Algérie

Distribution de carburants au Maroc: des députés dénoncent une situation de conflits d'intérêts



Des députés marocains ont dénoncé une situation de conflits d'intérêts en matière de distribution de carburants dans le royaume, et réclamé le plafonnement des marges "exorbitantes" des distributeurs, dans un contexte de flambée des prix.Lors d'une séance plénière, lundi, au Parlement marocain les députés ont évoqué le conflit d'intérêts entre les responsabilités politiques du chef du gouvernement Aziz Akhannouch, et la position dominante de sa société sur le marché de la distribution des carburants.
"Le gouvernement n'est-il pas dans l'obligation de prendre ses distances avec les conflits d'intérêts (...) et d'imposer une réduction des marges exorbitantes des sociétés pétrolières qui engrangent des milliards de dirhams'", a interrogé Ahmed El Abadi du parti du progrès et du socialisme (opposition) à l'adresse du chef de l'exécutif.
Ce dernier homme d'affaires qui a bâti sa fortune sur la distribution des hydrocarbures s'est exprimé pour la première fois au Parlement sur la stratégie de son gouvernement face à la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants, dopée par la crise ukrainienne.
Or, plusieurs voix imputent l'envolée des prix également aux bénéfices réalisés par sa société pétrolière sans garde-fou."La hausse des prix est injustifiée et les profits dans le secteur des hydrocarbures sont d'une grande avidité", a tancé Abdallah Bouanou, un député de l'opposition du groupement de justice et de développement.
Selon un rapport du Conseil de la concurrence marocain, Afriquia, contrôlée par M. Akhennouche, détient environ 25% des parts de marché des carburants dans le royaume, devançant de loin l'anglo-néerlandais Shell et le français Total.
Ce n'est pas la première fois que ce magnat du pétrole se retrouve sous le feu des critiques.
En 2018, une campagne de boycott visant trois marques célèbres dont les stations-services Afriquia apparaît sur les réseaux sociaux pour dénoncer la cherté de la vie.
Ministre de l'Agriculture à l'époque, il est particulièrement visé comme symbole de la collusion entre affaires et politique.
Puis, il se retrouve à nouveau dans la tourmente lorsqu'un rapport parlementaire critique les marges excessives des distributeurs de carburants depuis la libéralisation des prix en 2015, à commencer par sa société Afriquia.
Le Conseil marocain de la concurrence se saisit de l'affaire et conclut en juillet 2020 à une entente entre géants pétroliers.
Des sanctions sont infligées aux trois leaders du marché, Afriquia, Total et Shell, sans qu'elles soient appliquées.
Le président du Conseil, Driss Guerraoui, sera ensuite limogé par le roi car accusé d'irrégularités dans la procédure.
Selon l'expert marocain Jawad Moustakbal, la population marocaine supporte les conséquences financières d'un système énergétique conçu par le Makhzen pour être "totalement inéquitable" et profiter "exclusivement à des investisseurs privés".


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