Algérie

Discuter d'abord et réformer après...


A la vérité, sur le registre de la communication il est établi, depuis des lustres, que le secteur de la justice en Algérie -nonobstant les tentatives d'ouverture aux médias, désormais encadrées par des dispositions de loi explicites sur le sujet et marquées, notamment, par l'introduction récente de cette matière, encore «hautement sensible», dans le cursus de formation des élèves magistrats-, est toujours en face d'une équation irrésolue. La présence, hier à Constantine, de l'expert et conférencier David Sellers de l'association des barreaux américains, après Oran et Alger, s'est déclinée, précisément à l'endroit des magistrats algériens, sous le thème très didactique «des voies les plus efficaces de l'information judiciaire», avec pour seul viatique s'entend, de rendre audible l'expérience de son pays. L'inventaire qu'il dressera à l'occasion, dédié à l'identification de l'échafaudage complexe de la liberté d'expression, aux «States», au nom de laquelle le journaliste exerce son droit à l'investigation, «qui n'est pas sans limite» dira-t-il, soulignera surtout le fait que la justice américaine est globalement accessible aux médias. Dans un pays où même les tribunaux ont leurs sites Internet, David Sellers rappellera, pour mettre un bémol sur le registre de l'accès aux sources d'information, qu'il existe des «territoires non libérés», même aux Etats-Unis d'Amérique, sur le front des dossiers classés secret Défense, de secret d'Etat, d'affaires de moeurs ou liées aux mineurs, encore que... les scandales politico-médiatiques de la Maison-Blanche ont si longtemps nourri l'imaginaire des Américains et de l'ensemble des opinions de la planète qu'il est difficile d'assumer cette sémantique de l'expert américain. Au regard d'une présence compacte à la conférence et où se pressaient le PG, le président du tribunal de Constantine, des magistrats venus des tribunaux de Annaba, Mila, Batna, Béjaïa, des greffiers en chef, des représentants de bâtonnat, des présidents de chambre, des huissiers, des notaires, etc... A l'évidence, la problématique de la communication reste un sujet sensible sur lequel la sensibilisation en cours semble faire tache d'huile. Mais encore... S'il est vrai que la justice en Algérie a initié une réforme au coeur de laquelle les mécanismes dédiés à l'information sont concrètement édictés, il reste que la réalité des choses est prisonnière, pour l'instant, d'une bulle franchement virtuelle. Dans tous les cas, même si le processus est enclenché et les directives du ministère de la Justice claires, sur le terrain de la communication judiciaire, le déficit est encore trop important, soulignent nombre de praticiens du droit. A l'aune des réalités américaines sur le sujet, développées, hier par l'expert américain, ce n'est pas demain que la comparaison sera raison et que les Algériens tombent, enfin, en pâmoison devant le modèle du droit d'informer «made in América».
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