DJILALI BENAMRANE. - L'Émigration algérienne en France : passé, présent, devenir.

Un livre important, sur un sujet délicat entre tous, rédigé avant même les récents incidents et appuyé sur une solide documentation.

Après un historique qui fait ressortir les incertitudes, les changements d'attitude, du seul côté français d'abord, puis des deux côtés, depuis l'indépendance, est décrite avec minutie et, sous ses divers aspects, la situation des travailleurs algériens. Ce remarquable plaidoyer est assorti, inévitablement, de critiques à l'égard du gouvernement français, plus que des citoyens. Mais, de temps à autre, comme en tout ouvrage de ce genre, la partie adverse se voit, en somme, reprocher de défendre ses propres intérêts.

L'évocation du passé traduit souvent le contraste entre les intentions exprimées et les résultats. Ces migrants, disait-on naguère, acquerront une solide formation technique, qui leur permettra, au retour dans leur pays, d'être armés d'une qualification favorable au progrès de l'industrie. En fait, si grave que soit la situation de l'emploi en France, la réinsertion dans le pays d'origine se heurte à des obstacles sérieux, que l'économiste algérois entend surmonter par de solides propositions.

Que le gouvernement Mitterrand ait suscité, chez les Algériens, une désillusion ne paraît pas contestable et ne tient pas au seul passage au pouvoir. Sur cette question, comme sur d'autres, l'été 1981 a été entaché d'illusions sur l'élasticité de la production et de l'emploi.

Une attention particulière est portée à juste titre sur l'enseignement. Sans doute, l'auteur n'avait-il pas encore pu prendre connaissance de l'étude importante de l'INED (M. Bastide) sur l'enseignement des enfants étrangers. Il évoque bien le problème de la langue nationale (l'arabe), mais non celui des langues maternelles. Avec raison il pousse ensuite jusqu'à l'an 2000, et cette date devrait même être dépassée, tant le malaise est profond. N'est-il pas, d'ailleurs, assez vain de vouloir donner, à une question où convergent le droit, l'histoire, la démographie, l'économie, etc., une solution autre que politique ?

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