Algérie

DJAMEL AZIZI PRESENTE "LE DERNIER SAFAR", À PLASTI "Je voulais mixer le réel et la fiction"


DJAMEL AZIZI PRESENTE
Si la prétention du cinéma est de raconter des histoires avec sincérité, alors "le Dernier Safar" de Djamel Azizi est une 'uvre cinématographique réussie. Dans ce film, projeté le cadre des soirées Mille et une News, organisées à l'espace Plasti par le quotidien "Algérie News", il est question d'ammi Salah, un projectionniste qui sillonne différents villages d'Algérie pour projeter des films et apporter du rêve à ceux qui les peuplent. Ce documentaire de fiction, d'une durée de quatre-vingts minutes, s'intéresse à un vieux projectionniste, affaibli par la maladie, et qui a deux passions dans la vie : le cinéma et le chaâbi ' El-Hadj M'hamed El-Anka en particulier. Il traverse le pays à bord de son camion et va à la rencontre des gens, en organisant des projections à ciel ouvert (à Bouira, Médéa, Constantine et El-Oued). Il y projette cinq films cultes : "l'Opium et le bâton" d'Ahmed Rachedi, "les Déracinés : Béni Hindel" de Lamine Merbah, "la Montagne de Baya" d'Azzedine Meddour, "l'Homme tranquille" de John Ford, "état de siège" de Costa Gaveras et "Al Haram" de Khaled Barakat. à l'issue de chaque projection, Ammi Salah prend le temps de discuter avec les gens. De ces échanges, le spectateur comprend que les jeunes préfèrent voir des films d'action, même si la question d'un jeune chômeur de la wilaya d'El-Oued, selon laquelle "qu'est-ce que le cinéma", révèle qu'il y a une réelle méconnaissance des classiques du cinéma, notamment algériens. La décennie 1990 a réellement marqué une rupture avec toute la beauté qui l'avait précédée. Les paraboles que le réalisateur semble filmer sciemment expriment quant à elles la place qu'a prise dans nos vies la télévision, au détriment du cinéma. Les personnes âgées ont, pour leur part, exprimé leur nostalgie, même si beaucoup d'entre elles ne font pas de distinction entre le cinéma et la télévision. La problématique du cinéma en Algérie est posée de manière codée, mais facilement déchiffrable dans un film hybride, un avatar oscillant entre le documentaire et la fiction. "Je voulais mixer le réel et la fiction autour du personnage d'ammi Salah", signalera Djamel Azizi, lors du débat qui a eu lieu à l'issue de la projection. Tout en revenant sur les problèmes de financement du film, le réalisateur indiquera qu'"au départ, je voulais faire un long métrage de fiction, mais le projet n'a pas été accepté. C'est un film pauvre mais il a une âme, et ce qui m'a sauvé c'est la route". Quant au comédien qui a incarné ammi Salah, il expliquera qu'"il est actuellement un peu malade. C'est un cinéphile qui a aussi joué quelques petits rôles". M. Azizi reviendra sur sa motivation première quant à la réalisation de ce film : "Je suis issu d'un petit village de l'Est et c'étaient les camions comme celui d'ammi Salah qui nous ramenaient des films. Ça m'a marqué et j'avais cet acharnement pour en parler. Je voulais aussi rendre hommage aux gens d'aujourd'hui. Je voulais parler d'aujourd'hui et montrer comment on parle entre nous cinquante ans après l'indépendance." Pour Djamel Azizi, le message du film est de montrer qu'on peut "réfléchir différemment et qu'il faut respecter l'autre dans ses opinions. Et avancer."
SK
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