Dissymétrie

«Rester immobile ne sert à rien. Il faut choisir entre progresser ou régresser.» Baden-Powell
Depuis que les monarchies arabes et l'Otan ont décidé de mettre du désordre dans les dictatures laïques ou faussement islamistes du Monde arabe, on n'entend plus parler ou si peu du problème palestinien. A part quelques bombardements sur Ghaza que les pudiques chaînes de télévision occidentales relatent chichement avec des images faites à l'économie avec beaucoup de tact, à part les élections démocratiques qui ne changent en rien l'orientation politique du 53e Etat des Etats-Unis, ou des spots publicitaires sur le tourisme dans cette Terre promise et avec les exercices de l'armée israélienne dans les vergers palestiniens on croirait que tout va bien dans le meilleur des mondes. Mais voilà, il arrive que la caméra glisse malencontreusement et là... Quand je regarde les différents documentaires ou reportages effectués sur Israël et la Palestine, je suis stupéfait par le saisissant contraste qui existe sur ces sociétés qui vivent sur la même terre en même temps.
D'un côté, vous avez un pays développé, occidentalisé, avec des villes construites harmonieusement, avec une architecture et un urbanisme s'inspirant des cités modernes: des rues et des routes très larges, des espaces verts disséminés ici et là à bon escient, des immeubles neufs, des usines dotées d'une technologie avancée, à la pointe de la recherche scientifique, des hectares de terre où les cultures irriguées dispensent des fruits très appréciés en Europe. Bref, un paysage qui rappellerait la Californie si on ne rencontrait ici et là des individus vêtus de noirs et coiffés de chapeaux ronds avec des tresses artificielles à la manière de Rabbi Jacob.
Ce sont les intégristes juifs qui alimentent le parti du Likoud. Ils servent de fer de lance à la politique d'expansion du sionisme et utilisent les mêmes tactiques que leurs homologues d'en face: les intégristes islamistes auxquels ils ressemblent comme des frères... musulmans.
En face, il y a une population musulmane parquée dans des bantoustans, des bidonvilles, des camps de réfugiés où le chaos est accentué par le travail incessant des chars et des bulldozers de l'armée israélienne et les tirs de missiles des hélicoptères Apache.
Ajoutez à cela la vision de foules de manifestants et les routes parsemées de blocs de béton et de chicanes semés par l'armée israélienne qui contrôle tous les cinq cents mètres le moindre mouvement de tout Palestinien, vous pouvez vous faire une idée de l'état d'esprit des gens qui y vivent et qui luttent.
Il faut dire que l'Occident a tout misé sur l'Etat démocratique censé le représenter au milieu de ces dictatures moyenâgeuses. Les gouvernements de Guy Mollet et d'Anthony Eden ont doté le jeune Etat d'Israël de l'industrie nucléaire en échange d'une participation active dans la triple agression contre l'Egypte, en 1956.
Depuis, tous les chercheurs juifs ont fait bénéficier l'Etat sioniste des fruits de leurs recherches dans les laboratoires étrangers, pendant que les dictateurs arabes amassent leurs richesses dans des banques étrangères. Un jeune chercheur d'Israël, Mordechaïn Vanunu, technicien dans le nucléaire, épris de paix et de justice, qui avait alerté l'opinion mondiale sur l'arsenal atomique d'Israël, a été enlevé à Rome par les services du Mossad avec la complicité des services secrets occidentaux. Il a été condamné à 18 ans de prison, peine qu'il a finie de purger hier. Il n'aura plus le droit de communiquer avec les étrangers, de posséder un téléphone cellulaire ni de quitter Israël. Cela ne vous rappelle rien' Cet exemple de la démocratie israélienne est édifiant.
Pendant ce temps-là, les forces de l'Otan et leurs pompistes du Golfe s'activent à semer la démocratie dans des pays où fleurissent les derricks et où commence à s'épanouir un wahhabisme agressif: amputations et lapidations sont les deux mamelles de cette doctrine qui veut asservir un peu plus les masses qui ont déjà goûté les bienfaits du colonialisme. Mais avec ce qui se passe actuellement en Egypte et au Mali, on peut penser que l'espoir n'est pas tout à fait perdu.