Diversions à la pelle !

Nous avons tous des moments plus particuliers que d'autres, parmi ceux, nombreux, qui accompagnent nos élans quotidiens. C'est sans doute la raison pour laquelle nous savons tous que si douter n'est pas vraiment recommandé, c'est néanmoins indispensable au bon fonctionnement de l'esprit et à toute production intellectuelle. L'opinion publique ne rejette pas pour le plaisir de rejeter. Avant de dire «non», les Algériens écoutent, pour s'assurer, une fois de plus, qu'ils ne s'attendaient pas à mieux.Toutes les réponses au système qui ne désespère pas de garder la main et qui n'a jamais produit autant de discours en si peu de temps sont inscrites sur les banderoles brandies par la rue. Tout est décortiqué. On écoute, on se consulte, on débat, puis on s'attelle à la production des slogans. C'est là que s'explique l'indéniable maturité qui inspire le message.
Ceux qui travaillent à reprendre en main la direction du pays maintenant que l'ex- chef de l'Etat a été forcé au repos, essaient d'y aller avec prudence.
En vérité, ils ne comprennent pas pourquoi des Algériens, qui ont toléré autant d'abus et de mépris du système Bouteflika, se découvrent, aujourd'hui, une âme de contestataires. A chacun de ses discours, Gaïd Salah, le chef d'état-major, laisse entendre qu'il n'a rien contre le fait de revendiquer, mais qu'il n'aime pas l'insistance de la rue à rappeler, en ch?ur, que la place de l'armée est dans les casernes et non dans la rue ni dans les institutions qui veillent à ce que le train ne déraille. On se dit, qu'un jour ou l'autre, il faudra bien qu'en haut lieu on se rende à l'évidence et qu'on se range du côté de la réalité. Celle qui enseigne qu'il ne faut pas abuser de la patience de populations en mal d'émancipation ou d'une rue qui ne veut plus de tuteurs dont la moralité est sujette à caution.
La patience a les limites que l'on sait et le renoncement n'est plus au programme des milliers d'Algériens qui renouent avec une liberté confisquée. Comme s'il devenait vital que cela sorte ! Que chacun s'autorise à dire haut et fort qu'il lui faut plus qu'un défilé de personnalités et des charrettes de corrompus pour gagner sa confiance.
M.B.