Le bon port de Béjaïa a-t-il échappé à une cargaison radioactive de
l'Arctic Sea ? Non, jure l'Autorité finlandaise de la sécurité nucléaire. Mais
le manque de communication sur cette ténébreuse affaire alimente toutes les
spéculations.
Tous les ingrédients d'un grand feuilleton d'espionnage sont réunis dans
l'affaire de l'Arctic Sea parti de Finlande mais qui a raté, de gré ou de
force, sa destination béjaouie pour les eaux lointaines du Cap-Vert: un
«casting international», de «l'action» avec une ou deux attaques menées par des
hommes armés et, last but not least, une demande de rançon. Celle-ci serait de
1,5 million de dollars. Trop peu, pensent les observateurs, pour des «pirates»
qui se sont donné tant de mal pour s'emparer d'un navire au large de la Suède
ou du Portugal pour l'emmener si loin de sa destination prévue. Cela ne rend
que plus mystérieuse cette affaire où les pirates présumés peuvent tout aussi
être des membres de services spéciaux. Ce qui accroît l'atmosphère de roman
d'espionnage est qu'aucune des informations distillées n'est certaine. Pas même
la localisation de l'Arctic Sea au large des eaux du Cap-Vert. Le feuilleton
mystérieux s'est corsé avec une rumeur «radioactive» que l'Autorité finlandaise
de sécurité nucléaire (Stuk) a dû démentir avec une vigueur remarquable mais
qui pourrait ne pas convaincre des imaginatifs. Ceux-ci peuvent avancer
l'argument «rationnel» que les péripéties troubles qui entourent l'Arctic Sea
deviennent plus plausibles s'il avait une cargaison d'armes ou des produits
radioactifs au lieu de la banale cargaison de bois. En tout cas, un pompier
soupçonneux, qualifié «d'imbécile» par le directeur général de la Stuk, Jukka
Laaksonen, a bien effectué une mesure de radioactivité, qui s'est avérée
négative, sur l'Arctic Sea avant son appareillage depuis le port finlandais de
Pietarsaari (ouest).
«Affaire ultrasensible»
«Un pompier, pour une raison inconnue, a pensé qu'il pourrait y avoir de
la matière radioactive dans le chargement et c'était une idée absolument
stupide. Il n'y avait aucune raison de penser ça. Ils ont commencé à mesurer
avec un simple compteur et ils n'ont rien trouvé». La véhémence avec laquelle
le patron de la Stuk s'attaque au pompier «imbécile», dont l'action a permis en
théorie d'éliminer l'hypothèse de produits radioactifs, est en tout cas fort
curieuse et n'est pas de nature à faire «oublier cette idée idiote». En tout
cas, la marine russe est aux trousses de l'Arctic Sea. Et dans cette «affaire
ultrasensible», pour reprendre les termes d'une agence de presse, une
coordination des efforts et des échanges d'informations a été établie entre la
Russie et l'Otan. Cette coordination a été confirmée par l'ambassadeur russe
auprès de l'Otan, Dmitri Rogozine. La Commission européenne qui avait révélé
l'existence d'une deuxième attaque contre l'Arctic Sea au «large du Portugal»
aura apporté sa contribution aux mystères qui entourent l'affaire en indiquant
que l'attaque n'aurait «rien à voir avec des actes de piraterie traditionnelle
ou une attaque armée en pleine mer». Le Bureau national d'enquêtes de la police
finlandaise, qui a révélé la demande de rançon transmise à l'armateur de
l'Arctic Sea, la société finlandaise Sol Chart, est peu loquace.
Les prochains ingrédients au prochain épisode ?
Le chef du Bureau national d'enquêtes de la police finlandaise, Jan
Nyholm, a évoqué un «détournement présumé» mais s'est refusé à donner le
moindre détail sur la position du bateau, le sort de l'équipage russe et des
raisons qui expliquent cette disparition. Pour lui, l'enquête a pris une
dimension internationale et implique une vingtaine de pays et il est nécessaire
de ne pas «la mettre en péril». Les Russes dont la marine est partie à la
chasse à l'Arctic Sea ne sont pas également communicatifs. Ni sur la position
du cargo ou sur leurs intentions au cas où ils le retrouvent. La marine russe
organisera un autre abordage musclé - le troisième depuis le début du
feuilleton - pour libérer des marins russes, présumés en otage ? Sont-ils
d'ailleurs des otages ? Il n'y a que des questions dans cette affaire, très peu
traditionnelles. Que contenait ce navire, une simple cargaison de bois qui
n'est jamais arrivée à Béjaïa ou quelque chose de plus «sensible»... Il faudra
attendre le prochain épisode qui pourrait ne pas apporter de clarifications,
mais de nouveaux ingrédients pour un feuilleton estival planétaire...
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Posté Le : 17/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M S
Source : www.lequotidien-oran.com