Algérie

djebel de chélia



djebel de chélia


- Les noeuds sacrés de la vraie amitié se forment bien plus facilement sous un humble toit et dans les cabanes des bergers que dans les palais des rois.


Il y a deux sortes de bergers parmi les pasteurs des peuples : ceux qui s'intéressent à la laine et ceux qui s'intéressent aux gigots. Aucun ne s'intéresse aux moutons.


Voilà ce que c'est que les moutons. Ils obéissent aux chiens qui obéissent aux bergers qui obéissent aux astres.


-Chikh Dhieb





Chikh Dhieb est le premier homme de la tribu qui s’occupe de sa gestion et veille sur les grands, sur les petits et il la défend comme s’il était le seul homme.



Chikh Dhieb s’est marié avec sept femmes dans le but d’avoir des enfants, mais aucune d’elles n’a enfanté. Après sept années de recherche, il rencontra une jeune fille qui accepta enfin de se marier avec lui.



Chikh Dhieb élevait de nombreux moutons. Il fit appel à un berger et sa famille pour le loger chez lui. Le berger veillait aux soins des moutons et les faisait paître, tous les jours.



Les deux femmes (de Chikh Dhieb et du berger) tombèrent enceintes, le même jour et donnèrent naissance la même nuit, à deux jolis poupons. La joie de Chikh Dhieb fut à son comble, il prénomma son enfant « Messaoud » et celui du berger « Saïd ».



L’enfant du Chikh Dhieb était faible de corpulence, mais celui du berger était fort. Au service de la maternité du village, les deux enfants furent échangés. L’enfant du berger devint celui de Chikh Dhieb et celui du Chikh devint celui du berger. Les deux enfants grandirent ensemble sans connaître la vérité.



Chikh Dhieb ne parlait qu’avec des maximes et des proverbes et le berger ne comprenait pas le discours du Chikh, mais Saïd répondait au Chikh dans le même langage en utilisant des maximes et des proverbes ce qui étonna Chikh Dhieb.



Un soir, lorsque les étoiles garnissaient et embellissait la voûte céleste, les gens de la tribu se réunirent, autour d’un thé. Chikh Dhieb fit un discours rempli de maximes et de proverbes comme à l’accoutumée :

« Depuis sept ans j’ai été à la recherche de ta mère et à la huitième année entre son début et sa fin, tu arrivas, toi fils de Dhieb dont l’intelligence te fait défaut. Je t’ai arraché d’un arbre aux origines connues, et toi, fils de Dhieb l’intelligence te fait défaut. »



Chikh Dhieb regarda l’enfant du berger et sa femme. Un silence lourd s’installa dans toute la pièce. Chikh Dhieb possédait une très belle pouliche qui estimait beaucoup. Sa femme lui dit un jour :

« O ! Chikh Dhieb ! Donne moi la pouliche comme droit à l’héritage ».

Il lui répondit :

« Pars dans la tribu et apporte moi, au moins les trois réponses aux trois petites charades suivantes.



*Quel est le meilleur nom ? Quel est le meilleur manger ? Quel est le meilleur habit ? Et tu auras droit à ce que j’apprécie le plus, la pouliche.



L’épouse se rendit chez ses parents qui lui apprirent :

« le meilleur nom est Amar, le meilleur vêtement est le vêtement rouge et le meilleur manger est une assiette de dattes » la femme de Dhieb revint avec cette réponse.



Au retour, elle rencontra Saïd, son fils (prétendument enfant du berger) en train de faire paître ses moutons, elle l’informa des solutions des charades qu’elle venait de rapporter de chez les gens de sa tribu.



L’enfant lui dit qu’elle était dans l’erreur. La vérité serait toute autre et qu’elle ne devrait dire à personne s’il lui apprenait la réponse juste.



*Le meilleur nom serait celui de Mohamed (que le salut de dieu soit sur lui), le meilleur manger serait le repas ou l’on trouve au moment ou l’on a faim, le meilleur habit serait celui qui couvrirait notre corps pour nous protéger.



Elle retourna chez son mari avec les solutions des charades. Chikh Dhieb s’étonna et dit :



« Ces idées ne peuvent appartenir à quelqu’un d’autre, elles sont miennes. Elles appartiennent aux gens de ma lignée. »



Sa femme lui cacha la vérité, mais pour découvrir celui qui a donné la solution, Chikh Dhieb fit annoncer par un émissaire que les chameaux s’étaient égarés et que le berger était mort.



Chikh Dhieb se cacha dans un lieu à partir duquel il pouvait entendre les paroles de sa femme quand celle-ci apprendra la nouvelle, sans se faire voir. La femme en pleurs dit alors :

« Depuis peu, je l’ai rencontré ! Je l’ai rencontré ! » Chikh Dhieb comprit tout de suite et dit :



« S’il ne répondait pas à mes questions, je le renverrais avec ses parents ».

Au retour des pâturages, l’enfant Saïd dit alors :



« Peut être, que vous allez me renvoyer dans les deux cas vainqueur ou vaincu.

Etonné Chikh Dhieb lui posa la question sur ce qu’il entendait par vainqueur ou vaincu ».



En guise de réponse l’enfant lui répondit en lui posant une question :

« Dites moi qui peut vaincre les femmes, qui peut vaincre les chevaux, qui peut vaincre la force de l’eau et qui peut vaincre les chameaux ? ».



