Algérie

Disparition de Aziz Djemame du groupe Sinoudj



Un jazzman tire sa révérence Timide, discret, modeste, il était jeune et il avait la tête pleine de projets. C?est tout de même drôle de parler de lui au passé. De se dire qu?on ne le reverra plus. Qu?on ne l?entendra plus parler, et jouer si bien à la batterie, alors qu?on avait de ses nouvelles régulièrement, pas plus tard qu?il y a deux semaines. Il est parti en laissant sa famille et ses amis inconsolables. Mais on se souviendra toujours de ses grandes actions. Il a réussi le plus fou des paris en faisant de Constantine une ville du jazz, avec un festival qu?il voulait annuel et incontournable. Dieu seul sait tous les efforts qu?il a fournis, toutes les portes qu?il a dû défoncer pour réaliser le dernier Dimajazz, en mai dernier, auquel des jazzmen de renommée internationale ont répondu présents, grâce à Aziz et à ses compagnons. Le festival promettait des jours encore plus fabuleux pour les prochaines éditions, avec d?autres grands noms du jazz et des moyens encore plus développés. L?édition de 2006 devait d?ailleurs avoir lieu au Théâtre de verdure, encore en construction, dans la ville de Constantine. Il semblait ne vivre que pour cette manifestation... Et dans l?antique Cirta, après cette troisième édition de Dimajazz, tous ont compris l?utilité du combat de Aziz. Avec son groupe Sinoudj, il s?était produit sur la scène algéroise le 24 mai dernier, à Ibn Zeïdoun, en première partie du groupe belge L?Ame des poètes. Un moment fort, captivant et sauvage que Aziz et ses compagnons avaient offert au public. On l?avait rencontré peu après le concert, alors que son groupe dînait avec le groupe belge au Bois des arcades de Riad El Feth. Il était radieux, heureux que le public ait si bien accroché, comme celui d?Oran deux jours plus tôt. A la demande d?un entretien, il avait répondu qu?il avait été assez médiatisé et qu?il préférait céder la parole aux autres membres de son groupe qui n?avaient pas encore eu l?occasion de s?exprimer. Modeste, il l?était sans conteste. La grosse tête, ce n?était pas du tout son truc à lui. Il était simple et il aimait la simplicité, les joies de la vie... Et alors qu?on attendait pleins d?autres concerts, le premier album qui tardait à se faire enregistrer et des tas de rencontres conviviales avec lui, juste pour parler de musique, de culture, voilà qu?il tire sa révérence, beaucoup trop tôt, laissant le jazz algérien orphelin de l?un de ses plus talentueux musiciens et adeptes. C?était le gars le plus gentil de la terre et faudra se faire à l?idée qu?il ne sera plus parmi nous qu?en souvenir...


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