Auparavant, Djelfa, c'était pour les Indigènes, une étape des nomades du Sud, remontant vers le Tell en période de transhumance (l'achaba)
en passant par les Hauts-Plateaux, le "chemin des crottes de moutons (khot't' el ouguid)".
A 300 km au sud d'Alger, et parallèles à la mer, s'étendent les chaînes de l'Atlas Saharien, de la frontière marocaine
jusqu'à la dépression du Hodna: Monts des Ksours, du Djebel Amour, des Ouled Naïl et du Zab.
Entre ces chaînes, se sont formées des plaines d'alluvions comme celle de Djelfa ( 1 100 mètres) qui facilitent le passage de l'Atlas,
vers les Hauts-Plateaux du nord et le Sahara, au sud.
C'est ce qui explique que l'Homme s'y est installé depuis les temps préhistoriques nous laissant en témoignage des outils de pierre,
des gravures rupestres d'éléphants, rhinocéros, antilopes... et des tombeaux en forme de dolmens, ceux des premiers Berbères.
Vers la fin du IIème siècle de notre ère, les Romains voulant exploiter les riches terres à céréales du Tell,
refoulent les tribus berbères vers le sud et pour protéger leurs exploitations agricoles, ils établissent une ligne fortifiée,
le "limes" qui passe par Aumale, Boghar, Tiaret ...
Depuis Boghar, ils descendent vers les Hauts-Plateaux et le Sahara construisant des postes militaires afin de contrôler
les tribus nomades du Sud, les Gétules. C'est ainsi que sera édifiée la citadelle de Castellum Dimmidi (Messad) aux portes du désert et,
sur son chemin, le poste fortifié de Djelfa.
Nous ignorons aussi bien le nom berbère du site que le nom du poste romain.
Nous sommes alors en 198 après J.C.
Puis les siècles vont passer, l'Empire Romain s'effondre. Et il faut attendre le Moyen Age pour voir réapparaître Djelfa dans l'histoire.
La région est parcourue par des tribus berbères nomades (les Zénètes), des grandes familles des Ghomra et des Maghraoua.
Les Monts des Ouled Naïl sont, alors, appelés Djebel El Mechentel, nom dont nous ignorons la signification.
La conquête de l'Afrique du Nord par les Arabes (647-720) fera des Musulmans de ces Berbères.
Mais, ils adopteront tous le schisme de l'Islam pour se révolter contre les Khalifes d'Orient:
rite kharedjite avec le Royaume de Tâhart (761-909), rite chi'îte imposé par la dynastie Fatimide
qu'ils rejetteront lors de la révolte du karedjite Abou Yazid, vers 940...
Mais, à partir de 1052 arrivent au Maghrib les tribus nomades arabes des Beni Hilal (tribus Raih, Athbedj et Zoghbas).
Dans la région de Djelfa, les Ghomra et Maghraoua doivent se soumettre aux tribus Zoghbas de la branche des Ouled Oroua ibn Zoghbas ibn Feragh ibn Naïl.
Ce sont les tribus que nous appelons Ouled Naïl.
Entre 1184 et 1235, tribus berbères et arabes aux moeurs nomades très proches vont se rapprocher et fusionner.
Le nomadisme va triompher. Les tribus du nord sèment le blé dans la plaine de Djelfa en automne,
puis vont en faire autant au printemps sur les Hauts-Plateaux.
Les Ouled Naïl se déplacent avec leurs troupeaux de moutons d'où le nom de "chemin des crottes" (de moutons) donné aux Hauts-Plateaux
qu'ils vont parcourir.
Quand les Turcs des frères Barberousse et de leurs successeurs vont conquérir l'Algérie, dans ses limites actuelles,
ils ne viendront dans la région de Djelfa, fief des tribus hostiles (rraia) qu'une fois l'an, pour lever les impôts,
et bien souvent les Ouled Naïl éviteront le fisc en s'enfuyant dans le désert.
Mais voilà que le 14 juin 1830, les Français débarquent à Sidi-Ferruch, prennent Alger le 5 juillet
et vont commencer la conquête de l'Algérie.
La résistance est animée par l'émir Abdelqâder, contre les "Infidèles".
Les Ouled Naïl comptent parmi les plus fidèles à l'Emir.
Après la reddition de l'Emir (24 décembre 1847), les tribus du Sud restent hostiles aux Français, participant à plusieurs insurrections.
Aussi le gouverneur général Randon décide-t-il d'occuper Laghouat, centre d'agitation de ces tribus.
Et pour assurer la sécurité des communications entre Alger et Laghouat, il faut construire des postes militaires.
Laghouat est prise le 4 décembre 1852 par le général Youssouf et le poste militaire de Djelfa est construit pour protéger
le passage des Monts des Ouled Naïl et pour surveiller ces tribus (novembre-décembre 1852).
Un village indigène va naître à côté du bordj, ou va s'installer le caïd des Ouled Naïl.
Bientôt vont arriver des Européens, commerçants, artisans, puis agriculteurs attirés par la bonne qualité des terres recupérées
sur les marais de l'Oued Djelfa.
Le marché aux moutons va prendre une importance considérable et deviendra l'un des plus importants de l'Algérie.
Un barrage sur l'Oued Mekhelkhal apporte l'eau, en abondance, au village qui peut se développer.
Et effectivement, devant le peuplement "européen" du centre, l'administration prend conscience de la nécessite d'y créer un "centre de colonisation",
après une longue étude commencée en 1854...
Par décret du 20 février 1861 de l'Empereur Napoléon III, ce centre est créé... au lieu-dit Djelfa dont il portera le nom.
Mais pourquoi ce toponyme de Djelfa.
Bien sûr, les Français n'ont fait que reprendre le nom de cette plaine intérieure des Monts des Ouled Naïl
que les Indigènes appelaient plaine de Djelfa.
Mais encore quelle était l'origine de ce nom de Djelfa ? Mystère Je n'ai trouvé qu'une proposition à ce sujet.
Voici ! Les Ouled Naïl, qui parcouraient la région et la plaine qui portera ce nom, désignaient sous le vocable de "djelfa'": une terre inondable.
Et c'était bien le cas de notre plaine intérieure, plaine de comblement d'alluvions située entre les crêtes de la montagne.
En effet l'hiver, les eaux de pluie transformaient cette plaine (en forme de cuvette) en marécage,
faute de relief permettant l'écoulement des eaux vers l'extérieur.
Hypothèse qui a le mérite d'imaginer la topographie des lieux, de leur régime hydrographique et... d'être la seule connue !
Comme l'écrivent les anciens historiens arabes lorsqu'ils sont dans l'incertitude:
"Si nous ne le savons pas, Rabbî â'alam, Dieu le sait, Lui seul connaït la Vérité, car Il est le plus Savant... "
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Posté Le : 22/05/2005
Posté par : nassima-v
Source : www.djelfa.com