Algérie

Djamel Laïdouni. SG du Syndicat national de la magistrature (SNM)



« Je n?ai jamais reçu d?instruction »  Les magistrats se disent surmenés, quelles répercussions cela a-t-il sur le rendement de la justice ?  Le travail du magistrat est spécifique. Il se fait au sein de la structure ainsi qu?à la maison. Après un certain temps, le surmenage est naturel. Il faut faire la différence entre le travail du procureur, celui du juge de siège et du juge d?instruction. Il y a certainement trop de dossiers par rapport à la démographie du pays. Le nombre de magistrats en fonction ne saurait y suffire. Mais lorsqu?il y a une centaine de dossiers à traiter quotidiennement, il faut savoir que la charge de travail est divisée par trois. Il y a des dossiers qui doivent être traités sur place, d?autres sont reportés? Les délibérations sur un dossier peuvent s?étaler jusqu?à trois semaines.  Les affaires délicates réclament plus de temps. Les magistrats se plaignent des « notes » leur enjoignant d?accélérer la prise de décision? Les magistrats prennent naturellement leur temps dans le traitement des dossiers délicats. Ils doivent accélérer leur décision uniquement dans les infractions simples comme pour le code de la route ou un flagrant délit de vol de portable. Il appartient au juge d?apprécier la durée que devra prendre le traitement d?un dossier. Ceci dit, dans les années passées, les dossiers étaient jugés en deux ou trois ans, parfois plus. Ce sont les citoyens qui subissaient les conséquences. A présent, les jugements sont donnés dans un délai maximum de 6 à 8 mois. Mais il est évident qu?une affaire qui doit durer une année ne sera pas traitée en un mois. Il ne faut pas dépasser les délais afin d?éviter les détentions abusives. Il nous faut une justice forte et indépendante et non pas une justice lente.  Mais les magistrats se plaignent des pressions dont ils font l?objet. Ils doivent rendre des comptes à chaque fin de mois, ils estiment que la tutelle est plus préoccupée par les statistiques que par la justesse des décisions?  A un moment, les magistrats devaient rendre des comptes chaque semaine. C?est dans l?intérêt du citoyen et non pas dans celui du magistrat. Il faut chercher des solutions quant à la charge trop importante de travail. Il serait peut-être préférable qu?il y ait un désistement de quelques infractions, le blocage des recours, appels et cassations ou la réconciliation qui, au demeurant, existe aux Etats-Unis.  Dans les affaires dites « délicates », est-ce que le juge prend seul sa décision ?  A vous entendre, l?on croirait que le juge est en permanence collé à son téléphone à attendre des instructions. Il n?y a rien de cela. Je parle en mon nom, mais je sais que les magistrats partagent mon avis. Je peux le jurer devant Dieu, je n?ai jamais reçu d?instruction de la part de qui que ce soit. Le courage et la compétence des magistrats algériens les rendent indépendants.  Les magistrats sont souvent accusés, à tort ou à raison, de corruption, qu?en est-il réellement ?  Ce mal a gagné tous les secteurs. La corruption n?est pas inhérente à la magistrature. Elle n?est certainement pas plus importante dans la justice que dans les autres secteurs. Le Syndicat national de la magistrature a toujours dénoncé ces pratiques. Mais il faut s?intéresser aux sources du fléau.


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