre brandit le principe
de la réciprocité pour conforter le choix du gouvernement des décisions prises
à l'égard des exportateurs étrangers. Il précise par ailleurs qu'il est
désormais fait obligation aux opérateurs de payer leurs importations au moyen «
du seul crédit documentaire ». Et, affirme-t-il, « les sociétés d'importation
doivent, à partir de la promulgation de cette ordonnance, faire participer un
partenaire algérien à hauteur de 30% » Il rappelle que « les mesures de soutien
à l'activité économique concernent aussi la mise en place de conditions
favorables à la constitution de grands pôles économiques ». Au cas où les
activités exercées par les sociétés membres du groupe relèvent de taux
différents de l'IBS, le bénéfice résultant de la consolidation, explique-t-il,
est soumis à l'impôt au taux de 19%, dans le cas où le chiffre d'affaires
relevant de ce taux est prépondérant.
«Favoriser à terme l'installation de l'investissement»
Dans le cas contraire, la consolidation des bénéficies est autorisée par
catégorie de chiffres d'affaires ».
Son autre rappel, l'instauration
et l'augmentation des taxes sur les véhicules au-delà de 2500 cm3, « qui
correspondent à des véhicules de haut standing et des engins de travaux publics
». Des taxes pour alimenter, dit-il, le fonds pour le développement des
transports publics, avec pour mission de soutenir les prix des tickets mais
également réguler l'importation des véhicules pour favoriser à terme l'installation
de l'investissement en Algérie ». Objectif qui vise donc, selon lui, « la
sauvegarde de l'économie algérienne, la création d'un avantage relatif à
l'investissement en Algérie par rapport à des opérations d'importation ».
Djoudi note que « ce dispositif
vient en accompagnement des actions de partenariat qui sont en voie de
concrétisation sur les différents segments de produits identifiés dans le cadre
de cette taxe et de celle de 2008 ». Obligation faite « bien évidemment aux
investisseurs qui bénéficient d'exonération ou de réductions fiscales et
parafiscales (...) de réinvestir la part des bénéficies correspondant à ces
exonérations ». La loi introduit, selon lui, «le principe d'une forte
différenciation entre le produit réalisé en Algérie et le produit importé ».
Ainsi, la limitation du bénéficie de la franchise de la taxe sur la valeur
ajoutée aux seules acquisitions algériennes pourrait-elle être consentie «
lorsqu'il est dûment établi l'absence d'une production locale similaire ».
Le Conseil national de
l'investissement est doté, selon lui, d'un pouvoir complémentaire en termes de
prérogatives pour accorder des exemptions et des réductions de droits d'impôts
et taxes. Obligation est aussi faite aux investisseurs étrangers « de dégager
une balance devise excédentaire durant toute la vie du projet et de se financer
en dehors de leur capital par recours au marché domestique ».
Le marché algérien est dit
aujourd'hui « un marché attractif à tout point de vue, disposant de liquidités
et porteur d'une forte demande dans un contexte international de déprime
globale ».
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Posté Le : 13/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com