Algérie

Disparition de Lili Boniche



Le fils de La Casbah ne chantera plus Il s?en est allé comme il a toujours vécu, dans la discrétion. Il nous a même fait une blague en partant le 6 mars dernier. La nouvelle de sa disparition a mis du temps à nous parvenir. C?est aussi un peu de notre faute. On ne se rappelle de lui que pendant les fêtes. Lili Boniche est comme un membre de la famille à qui on rend visite de temps à autre mais qui ne veut jamais déranger. Né en 1921 à La Casbah de parents juifs originaires d?Akbou, Elie Boniche, qui deviendra plus tard Lili, a révolutionné la chanson populaire algéroise. A ceux qui le présentaient comme le chef de file de la culture judéo-arabe, il rétorquait que sa musique était arabe. « Est-ce qu?on dit d?un musicien musulman qu?il joue de la musique islamo-arabe ? Je joue de la musique arabe, un point c?est tout ». Pour les plus jeunes qui ne le connaissent pas, sa chanson Ana al ouarka passe au générique de l?émission Des mots de minuit. Talent précoce, il maîtrise la musique arabo-andalouse dès l?âge de 13 ans. Deux ans plus tard, après sa formation à Al Moussilia, il se voit confier une émission consacrée au hawzi à Radio Alger. Mais contrairement à ce que ses maîtres attendaient de lui, il décide de donner un coup de jeune à la musique savante en apportant des rythmes occidentaux rapides et les volutes chaudes du jazz au style oriental. C?était On m?appelle l?Oriental parce que je suis sentimental, Bambino, des airs de flamenco dans La Casbah d?Alger. Avant l?indépendance, il était un peu tenu à l?écart par la haute société juive algéroise mais adulé par la rue. Puis arriva le 5 juillet et avec lui l?exil définitif. Oublié pendant longtemps, le fils de La Casbah doit son retour à la scène, presque par hasard. Ses chansons sont redevenues soudainement à la mode. Lui, sans nostalgie, continuait d?animer les mariages et autres célébrations familiales. En 1999, ému, il a vu tout l?Olympia reprendre ses chansons dès les premières notes. Son unique regret : ne pas avoir chanté l?Oriental à Alger. La politique, encore et toujours, l?en a privé. Dans nos oreilles, Lili continue de chanter car nous sommes tous des Orientaux, et avouons-le, sentimentaux, aussi.


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