Algérie

Djaballah sonne le glas des islamistes



Makri a stimulé plutôt l'initiative des partis proches du pouvoir.Sils ne perturbent pas l'initiative de consensus national du MSP, les partis d'obédience islamiste la rejettent carrément. La dernière estocade a été portée avant-hier par le doyen des islamistes, le chef du Front de la justice et du développement(FJD), Abdallah Djaballah. Ce dernier a exprimé avant-hier son désaveu cinglant contre la démarche de Abderezzak Makri, tout en écartant l'idée que les islamistes puissent présenter un candidat commun. Il a revendiqué, lors de l'ouverture des travaux de l'université d'été de sa formation à Zeralda, «la révision de l'actuelle loi électorale pour garantir les conditions d'une compétition régulière, en vue de permettre aux électeurs de choisir leurs représentants en toute liberté, et la transparence des élections». Allusion faite à l'appel de Makri à l'implication de l'armée pour accompagner et garantir le consensus national autour de la transition politique et économique, il a soutenu que «la mission constitutionnelle de l'armée est la protection des frontières du pays et de veiller à garantir sa sécurité et sa stabilité et se dresser en rempart contre les dangers qui le guettent». Il a souligné que la réforme du système électoral constitue «la solution» à tous les problèmes du pays. Abdelkader Benguerina, le président du mouvement El Binaa, cofondé par l'un des plus proches collaborateurs du fondateur du Hamas, à l'image de Ahmed Dan, en l'occurrence le défunt Nahnah, plaide le renouvellement de bail à l'actuel chef de l' Etat, Abdelaziz Bouteflika. Ce transfuge du MSP, venu vendre au FLN son offre politique intitulée «Consensus national de l'Algérie pour tous», a annoncé son soutien à titre personnel à un autre mandat au profit du président de la République avant que l'instance habilitée à le faire, à savoir le conseil consultatif ne se soit réuni pour trancher cette question. De même il est précisé que «son initiative baptisée initialement «Consensus national» ait été lancée, il y a plus de trois mois, donc bien avant celle du MSP».
L'hôte du FLN, le président du parti El Karama, Mohamed Benhamou, un autre transfuge du MSP, d'El Islah et du FNA, s'est aligné sur la position du vieux parti, en appelant le chef de l'Etat à briguer un mandat supplémentaire. En termes de bilans, l'initiative de Abderezzak Makri a plutôt réussi à dresser contre elle, la majorité de la classe politique, tout en stimulant les appels en choeur au président à rempiler pour un autre mandat. Dans ce sens, la rencontre-surprise tenue fin juillet dernier au Palais du gouvernement entre le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès et le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia aurait donné un coup de grâce à l'initiative du MSP, d'après de nombreux observateurs. Les deux responsables, qui ont nié l'existence d'une quelconque crise ou problème politique dans le pays, ont affirmé qu'«ils oeuvreront de concert pour soutenir leur candidat, le président Abdelaziz Bouteflika et lui fournir un appui solide s'il répond favorablement à cette requête», selon l'agence officielle. Ils ont annoncé la tenue d'autres rencontres avec des partis qui soutiennent le président de la République. «Nous serons, avec d'autres forces, un soutien fort si le président répond favorablement à cette requête», a soutenu Ahmed Ouyahia.
La mise au point du vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée, Gaïd Salah, «sonne le glas de cette initiative», selon certains observateurs.
En outre le courant ne passe plus entre le MSP et ses partenaire de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (Cltd),à l'image du RCD et de Ennahdha. Dans son entretien paru hier au journal El Khabar, Mohamed Douibi a déclaré que «l'implication de l'armée dans des conflits politiques n'est pas dans l'intérêt du pays, car il ne faut pas refaire la même erreur du début des années 1990 où l'armée a été invitée à intervenir pour faire face à une situation et assumer une responsabilité qui ne lui incombe pas...».
L'initiative du MSP suscite beaucoup de questions: «L'objectif recherché est-il le consensus entre le pouvoir et l'opposition' Ou bien le but visé est-il de s'entendre sur un candidat commun aux deux parties'», s'est-il demandé. «Toutefois, cette initiative a le mérite de recentrer le débat sur elle et insuffler une dynamique dans une scène politique plongée dans un statu quo total», a-t-il soutenu.
Cette dernière formation, qui a tenu récemment la session de son conseil consultatif a rejeté, dans le fond et dans la forme, l'initiative proposée par le MSP. Le RCD, de son côté, a vertement critiqué l'initiative de Hamas. «L'implication directe de l'Armée dans la gestion de l'impasse actuelle ne peut constituer une réponse crédible à la crise politique que vit le pays», a souligné le RCD dans un communiqué. Aux yeux de ce parti, «l'Algérie a besoin de jeter les bases d'institutions issues et contrôlées par la société dans un processus de démocratisation graduel et transparent adossé à une légitimité incontestable pour tourner la page de l'autoritarisme et du fait du prince.» Le RCD déplore, à ce propos, le fait qu'«au lieu de revendiquer les conditions d'une compétition régulière et transparente pour garantir l'exercice de la souveraineté du peuple, des partis se revendiquant d'un système démocratique, s'égarent dans des fausses et vaines pistes pour contourner cette condition sine qua non de toute sortie de crise».


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