Algérie

DJAMEL LAHLOU à la conquète...



DJAMEL LAHLOU à la conquète...
Djamel Lahlou: A la conquête de l'Amérique du Nord
Par Saliha. Aouès (Nass-Bladi) 2/15/2008


Djamel Lahlou ne savait pas qu'en émigrant au Canada, l'eldorado des Algériens des années 1990-2000, il allait percer dans la musique qui n'était en fait jusque-là qu'un penchant de jeunesse. Lui qui comme tous les Algérois versés dans le chaabi, aimait à écouter les vieux de la vieille
Il les a aussi fréquentés (les mélomanes de chaâbi) et s'est laissé avec plaisir influencer, au point de fredonner des airs, d'apprendre des mélodies, de les chanter de tête... Pourtant, ce n'était qu'un jeune étudiant à l'université d'Alger et d'Ottawa. Il a étudié les sciences politiques et les relations internationales et se vouait à un tout autre avenir.
Quelques tentatives professionnelles sans lendemain, comme le journalisme, qu'il a exercé à Actualité Economie, à El Khabar, en plus, plus tard, des collaborations avec des journaux communautaires montréalais. Puis il s'essaye à l'administration au sein du ministère de l'information. Des expériences professionnelles qui l'échaudent, et il décide d'aller voir ailleurs. Il embarque pour l'aventure et tente l'émigration avec cet ultime espoir de pouvoir enfin accrocher et s'accrocher à quelque chose.
Il se retrouve en Amérique du Nord et est confronté à la débrouillardise, il finit par trouver un filon qui lui assure ainsi qu'à ses proches, la subsistance nécessaire. Il se fait chauffeur de taxi et gagne honnêtement sa vie. D'autant qu'il est marié et père de deux enfants. Une union qui a aujourd'hui 14 belles années. Son épouse Souâd qui fait carrière dans les finances reste à l'écoute du hobby de son mari. Tout comme son ainée Sara, 13 ans, et Ali, 10 ans, qui suivent de près l'itinéraire artistique de leur père.
Et il fera long feu, puisque Djamel y est depuis 1989, Rien que ça! 18 bonnes années bien remplies, bientôt 19, qui l'ont vu renforcer son métier de chauffeur de taxi, se forger une place dans la communauté canadienne, se faire une place honorable dans la société et enfin vaquer à ses penchants artistiques enfin! Car, le vieux démon de la musique s'est réveillé en lui comme un reflexe qui revient machinalement. Il ne déteste pas ça.
D'autant que son dada lui est restitué de mémoire mais aussi de passion avec la même émotion qui lui fait épouser cet itinéraire d'artiste, qui fait bon ménage avec le travail de chauffeur de taxi. D'autant qu'à cette époque là, le Canada hébergeait sur son sol de nombreux Algériens avec lesquels Djamel aime à se retrouver, histoire de garder l'odeur du bled intacte. A Montréal où il s'établit en ce temps-là avec quelques compatriotes, plus nombreux de beaucoup par rapport à ceux qui ont choisi de faire escale dans les premières vagues, il arrive à s'intégrer facilement au point où il s'associe avec d'autres nationaux dans un collectif créé au service de la culture algérienne.
A la naissance don de l'Union des artistes algéro-canadiens (UDAAC), il s'adonne à son nouveau hobby et s'y consacre dès que son taxi le libère de ses engagements quotidiens. Il est alors de tous les coups de cette organisation strictement culturelle qui rassemble les artistes algériens du Canada. C'est de là qu'il commence à donner suite enfin à son penchant artistique.
Aujourd'hui, il dit avoir plus de plaisir à écrire et à composer des chansons. Celles qu'il interprète dans les différents spectacles auxquels il prend part ou qui sont concoctées pour et avec lui. Et ce répertoire, il le chante, l'explique "comme pour introduire ma culture par le biais de ma guitare et mon verbe".
A cette passion s'ajoute un apprentissage précoce d'un instrument de musique. Il commence à gratter à la guitare dans sa houma natale très jeune. Il en possède plusieurs et qu'il se confectionnait lui-même. Parce que l'instrument fétiche était fabriqué avec une boite d'insecticide, un manche à balais et du fil de pêche.
Et son premier vrai apprentissage lui vient de son voisin à Diar El Djemaa, Cheikh Ennamous. De là, il ressent le besoin de se perfectionner et il rejoint l'association musicale El Andaloussia, "pour placer avec méthode mes connaissances disparates des noubas et modes de la musique andalouse", souligne-t-il..
« Qui pouvait dire qu’à Montréal je pouvais compter sur le côtoiement des chouyoukhs de cette musique, qui m’ont donnés généreusement lors de leurs différents passages dans cette ville canadienne, le concentré de ce qu’ils savent de cette musique. Que ce soit avec le regretté Guerrouabi, idir, El Kobbi, Chaou, Nadia benyoucef, chebba fadéla, Karima, chaouli, hamidou, Djaâfri, Hamdi Bennani et la liste est encore longue. Je les ai reçu chez moi, je leur ai fait découvrir la ville dans mon taxi, je les ai accompagné sur scène… »
Puis une fois au Canada, il était bien loin de pouvoir donner suite à sa musique car, confie Djamel : « Qui pouvait dire qu’à Montréal je pouvais compter sur le côtoiement des chouyoukhs de cette musique, qui m’ont donné généreusement lors de leurs différents passages dans cette ville Canadienne, le concentré de ce qu’Ils savent de cette musique. Que ce soit avec le regretté Guerrouabi, Idir, El Kobbi, Chaou, Nadia Benyoucef, Chebba Fadéla, Karima, Chaouli, Hamidou, Djaâfri, Hamdi Bennani et la liste est encore longue. Je les ai reçu chez moi, leur ai fait découvrir la ville dans mon taxi, les ai accompagnés sur scène… non sans les bombarder de questions.
Je suivais et guettais leurs gestes, leur comportement, leur façon de faire dans le moindre détail quand ls étaient face au public. Une manière pour moi d’analyser leurs faits dans l’espoir de déceler les secrets de la profession et tout ce qui fait d’eux des Maîtres de la chanson. C’est clair que je trouvais souvent réponse à mes questions après réflexion et j’en étais à chaque fois convaincu. J’ai tiré aussi de ces situations bien des leçons. Et puis ce contact régulier dans la cour des grands m’a permis d’apprivoiser les ficelles du métier et de me familiariser avec les attitudes et les situations propres à la musique au monde du spectacle et de les adopter en toute circonstance. »
Ainsi donc retourne Djamel Lahlou à « son chaâbi » avec ce naturel qui ne l’a jamais quitté, en fait pour ce genre musical algérien du patrimoine. Il adhère à l’idée de mettre sur rail une association et sa concrétisation ne se fait pas désirer.
Avec un groupe d’amis complètement acquis à ce projet en faveur de la culture nationale, il fonde ce regroupement qui réunit en son sein pas moins de 50 artistes.
Djamel Lahlou est désigné membre responsable au sein de cette association, puisqu’ il lui est proposé d’assurer le poste de secrétaire général. Il prend à cœur cette proposition et il abat de l’ouvrage pour non seulement démontrer que cette initiative est louable et profitable à la communauté algérienne au Canada et par ricochet à d’autres nations, puisque à partir de ce pays d’accueil, il est loisible à cette association de faire parler d’elle, de tisser des liens avec « l’étranger » et pourquoi pas de provoquer cette autre relation privilégiée avec la communauté algérienne vivant sous d’autres cieux. Tout un programme dont l’application sur le terrain a pris un certain essor, et ce depuis deux ans.