C’est la première fois que Chikh Dhieb se fait attraper, alors l’enfant prit la parole et lui dit :



*Les vainqueurs des femmes sont bien leurs enfants.

*Les vainqueurs des chevaux sont bien ceux qui les montent (les cavaliers).

*L’eau et les chameaux sont vaincus par la cote.



Chikh Dhieb eu des doutes, il se dit : « c’est certainement mon fils au lieu d’être celui du berger ». Il ne voulut pas précipiter les choses, il préféra réfléchir à une nouvelle solution qui l’éclairera.



Pour s’assurer que c’était bien son fils, il lui fit recommencer le test. Il l’appela et lui demanda de contribuer à certaines explications de charades. Il lui dit :



*Le devant des chameaux ?

L’enfant ne répondit pas, le Chikh continua :

*Les cotes des chameaux ?

L’enfant demeura silencieux, le Chikh reposa une nouvelle question :

*L’arrière des chameaux ?

L’enfant garda de nouveau le silence, Chikh Dhieb l’interpella :

« O propriétaire des chameaux, les cotés des chameaux, l’arrière des chameaux ? »



Chikh Dhieb s’emporta et le traita de berger d chameaux. L’enfant ne put se contenir et dit :

« Oui, Monsieur ! »



Pourquoi n’as-tu pas parlé ? dit alors Chikh Dhieb.

L’enfant répondit :

*Le devant des chameaux est bien les cous des chameaux, les cotés des chameaux sont bien leurs flancs, l’arrière des chameaux est bien ce qui suit les chameaux dans leurs déplacements.

-Le propriétaire des chameaux est bien le maître qui les commande.



Chikh Dhieb comprit qu’il s’agissait bel et bien de son fils. Il garda le secret.

Un jour, Chikh Dhieb ordonna aux deux enfants d’aller chercher de nouveaux pâturages pour les moutons. Il donna à chaque enfant un cheval, une galette et un sabre.



Les deux enfants s’absentèrent pendant un long moment. Ils ne trouvèrent qu’un ciel noir, une terre désertique et des traces d’une caravane de chameaux.



A partir de ces traces, Saïd, fils du berger put découvrir que dans la caravane se trouvait un chameau borgne, un autre mutilé, une femme enceinte et une chienne avec ses chiots.



Les deux enfants retournèrent à la maison et informèrent Chikh Dhieb de ce qu’ils avaient vu pendant leur déplacement. Alertés les gens de la tribu se réunirent pour débattre de la présence de cette caravane dans leur contrée, sans avoir été vue.



Le jeune Messaoud, fils du berger, plus connu du nom de fils de Chikh Dhieb annonça le premier qu’il n’avait rien vu durant son voyage. Mais l’enfant Saïd, plus connu sous le nom de fils du berger dit qu’il avait constaté la présence d’une caravane inconnue composée de plusieurs chameaux dont un était borgne parce qu’il arrachait l’herbe sur le coté droit du chemin et abandonnait celui de gauche. Le chameau mutilé rejetait ses crottes éparpillées, dispersées. Et il ajouta : « N’avez-vous pas entendu parler que la crotte est le signe de la présence du chameau et le cosmos est le signe de la présence de !dieu ».



«Quant à la présence d’une femme enceinte parmi la caravane, c’est quand elle s’asseyait, elle s’agrippait à l’absinthe pour se tenir et déraciner, Par contre, la présence de la chienne se remarquait à la trace que’ laissaient ses pattes arrières sur le sol lorsqu’elle voulait vérifier la présence de ses chiots portés sur le dos du chameau.



Chikh Dhieb dit alors : « Ecoutez, O ! Responsables de la tribu ! Le jeune Saïd est mon vrai fils. Je pense qu’il y a là une erreur qu’il faudra réparer. Que tout le monde sache qu’il est mon fils ! Quant à Messaoud, il n’est pas mon fils, car il est le fils du berger.



L’assistance fut intriguée, un silence lourd et glacial pesa sur ce parterre d’hommes. Un moment après, quelqu’un de l’assistance dit : «O ! Chikh Dhieb ! Comment as-tu su que Saïd est ton fils ?



Chikh Dhieb répondit avec assurance : « Ne voyez vous pas son intelligence et sa sagesse ? Et il continua : Trouvez vous ces qualités chez le fils d’un berger ?



Un autre répliqua : « Mais dieu peut donner la sagesse à qui, il veut, O ! Chikh Dhieb ! Il n’ y a pas de différence entre les enfants du pauvre et ceux du riche ».



Chikh Dhieb reprit : « Saïd est mon fils et je ne l’abandonnerai point quoiqu’il m’en coûtât ». Les deux jeunes restèrent abasourdis. Après une discussion des plus animées, l’administrateur dit :



« Questionnez les deux mères de Saïd et Messaoud et la vérité éclatera au grand jour ! », les mères reconnurent que les deux enfants furent échangés, le premier jour de leur naissance ;



L’assistance regarda les deux jeunes restés bouches bées. Quelques uns de l’assistance sortirent de la tente, discutèrent pendant un long moment et revinrent en disant :



« Puisque les femmes ont reconnu les faits, que chaque enfant aille vivre avec sa propre famille ». L’étonnement fut très grand, ce fut gravé à jamais dans la mémoire des gens, l’histoire se perpétua de génération en génération.

(Contes populaires algériens

yabous le 15/06/2010



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