Le gouvernement
algérien ne sait toujours pas à quel véhicule financier confier le rachat des 51%
de part de capital de Orascom Telecom
Algérie (OTA- Djezzy) dont il négocie la valeur avec le
nouveau propriétaire Vimpelcom. Un moment évoquée, la piste Sonatrach
s'éloigne. Le recours à une banque publique devient plus probable. La BEA viendrait alors en tête.
Mais la
transaction est loin d'aboutir, et chaque semaine qui passe la rend plus
complexe, comme le montre la menace directe de Moussa Benhamadi
de lancer la 3G sans Djezzy.
L'entreprise
algérienne qui gèrera pour le compte de l'Etat, tout ou partie des 51% qu'il
compte acquérir dans le capital de Djezzy devrait
être une banque publique. L'option Sonatrach, sans
être formellement écartée, a reculé la semaine dernière. Les propos sans enthousiasme
du PDG de la compagnie pétrolière, Abdelhamid Zerguine, sur l'entrée de Sonatrach
dans le capital d'OTA”si l'intérêt national l'exige”,
ont bien montré que ce n'était pas là un choix intégré dans sa stratégie. Pour
un cadre de l'amont pétrolier «les enjeux propres au secteur des hydrocarbures
nous accaparent suffisamment. Je ne pense pas que l'ambiance est, à Sonatrach, en faveur d'une aventure trop au-delà de ce que
nous savons faire, comme Sonatrach a eu trop tendance
à le faire durant l'ère de Chakib Khelil.
Même le pouvoir politique en a conscience, maintenant». Une autre entreprise
publique devrait donc s'y coller. Sonelgaz, qui
détient une filiale, Elite, qui gère le réseau de fibre optique du groupe, ne
souhaite pas être détournée de ses programmes, et ne dispose pas du volant
financier nécessaire. D'où l'avancée rapide de l'idée d'une banque publique. Dans
le panel des banques publiques, c'est vers la Banque extérieure d'Algérie, BEA, que se
retournent en premier les regards, «une manière de faire acheter par Sonatrach, mais sans Sonatrach»
affirme un expert financier, la
BEA étant le partenaire bancaire qui bénéficie des recettes
d'exportation de la compagnie pétrolière. «La BEA a déjà une présence dans le tour de table de
AXA Algérie aux côtés du Fonds National d'Investissement. Elle détient un
département dédié à la gestion de portefeuille d'actifs en entreprise. Elle
paraît la plus outillée parmi ses pairs pour cela» estime l'expert.
LA TRANSACTION SE COMPLIQUE DE
SEMAINE EN SEMAINE
Les délibérations
à huis clos sur l'identité du véhicule financier public qui devrait gérer pour
le compte de l'Etat sa participation majoritaire dans le capital de Djezzy en disent long sur l'impréparation du gouvernement
algérien. L'abandon fin décembre dernier de la prétention à exercer un droit de
préemption sur la majorité du capital de OTA a été accompagné de la signature
d'un accord de confidentialité au terme duquel la data room de Djezzy est devenue accessible au ministère des Finances. Mais
les évolutions de ces derniers jours montrent clairement que la négociation sur
la valeur de OTA se complique. L'actionnaire majoritaire de OTA, Vimpelcom, ne paraît pas disposer à s'éloigner de l'échelle
de valeur fixée par Naguib Sawiris
en 2010, lorsqu'il a estimé que le gouvernement algérien devait débourser
l'équivalent des 7,8 milliards de dollars proposés par l'opérateur sud-africain
MTN pour Djezzy. L'opération avait capoté suite à
l'opposition d'Alger à la transaction. La déclaration du ministre des postes et
des NTIC, Moussa Benhamadi, ce lundi selon laquelle
il n'excluait pas de lancer la 3G sans attendre le dénouement de l'affaire Djezzy est un signe d'extrême nervosité dans la relation
entre les deux parties. «Exclure Djezzy de la 3G est
une manière d'aggraver sa décote vis-à-vis des autres opérateurs» explique un
spécialiste du secteur. «Déjà à la base un opérateur 2G n'a pas une grande
valeur technologique. Le maintenir en dehors de la 3G c'est réduire encore plus
son attractivité pour les investisseurs». Si la menace de Moussa Benhamadi venait à être mise à exécution, ce qui au passage
pénaliserait les abonnés de Djezzy
en premier lieu, elle pourrait signifier qu'un accord est très loin d'être
trouvé sur la cession de 51% de son capital. Mais de cela il ne fallait pas
attendre cette sortie ministérielle pour se convaincre.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 21/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Samy Injar
Source : www.lequotidien-oran.com