Dire ou ne pas dire ?

S.G. (qui m?a demandé de ne signaler que ses initiales), nous avait écrit: «Tout le monde vous remercie M. le Ministre. Tout le monde vous exprime sa reconnaissance. Enfin ! Vous avez trouvé la solution en permettant aux élèves de sixième de passer au moyen. Voilà ce qu?on attendait, nous enseignants, on va passer un printemps fleuri en observant les hirondelles faire leurs nids. Nini. Les parents seront soulagés de ne plus payer de cours particuliers. Le compte est bon, sidi el ouazir. Merci ! Nous espérons que tous les élèves de la neuvième année passeront en seconde... Rien n?empêche le mouvement de s?étendre par contagion à toutes les classes. Yak ?Mais examinons de plus près cette décision, cette nouveauté qui permet aux élèves... d?aller tous au paradis. Ce plaisir qu?on donne aux enfants produit un effet pernicieux. Ils s?aperçoivent qu?on les regarde, qu?on les écoute avec plaisir. Par là, ils s?accoutument à croire que le monde se sera toujours occupé d?eux. On conçoit des expériences chimériques qui préparent des mécomptes infinis pour toute la vie. Les cerveaux seront desséchés par ce dérèglement qui se présente à eux, sous cette décision agréable de la suppression de l?examen de sixième. Tout est perdu ! Comment former le jugement des enfants ? Comment les accoutumer à bien raisonner sur les affaires de la vie ? Personne ne dit rien ! Mais qui ne dit rien, ne consent pas toujours.On ignore jusqu?au but de notre éducation qui se propose de préparer l?enfant à devenir un homme. Quel homme pour quel projet de société ? S?il est un thème de réflexion qui s?impose, c?est bien celui-là.Dans ce monde bien en avance sur nous, l?éducation doit être la meilleure force de frappe. Chez lui, l?enfant allume la télévision, voit tant de choses pendant que nous tournons le dos au progrès et occupons notre temps à penser à autre chose.Le passage direct au moyen est la cause des plaintes des P.E.M. sur la valeur des élèves de 6ème, une faiblesse telle qu?elle n?a jamais eu sa pareille.Il ne fallait pas le dire, ya khouna el ouazir ! Les élèves ne savent pas lire ! Le savez-vous ? »