Algérie

Djebel Edough à Annaba: Un patrimoine naturel dévalorisé



Djebel Edough à Annaba: Un patrimoine naturel dévalorisé




Dans quelques semaines, avec les premières escapades printanières vers la sublime station de Séraïdi, qui coiffe la montagne vénérée des Annabis, les promeneurs, au retour, dans la descente, vont découvrir avec stupeur que l’un des plus grands plaisirs de cette virée leur a été ôté, arraché, volé.

Ils n’auront plus droit aux fabuleux panoramas qui s’étendent des confins d’El Kala à l’est, aux forêts de Beni Salah au sud, et à l’immensité du lac Fetzara à l’ouest.

Assis aux volants de leurs voitures, ils ne les verront plus car, en remplacement du garde-fou en glissière métallique, il se construit sur une distance de 5 km, déjà 2 km de réalisés, un mur plein en béton, haut de 1,20 mètre et qui bouche la vue.

Pour s’offrir le spectacle de la plaine, il faudra se garer avec tous les risques que cela suppose, et lorsqu’il y aura eu assez de monde et d’accidents, on va élargir la route en tapant dans le talus et balafrer ainsi la montagne sacrée des Bônois. La Coquette va perdre de la sorte l’un de ses inestimables atouts touristiques.

Ce sont de jeunes habitants de Séraïdi, amoureux fous de la nature et de leur montagne, qui ont lancé le cri d’alarme. Trop peu nombreux pour se faire entendre, ils tentent de rallier du monde à leur cause, avant que le crime ne soit complètement consommé.

Pour eux, en plus de la perte du plaisir des yeux dans la descente, de la balafre dans le paysage, il y a aussi le morcellement du flanc de la montagne qui barre le chemin aux animaux avec cet obstacle infranchissable pour eux, et contraints alors de se retrancher sur une partie de leur territoire, avec un gros risque pour leur survie.

Le coup est parti et on ne sait pas vraiment comment une réalisation aussi délicate a-t-elle pu être admise et autorisée.

Dans les services concernés de la DTP, on nous répond que cet ouvrage est indispensable à la sécurité des usagers de la route et la preuve en est que le premier tronçon a sauvé des vies lors des dernières chutes de neige.

Mais là n’est pas le problème, des glissières solides et esthétiques auraient pu faire de même tout en préservant la vue.

Ou encore, nous disent les défenseurs de l’Edough, un mur en bêton moins massif, pas forcément plein et aveugle.

Le djebel Edough est en passe d’être classé Parc national pour son exceptionnelle biodiversité, notamment ses subéraies de chêne liège et de chêne zen et les habitats qu’elles offrent aux animaux et aux plantes.

Des études sont menées mais ont-elles encore un sens avec une perte certaine de sa valeur biologique, esthétique et aussi économique, si on ne considère que le tourisme?


Slim Sadki



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