L'Algérie a-t-elle dévalué le dinar'
Non, affirme le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui apporte une nuance sémantique qui a du sens au plan du droit mais pas réellement au niveau économique. Que le dinar soit «dévalué» ou «déprécié», l'effet est le même: un pouvoir d'achat en baisse.
C'est en réponse à des déclarations faites par le président du FCE (Forum des chefs d'entreprises) lors d'un atelier organisé par l'organisation que le ministre s'est livré à des subtilités sémantiques dont le résultat, au plan de la valeur de la monnaie, est le même. Le président du FCE avait indiqué que la Banque centrale avait de fait dévalué le dinar de 10% par rapport à l'euro. Le court officiel passant ainsi à 107 DA pour un euro. Le président de l'organisation patronale avait relevé que cette mesure est intervenue alors que l'euro connaissait une baisse de l'ordre de 10 à 15% par rapport au dollar. Pas du goût des chefs d'entreprises qui voient ainsi leurs importations en intrants et en équipements devenir plus chères. Le dinar se trouve ainsi doublement dévalué par rapport aux deux devises. Du coup, cela donne l'explication : le gouvernement fait baisser la valeur du dinar par rapport aux devises pour augmenter la dissuasion aux importations qui n'ont pas baissé malgré les mesures de type administratif comme l'imposition du recours au Credoc. L'explication par le souci de créer des barrières aux importations se tient et les doutes sur leur efficacité plus forts que jamais. Pourtant, ce n'est pas sur ce terrain que le ministre a répondu. Il a choisi de nier qu'il y ait eu une «dévaluation» du dinar mais une simple «dépréciation» de sa valeur par rapport à certaines devises. «La Banque d'Algérie (BA) ne peut pas, en tant que telle, procéder à une dévaluation du dinar. La dévaluation est une décision du gouvernement qui doit avoir l'aval du Parlement», a déclaré M. Djoudi. Bref, une dévaluation est un acte législatif qui se décide au niveau institutionnel par le gouvernement avant d'être avalisé - ou rejeté - par le gouvernement.
UN MEME EFFET
La «dépréciation», elle, est le fait du marché. «Ce qui se passe par contre sont des fluctuations, appréciations ou dépréciations du dinar sur la base d'une observation continue du marché international», a expliqué le ministre des Finances en soulignant que la dévaluation est un «phénomène définitif» voire «structurel» tandis que la dépréciation est réversible. C'est, dit-il, un «phénomène cyclique» qui «peut durer une journée, deux ou trois jours avant qu'une évolution dans le sens inverse peut être opérée», a-t-il fait remarquer. Bref, il n'y a pas eu «dévaluation», la dernière remontant à l'année 1994 dans un contexte de cessation de paiement. Pourtant, le débat n'est pas sémantique. Certains utilisent, par habitude et peut-être de manière impropre, l'expression dévaluation. Mais au plan économique, c'est du pouvoir d'achat du dinar. Que cela soit le fait d'une dévaluation (acte légal) ou d'une dépréciation (évolution), ce qui intéresse des opérateurs économiques c'est ce pouvoir d'achat. Et il y a bien une reconnaissance d'une perte de pouvoir d'achat du dinar. C'est au bout du compte ce qui compte pour l'opérateur comme pour le citoyen. Le ministre des Finances a par ailleurs annoncé qu'une nouvelle loi de finances complémentaire 2012 sera élaborée afin de prendre en charge les augmentations de salaires et les revalorisations des retraites décidées en mai dernier dans le cadre de la tripartite. Pour rappel, le salaire national minimum garanti (SNMG) est passé de 15.000 dinars à 18.000 dinars.
DATA ROOM DE DJEZZY
Par ailleurs, le ministre a confirmé que le data room de l'opérateur de téléphonie mobile OTA, connu sous le nom commercial Djezzy, a été finalement ouvert à la faveur de la signature, fin décembre, d'un protocole d'accord de confidentialité avec le russe Vimpelcom, propriétaire majoritaire d'OTA. Il confirmait ainsi le déblocage enregistré dans le dossier Djezzy. «L'évaluation de Djezzy, confiée au cabinet d'affaires international Shearman and Sterling LLP - France, devrait donc être achevée dans les plus brèves échéances, nous espérons durant le trimestre en cours», a déclaré M. Djoudi. «Nous avons signé fin décembre l'accord de confidentialité qui nous permet d'ouvrir le data room et d'accéder donc aux informations de Djezzy afin de faire son évaluation financière… Maintenant, nous n'avons pas le droit, ni Vimpelcom ni moi-même, ni aucune autre partie, de divulguer le contenu de cet accord». Vimpelcom a accepté le principe d'une cession du 51% du capital de Djezzy.
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Posté Le : 21/01/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com