L’INTEGRATION PAR LA MUSIQUE

Cet épanouissement, Djamel le vit personnellement comme une victoire à part entière. Une victoire sur la désinformation qui prévaut outre mer et donc comprendre par la mauvaise image qui s’est incrustée à la faveur de la décennie noire vécue par notre pays et qui a du mal à se faire soigner.
Une victoire aussi sur cette idée surfaite que l’on a à l’extérieur du pays de l’Algérie et des Algériens. D’où la nécessité de la corriger en apportant de rectificatif à travers des actions concrètes, instructives, réelles et tangibles. Et pas mieux que la manifestation artistique pour exprimer les non-dits, le vrai visage d’un pays et celui d’un peuple.
Le créneau culturel alors est tout trouvé. Il est cependant incontournable de la bonne santé d’une nation, dont il est fait figure dans tous les domaines de la création, de l’épanouissement, de l’existence de la vie d’un peuple, de ses valeurs et de ses repères.
Ce sur quoi s’appuie le collectif avec des projets de grande envergure. Ils sont alors initiés et menés à bon port. Le dernier en date est cette rencontre artistique qui s’est étalée sur trois jours, 7,8 et 9 décembre 2007, qui a vu se dérouler à Montréal un véritable festival dédié au cinéma algérien. Le 7e art national montré et démontré dans tous ses états, avec à l’appui les années fastes de la production cinématographique ou le prestige qu’a connu le cinéma dans notre pays. Des regards croisés sur cette expression artistique ont fait valoir par les conférences, les débats, les projections et les affiches… tout un monde qui est aussi celui de l’Algérie d’aujourd’hui.
Dans cet ordre d’idée, Djamel Lahlou cite les communications données par des universitaires établis au Canada et ailleurs à l’étranger, à l’image de M’henna Amrani qui est professeur de littérature dans deux universités, celle de Montréal et celle de New York, Mme Maya Telmissany, romancière et professeure d’université… en parallèle à ces conférences, il y a eu la diffusion de trois documentaires, avec un plus, les affiches portant sur le cinéma algérien. A retenir aussi cette autre exhebition, celle qui a trait au patrimoine orl dont a fait montre M . Hamza, spécialiste en soufisme, lui dont le profil est dans la physique nucléaire. Ce dernier a donné à apprécier des poèmes de l’oralité, jamais chantés jusque-là écris par son père Tidjani, un poète de la trompe de Benmsaïb. Deux de ces poèmes on les retrouve dans l’album de Djamel.
Djamel Lahlou dont tout ce rendement n’a été possible et ne l’est toujours que grâce à un travail d’équipe, dans un esprit collectif, de cohésion générale, une ambiance de labeur bien conçu, consciencieusement accompli, dans la consultation les uns les autres, pour assurer le meilleur qui soit.

