Une réponse revenait alors, «qui est El Watan». Bonne question qui prouvait au moins qu’il se différenciait de ce qu’on a fini par appeler la presse gouvernementale. Ensuite, journal privé, ou journal indépendant ' C’est facile de figurer dans la première catégorie, quant à l’autre, il faut du muscle, et accepter d’affronter ces fameux esprits. Même ceux de confrères qui voulaient absolument nous enfermer dans leur grille de lecture ou de simple échantillonnage.Certains de nos lecteurs ne manquaient pas effectivement de s’interroger sur la tendance d’El Watan et ils nous le faisaient savoir, car nous, disaient-ils, notre journal ne leur en a pas donné l’occasion, ou a contrario, les y a contraints parce que pour eux, et selon, disaient-ils un schéma qu’ils croient classique et donc universel, chaque journal obéit à une tendance.
Presse de gauche, ou de droite, ou encore toutes les tendances qui parcouraient la toute nouvelle scène politique algérienne. Ni l’une, ni l’autre, il leur fallait encore chercher et admettre qu’un journal peut être libre et assumer pleinement cette liberté. Des dirigeants de parti en parlaient comme du temps. «Vous êtes sur la bonne direction», nous disaient-ils. Et le contraire peu de temps après. Eux aussi n’acceptaient pas la moindre critique. Un confrère étranger, correspondant en Algérie d’une agence de presse mondiale, n’hésitait pas quant à lui à s’inspirer du fait du jour pour nous coller une étiquette. Dans son pays d’origine, avions nous compris, il était tout à fait normal de situer un organe de presse, sans en changer tous les jours ce que lui faisait sans le moindre problème. Aussi à le suivre, El Watan était proche des militaires, puis du pouvoir, puis des islamistes et puis et puis… A ce point déroutant ' Tant mieux, et les Algériens de plus en plus nombreux ont fini par adopter El Watan et en faire leur première lecture.
Au point où un confrère, aujourd’hui, nous a gratifiés d’une politesse inattendue bien sûr. Faisant le point des marques de soutien adressées à El Watan en 1993 lorsque six de nos collègues étaient emprisonnés et notre journal suspendu, il a tout simplement déclaré qu’El Watan pouvait être le plus grand parti d’Algérie.Certains n’ont absolument rien compris, même des dirigeants étrangers qui, finira-t-on par le savoir, se plaignaient auprès de certains de nos écrits auprès de l’Etat algérien. De la même façon, le saura-t-on aussi, la réponse qu’ils ont obtenue était aussi simple, El Watan était un organe indépendant, et en tant que tel, il était libre d’exprimer son opinion.
Bataille de l’opinion aussi, puisque constatera-t-on, celle-ci se faisait en Algérie. Quel challenge aussi quand certains responsables algériens ont fini par avouer qu’ils voulaient entendre un autre son de cloche. Quant à l’accepter, c’est une autre question. En tout cas, apprendrons-nous auprès de leurs collaborateurs, cela permettait au moins de prendre en ligne de compte l’opinion algérienne jusque dans les relations avec l’étranger. Y avons-nous pensé ' Sûrement pas.
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Posté Le : 07/10/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohammed Larbi
Source : www.elwatan.com