La vague de froid qui a marqué ce mois de mars pluvieux a agi comme révélateur de la persistance de poches de précarité dans une grande ville comme Alger. En témoigne le spectacle poignant de ces nombreuses personnes démunies qui, sous la pression des éléments, ont cherché un refuge aléatoire sous les ponts et les passerelles. Sans nul doute, il ne leur restait que cette alternative qui est terrible, car elle désigne l?abandon dans lequel se trouvent ces êtres exposés qui semblent avoir échappé aux vertus salvatrices de la solidarité institutionnelle ou associative. Ce n?est pas un phénomène nouveau même si, comme ces derniers jours, il se trouve accentué par les bouleversements climatiques. Pourquoi faut-il attendre de pareilles circonstances pour s?apercevoir de l?existence, dans la rue, de ces sans-abri pour qui la misère est moins pénible au soleil, pour paraphraser le poète. Leur présence atteste de disparités profondes que ne justifient pas le manque de moyens toujours évoqué comme alibi à une absence de vision et de stratégie sociale. Ces sans-abri que fragilise davantage encore le mauvais temps sont manifestement les oubliés de plans de développement auxquels il manque la part humaine. C?est toute la collectivité qui se trouve alors interpellée par la question de savoir ce qu?il convient de faire de toutes ces personnes auxquelles il ne reste que la ressource de la mendicité pour survivre. Et cela au vu et au su des organes les plus compétents et du commun des mortels. Il y a une forme de résignation à laisser des exclus qui ne demandaient peut-être pas à l?être, ainsi livrés à leur sort. Il est moralement, au moins, indéfendable de détourner les yeux de ces vérités qui choquent à juste titre les citoyens qui considèrent qu?en matière d?aide, il y a toujours quelque chose à faire. Il ne s?agit pas d?occulter ces scènes de la vie quotidienne qui fâchent ou de préconiser uniquement des solutions punitives. C?est tout un enjeu de réinsertion sociale et économique que met en exergue cette frange défavorisée de la population qui n?en est pas moins éligible à l?exercice des mêmes droits et devoirs que tous les autres citoyens. Ce sont des centaines, voire des milliers d?individus, que la communauté nationale a la charge de soustraire à la fatalité de la déchéance, et cela est encore plus impératif pour ce qui est du sauvetage de tous ces enfants qui grossiront le rang des déclassés, voire des révoltés. La société idéale et égalitaire est une utopie, mais cela n?empêche pas de croire à une société où la pauvreté, et ses effets les plus tragiques, n?est pas une condition irréversible. Et ce n?est pas une question de charitable disposition d?esprit, mais d?équitable répartition d?un revenu national au bénéfice des laissés-pour-compte des embellies financières et météorologiques.
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Posté Le : 24/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine Lotfi
Source : www.elwatan.com