Algérie

Dissolution du conseil d'administration



Dissolution du conseil d'administration
A son cinquième jour, le mouvement de grève générale illimitée déclenché par les 800 salariés de l'EPE Gesibat Annaba, spécialisée dans le bâtiment tous corps d'état (elle compte 5 fois plus en postes de travail indirects), a pris une autre tournure. Alerté par les grévistes, le patron du Groupe d'entreprises publiques de la construction (Grepco), dont Gesibat est une des filiales implantées à l'est du pays, est intervenu jeudi en fin d'après-midi.
Après avis du premier responsable de la Société de gestion des participations Injab, il a décidé de dégommer deux cadres dirigeants et de dissoudre le conseil d'administration de cette filiale. Son groupe en a hérité il y a peine plus d'un mois. Il a pris pour argument de sa décision le mouvement de colère des travailleurs. Ces derniers n'en étaient plus à revendiquer des solutions à leurs problèmes socioprofessionnels, notamment en ce qui concerne les salaires et les conditions de travail. Ils ont radicalisé leur mouvement mercredi. Leurs revendications sont passées aux accusations de malversations contre plusieurs membres du conseil d'administration et à un appel à l'ouverture d'une information judiciaire contre tout le staff directorial. Ils semblent avoir été entendus par le président de la SGP saisi par M. Sidi Saïd, secrétaire général de la centrale syndicale UGTA, sur la base d'un rapport de gestion qui lui a été transmis par ses représentants à Annaba. Appuyées de documents chiffrés, les accusations ont été confirmées jeudi dans la matinée. C'était lors d'une conférence de presse animée par huit représentants des travailleurs de Gésibat et Smaïl Kouadria, secrétaire général du syndicat de l'entreprise ArcelorMittal Annaba. Celui-ci avait été mandaté par la FNTME à l'effet de suivre la grève et par Abdelmadjid Sidi Saïd pour établir un rapport de gestion de la filiale. Les preuves de malversations dont disposent les travailleurs sont accablantes pour plusieurs cadres gestionnaires. Il est question de détournements, dilapidation, utilisation du patrimoine de l'entreprise à des fins personnelles et au profit de tiers, droit de cuissage et passation de marchés de gré à gré non conformes au bénéfice de proches. Comme il est reproché le délit d'initié principalement à l'encontre du président du conseil d'administration Gesibat. Selon les représentants des travailleurs, ce même président, qui se serait attribué des privilèges, est également le P-DG de GesImo, une autre filiale cliente de Gésibat. Le dossier accusateur contient également des faits de droit de cuissage ayant permis à des secrétaires sans réelles aptitudes professionnelles de bénéficier d'une évolution professionnelle imméritée, de logements et de prise en charge totale pour stages de longue durée hors entreprise. Une de ces secrétaires de direction aurait réussi avec les moyens humains et matériels de l'entreprise à réaliser des travaux de consolidation et d'aménagement de son habitation personnelle sans avoir à payer un seul centime sur une facture de 7 millions de DA. «Ces faits sont prouvés. Il y a également les logements propriétés de notre filiale que les cadres dirigeants s'attribuent et attribuent à des prix tout aussi bradés à leurs proches à la en-veux-tu-en-voilà. «Nos cadres dirigeants faisaient appel à des sous-traitants pour des travaux que notre filiale peut largement réaliser. Alors que certains se permettaient d'acquérir pour leurs seuls besoins 3 à 4 voitures de service de luxe, d'autres se faisaient héberger dans de luxueux hôtels. Pour l'hébergement et la restauration, un de ces cadres coûte à la filiale 450 000 DA/mois», ont affirmé unanimement les huit représentants des travailleurs. La gabegie a atteint le summum sur les chantiers en charge de la filiale Gésibat. Les mêmes animateurs de la conférence de presse ont indiqué que les engins de l'entreprise étaient utilisés à titre gracieux ou à des prix symboliques par des entreprises privées dont les propriétaires sont des proches des décideurs de la filiale. «Le comble est que nous donnons à utiliser gratuitement les engins de notre filiale à des sous-traitants pour la réalisation de projets à la charge de Gésibat», a précisé un chef de projet ingénieur de son état représentatif des travailleurs. Comme beaucoup d'autres cadres intègres, il a fait l'objet de menaces de mort. «Tous ces faits ne sont rien comparativement aux autres perles que contient ce dossier. Les accusations des travailleurs sont avérées, car prouvées par un dossier soumis à qui de droit», souligne Smaïl Kouadria. Et lorsque ce sont les travailleurs qui subissent les contre-coups de cette véritable gabegie à travers le non-paiement à termes échus de leur mensualité et que les primes de nuisance et autres indemnités n'ont pas changé depuis des décennies, c'est que la situation de Gésibat a atteint le seuil de l'intolérable. C'est du moins, ce que laisse apparaître sa décision d'intenter contre ces accusateurs une action en justice auprès du tribunal d'El-Hadjar. Ce qui n'est apparemment pas le cas du côté de la tutelle de la filiale à savoir le groupe Grepco. Les mises en cause répétées du staff directorial de Gésibat ont imposé à Amar Guelati, le président-directeur général de ce groupe, d'entamer une véritable opération de nettoyage dans le milieu des cadres dirigeants. La célérité mise dans la prise de décision dénote que les faits reprochés sont avérés.


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