Algérie - Revue de Presse

Djamila Harred : Aussi beau qu'un bijou !


Dès que j'eus franchi la porte de Djamila Harred, une bijoutière de la place des Martyrs à Alger, et vu les parures qu'elle a réalisées, j'ai eu un étonnement et eu, malgré moi, un « ah » ! Ce qui étonnait dans ses parures, ce n'était ni le luxe ni le miroitement de pierres ou de métaux précieux (elles étaient réalisées en cuivre, en laiton ou en argent), mais son génie créateur, son invention, son originalité. « La vénule d'une pierre simple, dit-elle, un dessin de fissures surprenant, un jeu insolite de la nature séduisent quelquefois plus que le joyau le plus précieux. »L'artiste semble jouer avec le métal. Dans ses mains, il acquiert des formes vivantes, changeantes, tour à tour flamme légère qui jaillit et frissonne, perles de rosée, dentelle fine, plis et volant d'une étoffe simple et docile au toucher. Ainsi montée, toute pierre est belle, précieuse ou simplement « fine » ou « dure », servant à la fabrication d'objets d'art.Les ornements les plus originaux sont ceux où l'artiste remplace les pierres par des petits « morceaux » taillés de corail dont les sujets sont inspirés de l'histoire et du folklore algérien (1). De vraies 'uvres d'art dont beaucoup et pour cause sont conservées dans le musée d'art traditionnel sis à quelques encablures du local de Djamila Harred.L'art de cette bijoutière créatrice porte incontestablement l'empreinte de la tradition nationale séculaire (2), matérialisée avant tout par l'air de bonté et de tendresse de ses créations. Je me suis rappelé soudain, en les examinant, cette croyance algérienne ancienne : ce qui est fait avec passion et amour porte joie et bonheur.Djamila affectionne les motifs algériens, nés dans l'antique berberie, pour leur gaieté, et leur verve généreuse. De tout temps, pour traiter le métal, les artisans algériens ont eu recours au filigrane et au cintrage, travail rien moins que simple, surtout pour des mains de femme. On l'oublie, toutefois, aussitôt en admirant les bagues, les boucles et les bracelets de Djamila Harred, tellement, par leur harmonie et leur naturel, ils semblent être créés par la nature elle-même. « A tout prendre, je n'invente rien, dit Djamila, mes ornements, mes lignes, je les emprunte à la nature. » Elle promène un regard dans l'atelier encombré de gerbes de fleurs séchées, de brindilles et d'herbes. On ne peut rien faire de mieux. (1) + (2) - Voir le beau livre de M. Kouaci : gravures 49, 51, 88 et 93. Editions ENAG, Alger 2007
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