Djaout, les pompiers et la voix de Tebboune

Quand Tahar Djaout a été lâchement assassiné dans le parking de sa cité par les terroristes, un journaliste particulièrement (mal) inspiré s'interrogeait le lendemain sur l'étrange rapidité de la... Protection civile dont le véhicule est arrivé sur les lieux une poignée de minutes après l'attentat. Au point où en étaient les choses, on pouvait lui concéder qu'effectivement, ce n'était pas dans la tradition des services de secours algériens d'être si performants. Sauf que cette fois-ci, il n'y avait aucun mystère : la bâtisse de la Protection civile de Baïnem est située à quelques dizaines de mètres de l'endroit où habitait le journaliste et écrivain qui venait d'être assassiné. Le journaliste en question tenait manifestement une « tribune » et il aurait pu s'éviter le ridicule des « faits ». Après tout, il était parfaitement « libre » de soutenir que les assassins de Djaout n'étaient pas ceux à qui on pouvait spontanément et naturellement penser. Il y en a beaucoup qui l'ont fait et la « thèse » a même prospéré au point de devenir un... courant politique transpartisan. Les « partisans » de cette théorie ont souvent été confondus par les faits, y compris par ceux-là mêmes qu'ils voulaient absoudre de leurs crimes. Et pour cause, ces derniers revendiquaient leurs forfaits ; ils tuaient et ils tenaient à ce que ça se sache ! Dans leur tête, il n'y avait pas de tuerie inutile, sinon, ils n'auraient pas pris de risque pour ça. L'analogie qui va suivre est de pure forme, histoire d'éviter toute extrapolation. Depuis que le chef de l'Etat est absent, plus précisément depuis l'annonce de son hospitalisation en Allemagne, beaucoup de choses ont été dites. Les services de l'Etat ont mal communiqué ou... ne voulaient pas communiquer. Les Algériens sont inquiets et il y a de quoi. L'intervention d'Abdelmadjid Tebboune sur Twitter n'est pas un exemple de savoir-faire en matière de com, surtout en ces moments sensibles où il s'agit de rassurer. Les Algériens sont libres d'être pour ou contre Tebboune, d'estimer qu'il a été mal ou pas du tout élu, de manquer donc de légitimité. Ça, c'est de la politique. Et les... faits alors ' Aller en chercher dans le maquillage du chef de l'Etat, dans les sonorités de l'enregistrement, dans sa tenue vestimentaire et son rasage et en tirer les conclusions les plus invraisemblables, ce n'est pas très sérieux. En tout cas, ce n'est pas plus rassurant que la communication officielle. Les Algériens en ont l'habitude ' Peut-être d'une partie comme de l'autre, ils sont en droit d'attendre autre chose, surtout en ces temps de trouble et d'inquiétude.S. L.