Algérie

Dissuasion nucléaire: La fin de la peur ?



Les deux superpuissances nucléaires mondiales, les USA et la Russie, s'apprêtent à signer un accord historique : Start III. Barack Obama s'est engagé à débarrasser le monde de toute arme atomique dans les 10 ou 20 ans à venir. Est-ce possible ? Rappel de la saga de la guerre des étoiles.

« C'est une feuille de route, un ordre de mission pour mon mandat présidentiel», avait déclaré en substance le président américain Barack Obama, alors qu'il recevait l'année dernière le prix Nobel de la paix. Sans doute, le comité du Nobel a-t-il voulu encourager (et mettre à l'épreuve) le tout nouveau président de la première puissance mondiale à assumer ses engagements stratégiques pour la paix, notamment son discours de Prague d'avril 2009, dans lequel il a annoncé son ferme engagement pour un monde débarrassé de l'arme nucléaire. Une année après sa promesse de Prague, Barack Obama accueillera, entre les 12 et 14 de ce mois d'avril, à New York, le chef d'Etat de l'autre puissance mondiale nucléaire, Dmitri Medvedev. Objectif : signer et relancer l'accord stratégique «Start III».

 Que signifie cet accord et surtout pourquoi est-il si important pour la paix dans le monde que les deux premiers accords ? La première différence est que «Salt », signé entre les deux puissances en 1972, valable jusqu'en 1979, fixait des plafonds (le nombre d'ogives) mais non leur limitation. C'est-à-dire que la course aux armements nucléaires était maintenue sans limitation, mais avec la promesse de se revoir un jour (1979) pour décider ou non de leur prolifération. Ce n'est qu'en 1991 qu'un premier accord dit Start I (Traité de réduction des armes stratégiques) et qui courait jusqu'en décembre 2009, fut signé entre les puissances. Les bouleversements géopolitiques des années 1990, notamment la guerre en ex-Yougoslavie et en Irak, ont remis à l'ordre du jour la question de l'équilibre nucléaire mondial. Les USA, en position de force, signent en 1991, unilatéralement, un accord qui rectifie les ambitions de Start I. C'est l'accord dit «Start II». Il ne fut paraphé par les Russes qu'en 2000, soit quatre ans plus tard. Ce dernier accord appelle à la réduction (c'est la nouveauté) de deux tiers des armes nucléaires détenues par les deux puissances. Chaque pays plafonnera à 3.500 le nombre de ses ogives nucléaires. Depuis, des engagements et traités additionnels entre les deux puissances ont été signés pour diminuer davantage le nombre des ogives et vecteurs nucléaires. Ces accords portent le nom de «Sort» et courent jusqu'en 2012. Ils limitent le nombre des ogives à 1.700 pour la Russie et 2.200 pour les USA.

 En juillet 2009, après que Barack Obama eut annoncé le gel du bouclier antimissile prévu par George Bush en Pologne et en Tchéquie, le président russe Medvedev fait à son tour un pas vers la détente militaire : tous deux signent un accord pour limiter le nombre d'ogives à 1.500 pour la Russie et 1.675 pour les USA. Les vecteurs porteurs d'ogives sont plafonnés à 500 pour les Russes et 1.100 pour les Américains. Nous voilà à la veille de la rencontre de Prague de la semaine prochaine. Une rencontre «historique» puisqu'elle va consacrer, solennellement, deux engagements stratégiques pour éloigner le monde d'une conflagration nucléaire : l'arrêt définitif de la recherche en matière d'armements nucléaires plus destructeurs, et l'arrêt de tout essai nucléaire nouveau.

 Start III va entériner l'ensemble des traités additionnels précédents. La nouvelle doctrine proposée par Barack Obama est basée, d'une part, sur l'utilisation en cas de nécessité de missiles intercontinentaux avec des charges «non nucléaires» et, d'autre part, un renforcement du système de défense antimissile.

 C'est une révolution et un pas considérable vers la dénucléarisation du monde et la lutte contre la prolifération des armes atomiques. Et si les propos du président américain par lesquels il a déclaré que son pays utiliserait l'arme nucléaire contre ceux qui en possèdent et qui l'utiliseront, choquent quelques esprits, il faut signaler qu'en dehors des 5 pays permanents du Conseil de sécurité, plus Israël, l'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord, le reste du monde en est dépourvu. Et tant mieux.

 Par ailleurs, le président américain bénéficie du soutien du groupe dit «Global Zéro», qui regroupe des personnalités mondiales (anciens présidents, prix Nobel, chercheurs, etc.) et qui est né à Paris, l'été 2009, après l'engagement d'Obama pour un monde sans armes nucléaires. Cet organisme international milite et appuie les efforts des puissances militaires pour un démantèlement total, d'ici l'année 2030, des arsenaux atomiques à travers le monde. Obama a dit mieux : il s'est fixé l'année 2020 pour débarrasser le monde de la menace de sa propre destruction. Rien que pour cela, le président américain mérite la distinction internationale pour la paix.




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