Algérie

Djoudi "passe la balle"à Benbada



Djoudi
L'autorisation d'importation se heurte aux règles de l'OMC. Djoudi vient de l'écarter. Il ne nous reste plus qu'à faire comme les «grands». Comme les Etats-Unis, l'Australie, la Chine, la Russie,... Faire du protectionnisme sans avoir l'air d'y toucher. Les textes sont prêts. Leur application est une autre histoire...Les opposants à l'autorisation d'importation sont servis. Le gouvernement algérien vient de trancher. «Il n'est pas prévu d'autorisation administrative d'importation du fait que l'Algérie évolue dans une liberté de commerce extérieur» a annoncé notre ministre des Finances, Karim Djoudi, dans un entretien à l'APS depuis Washington où il participe aux assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale. La question s'était posée avec insistance devant l'augmentation incessante de la facture de nos importations au point d'atteindre un recul de 46% de l'excédent commercial au cours des huit premiers mois de cette année par rapport à la même période de l'année dernière. Le sujet a occupé une bonne place lors de la dernière tripartite qui s'est tenue jeudi dernier. Il y a de quoi s'inquiéter en effet, car dans le même temps, nos recettes, tirées essentiellement de la production pétrolière et gazière, connaissent une tendance à la baisse. Une situation intenable devant laquelle il est impératif de trouver une solution. Celle de recourir à l'autorisation d'importation en était une, mais elle se heurtait aux règles de l'OMC (Organisation mondiale du commerce). L'Algérie qui poursuit les négociations pour son adhésion à cette organisation doit en tenir compte. D'ailleurs, dans quelques semaines, l'Algérie doit aller au 12e round des négociations multilatérales et ceci avant la 9e Conférence ministérielle de l'OMC prévue en décembre de cette année en Indonésie. C'est là un impératif politique dont il faut tenir compte, mais qui la problématique du déséquilibre de notre balance commerciale en l'état. Pourtant et si l'on prend des pays déjà membres de l'OMC comme les Etats-Unis ou les pays membres de l'Union européenne ou encore l'Australie, pour ne citer que les plus grands, on remarque qu'ils régulent leur commerce extérieur à leur manière. C'est-à-dire intelligemment. A titre d'exemple, les Etats-Unis bloquent actuellement les machines à laver importées de Corée car ils considèrent que leurs prix sont inférieurs à la juste valeur. Un peu plus en arrière, on se rappelle les «normes sur le bruit» invoquées par les USA pour s'opposer au supersonique européen Concorde. Un autre exemple, l'Australie bloque les produits du tabac importé d'Indonésie en mettant en cause leur emballage. De son côté, l'Union européenne ne veut pas du poisson guinéen pour des raisons sanitaires liées à l'hygiène. Les pays lésés par toutes ces interdictions déguisées, entament alors une «demande de consultations» qui est en fait la procédure de règlement des différends dans le cadre de l'OMC. 467 demandes de ces consultations sont actuellement sur la table de l'OMC. Si ce n'est pas du protectionnisme selon y ressemble fort. Surtout que toutes les mesures protectionnistes ne sont pas forcément suivies de «demandes de consultations» pour diverses raisons. Il y aurait quelque 2500 mesures protectionnistes prises par des pays membres de l'OMC depuis le début de la crise économique et financière en 2008. En voici quelques exemples. Pour protéger sa production nationale, la Russie impose un droit de douane de 30% sur les importations de voitures étrangères. Ce n'est pas tout, elle exige de plus et jusqu'à l'horizon 2020 qu'un tiers des véhicules vendus sur son territoire doivent être équipés d'un moteur fabriqué localement. La plupart des pays d'Europe usent des mêmes stratagèmes. Plus près de nous, la France est montrée du doigt avec ses 61 mesures protectionnistes, notamment les subventions à ses agriculteurs et ses pêcheurs. La Chine n'est pas en reste et compte le même nombre de mesures prises pour protéger sa production nationale. Pour finir, nous citerons le Japon qui taxe à 800% le riz importé de l'étranger. Ceci dit, la déclaration de Djoudi ne signifie pas du tout l'ouverture «des portes et des fenêtres» de l'importation. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a été clair à ce sujet lors de la tripartite. «Il n'est pas question pour nous de verser dans l'ultralibéralisme» avait-il précisé. Ce qui veut dire que la régulation devra se faire de manière intelligente. Comme les grands pays que nous avons cités plus haut. C'est pour cela que Djoudi a ajouté, lors du même entretien à l'APS, que «trois groupes de travail, constitués de plusieurs ministères et pilotés par celui des Finances, s'étaient réunis il y a quelques semaines». Le premier groupe avait en charge «la régulation des importations et les modalités d'aborder cette régulation avec une série de mesures d'ordre réglementaire et d'ordre de politique économique et commerciale». Le second a travaillé sur le Credoc (crédit documentaire) et le troisième sur les transferts illicites de devises. Il est prévu un conseil interministériel, très prochainement pour arrêter des mesures sur la base des conclusions de ces trois groupes. Reste que les mesures qui seront arrêtées devront être appliquées sur le terrain. La «balle» passera alors au ministère du Commerce. Pronostic' Aucun! Pour ne décourager personne!
zoume6@hotmail.com


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