Algérie

Discours au ministère de la Défense Les rappels de Bouteflika


La porte ouverte aux terroristes pour se rendre dans le cadre de la chartepour la paix et la réconciliation est-elle fermée ? C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre Abdelaziz Bouteflika lors dutraditionnel discours que prononce le chef d'Etat au ministère de la Défensenationale (MDN) devant les officiers supérieurs de l'ANP à l'occasion del'anniversaire de l'indépendance nationale. Bouteflika a appelé jeudi à « poursuivresans relâche la lutte contre les entreprises criminelles et terroristes de ceuxqui, refusant l'appel magnanime de la nation, se déclarent résolument ennemisdu peuple et voudraient perturber le mouvement de refondation de la cohésionnationale ». Le ton et les termes sont tranchants. Désormais, depuis « lesagressions criminelles perpétrées, récemment à Alger et ailleurs », lesterroristes ne sont plus désignés par le terme d'« égarés », mais d'« ennemisdu peuple ». En sa qualité de « Chef suprême des Forces armées », le Présidententend donc faire « redoubler d'intensité » la lutte « contre les résidusterroristes » pour « la sauvegarde des acquis de la paix retrouvée », a-t-ildit.  « L'unité nationale » est revenueplusieurs fois dans le discours de Bouteflika qui a eu à rappeler que « tousles Algériens ont les mêmes droits sur ce pays et dans ce pays » car,ajoute-t-il, « la lutte de libération n'a pas été le fait d'une seulesensibilité de quelque nature qu'elle fût, qu'elle n'a pas été le fait d'unerégion ou d'une catégorie sociale. Ce fut l'oeuvre du peuple tout entierconfondu dans un même attachement à son identité et aux valeurs qu'elle porte». Une unité dont il préconise «l'approfondissement continu » par « un projet démocratique, authentique etglobal » qui ne soit ni une « simple façade », ni une « transpositionartificielle de mécanismes déconnectés des réalités propres du pays », ni « unmode de pensée développé hors de notre histoire, sans ancrage dans nos valeurspropres imprégnées d'Islam », mais adapté aux « exigences du monde contemporain» et aux « valeurs humanistes ». Il a parlé d'un « nouvel élan » et d'une «nouvelle étape » dans « la construction du projet national » où « le libredébat et la confrontation pacifique des idées sont une nécessité, voire unenécessité impérieuse ». Des « aménagements propres » qui permettront «d'élargir le champ d'exercice des libertés publiques » annonce, sans détails,le président de la République. Allusion à la révision de la loi électorale,Bouteflika affirme que le but est de « rationaliser les règles relatives à laconstitution de la représentation citoyenne au sein des instances élues en lesdébarrassant des perversions qui en dénaturent l'esprit » mais aussi pouréviter « le détournement des mandats électifs à des fins personnelles ». Ilévoquera également la poursuite de la « consolidation de l'Etat de droit » etd'une gestion « transparente » des affaires publiques. Il annonce des «concrétisations significatives » qui verront le jour prochainement de mesures àprendre en matière de « répartition des rôles et des responsabilités entre lesdifférents niveaux de l'administration publique ». Une économie otage des «technocrates ». Dans le volet économique de son discours, et après avoir établiun bilan chiffré de quelques résultats « particulièrement significatifs »,notamment en matière de croissance, de taux de chômage, d'amélioration dessalaires et d'augmentation de la consommation des ménages, Bouteflika sortsubitement du texte écrit pour critiquer notre dépendance quasi totalevis-à-vis des hydrocarbures. Le Président s'est attaqué aux opérateursnationaux qui « parasitent » l'économie nationale dans des projets « sansimportance ». Hormis les opérateurs qui « investissent dans des secteursstratégiques », il a estimé que l'économie nationale ne se construit pas dansla « fabrication de la limonade ni dans la production de semoule ». Bouteflikasait que son propos « ne va pas plaire ». Il invite l'Etat à « mettre fin à ceparasitisme » et à encourager les « projets créateurs de richesses ». Toujoursdans le volet économique, le président de la République sort une deuxième foisdu discours écrit pour parler de la nécessité de liquider la dette publiqueinterne. Il a expliqué que cette dette accumulée depuis plusieurs décennies,est le résultat de « ce qui a été payé » pour faire vivre un secteur industrielagonisant. Bouteflika estime qu'il faut cesser d'être « sous l'emprise desidéologies » et régler le problème de la dette interne. Il explique (toujoursen dehors du texte écrit) que dans ce domaine, « la décision politique est(restée) otage des technocrates du ministère des Finances qui reportent, annéesur année, des écritures de montants qui datent de 62 ». Le Président sous-entendque la dette interne retarde le processus de la privatisation des entreprisespubliques mises en vente, sans grand résultat, depuis plusieurs années. Et pourque son propos ne soit pas mal interprété, il affirme : « j'interdis qu'onpense que je veux liquider » le secteur public, « je veux assainir la dette »,précise-t-il encore. Il reprend la lecture de son discours en soulignant sonattachement « à faire émerger des entités viables, capables de concourir àl'accroissement de la richesse nationale et de s'engager dans la voie de lacompétitivité », sans exclure « aucune formule » (partenariat, privatisationtotale ou partielle), « avec le souci, précise-t-il, de la protection destravailleurs ». Dans le même sillage, il invite(hors texte) à s'interroger sur la faiblesse des apports (en devises et eninvestissements) de l'émigration algérienne en comparaison avec les populationsémigrées de Tunisie et du Maroc. Bouteflika a, sans doute, voulu focaliser surle climat d'affaires en Algérie que beaucoup d'experts considèrent qu'il estloin de correspondre aux normes internationales (notamment en matière detransparence) et de cette tendance des « investisseurs nationaux » à « selaisser attirer par la facilité » et « l'exploitation quasi improductive d'unerente ». Bouteflika termine son discours en s'adressant directement aux «responsables et membres du Commandement de l'Armée nationale populaire » pourleur réitérer « l'hommage de la nation à ses forces armées et de sareconnaissance de l'héroïsme de leurs officiers, sous-officiers et djounouds »,mais aussi pour leur parler de « la perspective de la professionnalisation » del'ANP. « Nous allons vers la construction progressive d'une arméeprofessionnelle et citoyenne plus que jamais en symbiose avec la nation (...).C'est pourquoi, ajoute Bouteflika, « votre engagement, librement consenti etfidèlement assumé, doit être non pas au service d'une entité abstraite etdésincarnée mais au service de la nation algérienne qui s'est douloureusementconstruite au fil d'un long combat pour son droit à l'existence et le respectde son honneur et de sa dignité ». « L'ANP qui assure la défense du pays,conclut le Chef suprême des Forces armées, ne saurait se tenir en marge de lasociété. Elle doit harmonieusement intégrer sa professionnalisation et saloyauté sans faille dans la vie de la communauté nationale ».
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