Le premier argentier du pays a laissé entendre hier, sur les ondes de la
radio nationale, que la loi de finances complémentaire 2011 est à 100% taillée
sur mesure pour la paix sociale, après les décisions prises en février pour
faire descendre les prix des denrées alimentaires.
L'Algérie a recours de plus en plus à une loi de finances complémentaire
pour boucler l'année budgétaire. Cette technique est, selon le ministre des
finances, Karim Djoudi, très utilisée par beaucoup de
pays, dont la France,
qui ont recours à plusieurs correctifs budgétaires pour faire face à des
dépenses imprévues. Pour le cas de l'Algérie, il en va de même, a souligné M. Djoudi.
‘'La LFC
apporte une réponse en termes de ressources financières à des mesures sociales
prises en termes de soutien aux produits de première nécessité'', a précisé le
ministre. Il a ainsi indiqué que la loi de finances 2011 (LFC) a été prise pour
budgétiser les mesures sociales et économiques prises lors du Conseil des
ministres de février dernier. Ce conseil avait pris la décision de ramener les
prix de certains produits alimentaires de base, qui avaient flambé sur le
marché national, à la portée des citoyens, après les émeutes de janvier.
La LFC 2011 a
été également élaborée pour prendre en charge les mesures de la tripartite, notamment
en direction des entreprises. La
LFC 2011 donne ‘'plus de ressources. Elle consacre 25% du
budget de fonctionnement sur l'aspect compensation des prix (lait, blé dur, légumes
secs, sucre et huile), en plus des dispositifs budgétaires de soutien à
l'emploi, et de solidarité'', a t-il précisé.
En outre, des dispositions particulières ont été prises par la LFC 2011 pour
le soutien fiscal aux investissements des PME. ‘'Il s'agit, a dit M. Djoudi, de mesures pour conforter l'outil de la croissance
nationale'', avec une inversion de la croissance économique. ‘'Entre 1999 et 2010,
il y a eu une inversion de la production nationale, avec 70% du PIB créés par
la production hors hydrocarbures, et 30% par les hydrocarbures, une baisse du
taux de chômage à 10%, et une croissance des crédits à l'économie de 16%'', relève
M. Djoudi.
Par ailleurs, il a encore confirmé l'opposition franche du gouvernement
au retour du crédit à la consommation, estimant qu'il est un élément
accélérateur de l'endettement des ménages, et qu'il (le crédit) a été surtout
utilisé pour l'achat de véhicules neufs, ce qui a provoqué une sortie de
devises.
Les banques et les avoirs extérieurs
‘'Mais, s'il y a une production nationale, on verra'', a-t-il relevé, avant
d'affirmer que les banques ne sont pas frileuses en matière de financements des
investissements. ‘'Il faut que les banques aient devant elles des projets
viables, puisque leur argent appartient aux épargnants, et que ce projet leur
permette de récupérer leur argent'', a-t-il dit sur ce sujet.
Pour autant, le gouvernement a souhaité, a précisé M. Djoudi
sur ce chapitre, ‘'partager les risques avec les PME et encourager les
investissements à travers le FNI à hauteur de 34% des projets, ainsi que la
mise en place de fonds d'investissement régionaux.
Quant aux avoirs extérieurs de l'Algérie, ‘'ils sont bons'', a dit le
ministre des Finances, selon lequel ‘'la croissance de cette liquidité ne peut
être absorbée par le marché national''. Pour la question délicate qui gêne
énormément les autorités monétaires, celle de la gestion des actifs algériens à
l'étranger, notamment par des banques américaines, M. Djoudi
a estimé que ‘'ces actifs sont bien placés'' là où ils sont. ‘'Le choix est de
limiter les risques en perte de capital, (alors nos actifs) sont placés dans
des actifs d'Etat, et pas dans des fonds souverains (privés),'' a t-il relevé, récusant
le fait que ces actifs soient mal placés, tout en laissant le soin à la Banque d'Algérie ‘'de
situer le niveau de rémunération de ces actifs''.
‘'Nous sommes dans un contexte international de grandes incertitudes
financières. Nous sommes dans une démarche de gestion prudente de ces actifs
qui sont placés dans des actifs d'Etat. C'est ce que nous faisons'', a encore
souligné le ministre, qui a été très peu loquace sur les réserves de change, se
contentant de dire que ‘'la banque d'Algérie reste souveraine pour gérer ces
réserves de change, et gère ces actifs pour protéger le patrimoine de
l'Algérie''.
Le ministre des Finances est également resté discret sur le manque
alarmant de liquidités dans les bureaux de poste, relevant seulement que cette
question ‘'concerne Algérie Poste et la Banque d'Algérie''.
Par ailleurs, M. Djoudi a été foncièrement gêné
lorsque le nouveau billet de 2.000 dinars a été abordé, et notamment sa quasi-absence
du circuit monétaire, concédant seulement que «‘le paramétrage de contrôle des
billets et des distributeurs n'est pas encore effectif.''
Côté chiffres, il a annoncé que près de 500 milliards de dinars sont
consacrés à sauver les entreprises publiques en difficultés financières, et des
mesures bancaires pour soutenir les PME privées. Pour les salaires, il a
indiqué que près de 1.600 milliards de dinars ont été prévus pour les rappels
des augmentations salariales, 850 mds de dinars payés
pour les salaires en 2010-2011, 150 autres milliards de dinars en provision
d'ici la fin de l'année, et près de 350 milliards de dinars prévus pour 2012.
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Posté Le : 07/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com