Algérie

Distinction: Ahmed Tessa, lauréat de l’Académie des sciences d’Outre-mer



Distinction: Ahmed Tessa, lauréat de l’Académie des sciences d’Outre-mer
Le livre a été publié en 2016 par les éditions Barzakh (Alger) et réédité par L’Harmattan (Paris) en 2017, sous la plume du pédagogue Ahmed Tessa, un habitué de nos colonnes. Il s’agit de L’enseignement du français en Algérie ou l’impossible éradication qui s’est vu décerner le Prix de la Renaissance française – édition 2018, organisé par l’Académie des sciences d’Outre-mer. Un Prix ayant pour devise : «Promouvoir la culture – œuvrer pour la paix – distinguer les mérites».

Préfacé par Amin Zaoui, cet essai, traite du statut de la langue française à l’école et à l’université algériennes. Loin de s’opposer à l’enseignement de la langue arabe, il propose de moderniser les méthodes d’enseignement et d’algérianiser les contenus de toutes les langues enseignées en Algérie. Toutefois, Ahmed Tessa dénonce «la précipitation, voire l’aveuglement, avec laquelle la politique d’arabisation a été menée». Et de pointer du doigt l’idéologie»revancharde» sur laquelle elle s’est appuyée dès sa généralisation au début des années 1980.
Ce qui, pour l’auteur, a été une opération menée de façon hypocrite «puisque ses concepteurs et ses partisans avaient inscrit leurs enfants dans des classes dites ‘’transitoires’’ totalement francisées et au lycée Bouamama ex-Descartes (années 1970 et 1980), puis dans les établissements privés ainsi qu’au lycée français de Ben Aknoun». Alors que les enfants du «bon peuple» sont relégués dans les classes dites «arabisées». Un livre indiscutablement intéressant qui fourmille d’informations sur l’histoire de la langue française en Algérie et sur sa place actuelle tant au niveau de la société, des institutions de l’Etat que du système éducatif. Evoquant la coupure linguistique entre le système scolaire et l’université, A. Tessa parle «d’apartheid linguistique et culturel qui aggrave la division de la société algérienne».

Reprenant à son compte la formule de Kateb Yacine («le butin de guerre»), l’auteur voit en la langue française un élément du patrimoine culturel algérien et maghrébin. Il souligne au passage que les marocains et les Tunisiens n’ont pas de complexe vis-à-vis de cette langue. Dans le chapitre «reconciliation par les langues», l’auteur préconise une cohabitation harmonieuse entre l’arabe, le français et l’amazigh et, à cet effet, fait des propositions. Contacté par nos soins sur son absence à la cérémonie de remise du Prix à Paris, le lundi 17 décembre, Ahmed Tessa a tenu à préciser que «jamais je n’ai demandé de visa pour la France – ni en vu de ce Prix, ni auparavant. Pour me représenter, j’ai désigné Chantal et Arezki Allaf, un couple d’amis de longue date.» En réalité, pour ceux qui liront cet ouvrage, une idée s’impose : c’est un double cri du cœur et de la raison pour une renaissance de l’école algérienne, en dehors de tout chauvinisme linguistique ou culturel. Une école de la citoyenneté universelle, celle du vivre-ensemble.



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