LES FRUITS D’UN ENGAGEMENT

De cette témérité collective, Djamel a aiguisé son sens de la détermination qu’il se fait une obligation d’honorer. D’où cet engagement envers ses premiers amours la musique. Qui ont fait éclore sa passion pour le chaâbi. Qu’il a si bien entendu, suffisamment en tout cas pour donner naissance à un premier album, dont il fait la promotion à la faveur d’un retour pèlerinage d’un mois au pays, la fin de l’année écoulée.
Cette production s’inscrit dans le registre fétiche du chaâbi, toujours auquel, inconditionnellement, il a supposé le haouzi, sans se démettre de cet autre faible qu’il a pour la chanson kabyle. Trois genres, qu’il tient presque de ses racines kabyles, lui qui est originaire de Akbou, et bien sûr de sa ville de naissance, d’adoption sinon de son vécu, du moins jusqu’en 1989, lorsqu’il s’en sépare sans jamais la quitter Alger, à travers sa houma (quartier) Husseïn Dey.
Là ou il a beaucoup côtoyé un des personnages du chaâbi, Cheïkh Ennamous auprès de qui il a énormément appris, confie-t-il. C’est l’un des premiers personnages du quartier qu’il est parti retrouver à sa dernière halte au pays. Il lui fait écouter son produit auquel lui-même trouve des imperfections. Techniquement s’entend, que la bonne oreille musicale sait discerner à mesure de l’écoute des huit textes qui composent cet album. D’ailleurs, il est aussi revenu parfaire cet enregistrement réalisé chez un éditeur qui fai beaucoup aussi pour la promotion de la musique et l’audivisuel algérien au Canada ou il possède sa boite de production que Lahlou a préféré enregistrer. C’est ainsi qu’a pris corps Zinet el boulden chez FAC : « Fraternité algéro-canadienne » qui est la maison de production de l’album et du vidéo-clip. Son président est Brahim Ameur.
Ce dernier, très actif dans le dans le domaine de la production artistique au Canada et en Algérie, a eu à produire des artistes professionnels algériens autours de spectacles au Canada comme Abdelkader Chaou, Hakim Salhi, Chebbe Fadéla, Mourad Djaâfri, Cheb Anouar, Siham, Baâziz, Abbas, Toufik etc. Brahim Ameur vient d’ouvrir une maison de production spécialisée dans l’audiovisuel, à la pointe de grande technologie, dans le quartier les Tagarins à El Biar. Et Djamel Lahlou y a donc enregistrè un CD dans lequel il émane des intonations purement algériennes que la voix fluide et limpide de ce jeune chanteur de 45 ans fait retentir à leur juste mesure. Que cela soit dans le chaâbi, le haouzi ou le kabyle. D’un genre à un autre, l’artiste évolue allègrement, sans fausses notes.
C’est avec cette première tentative musicale que Lahlou veut s’essayer au public de son pays. Même s’il a eu à se produire dans des occasions par-ci par-là. De toutes les manifestations organisées notamment par l’UDAAC ou d’autres rencontres culturelles initiées en hommage ou en occasions célébrées au Canada par des organismes ou associations algériens. Des passages furtifs mais riches en enseignement, qui l’ont encouragé aussi à persévérer dans son choix de faire dans la musique, jusqu’à ce que confirmation s’en suive. Soit.
D’autant que Djamel prévoit d’être en Algérie l’été prochain et d’animer des fêtes et des spectacles. Comme il projette un autre clip soit un autre album.
Saliha Aouès.





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