Algérie

Dire la douleur



Paris
De notre bureau «Ma vie et  celle de ma famille sont brisées. Mon fils a grandi sans moi», témoigne Nesma Brahmia, grièvement blessée dans l'attentat terroriste qui a visé le siège de l'ONU en décembre 2007 à Alger.L'association française des victimes de terrorisme (AFVT), présidée par Guillaume Denoix de Saint Marc, leur a donné la parole, lors d'une conférence de presse tenue à Paris, la semaine derrière, dans le cadre de la préparation du 7e congrès international sur les victimes du terrorisme qui aura lieu en septembre 2011 dans la capitale française.
Suzy Abitbol est Colombienne. Elle est venue à Paris pour lancer un appel aux FARC afin qu'ils libèrent son mari, colonel dans la police, détenu depuis 12 ans dans la jungle amazonienne : «Ma vie est bouleversée depuis la captivité de mon mari. Je suis plongée dans un noir complet», raconte-t-elle, avant d'ajouter : «Mon mari est attaché à un arbre depuis 12 ans. Sa santé se détériore jour après jour. Nous voulons qu'il rentre à la maison afin que nous puissions recommencer à vivre comme tout le monde». Prenant la parole, sa fille Vivianne a ajouté : «Ma vie est différente de celle de mes copines du lycée. Je n'ai pas grandi aux côtés de mon père. J'aurai 15 ans l'année prochaine. A cette occasion, j'implore les FARC de me rendre mon papa. Ce sera le meilleur cadeau qu'ils peuvent me faire pour mon anniversaire.» «J'ai l'impression de demeurer encore sous les décombres.» Victime dans l'attentat terroriste qui a visé le siège de l'ONU en décembre 2007 à Alger, Asma Brahmia se dit aujourd'hui abandonnée par cette institution internationale. «Depuis cet attentat, ma vie et celle de ma famille sont brisées. Mon fils a grandi sans moi.» Evacuée d'urgence vers un hôpital de Perpignan, elle s'en est sortie miraculeusement après une intervention chirurgicale assez lourde au niveau de la colonne vertébrale. Depuis, une seule partie de son corps seulement fonctionne. Trois ans après l'attentat, Asma est toujours en colère contre l'ONU qui n'a rien fait pour l'aider et la soulager de sa douleur. «Je ne peux plus retourner en Algérie, j'ai de mauvais souvenirs là-bas. Je vis en France, mais la vie est dure. Entre démarches administratives qui me tuent petit à petit et difficultés de m'adapter, j'ai l'impression de demeurer encore sous les décombres».
Le même chagrin enveloppe la vie de Catherine Vania qui a perdu sa fille dans l'attentat qui a visé un quartier touristique du Caire en février 2009. De la quarantaine d'élèves partis en excursion dans ce pays, seule sa fille n'est pas revenue vivante. Aujourd'hui, l'enquête semble être au point mort. «L'Egypte fait blocus sur l'attentat. Les autorités nous cachent la vérité, les deux suspects arrêtés ont été relâchés.» Et d'ajouter : «J'espère que la France va montrer qu'elle peut, elle aussi, aider ses victimes de terrorisme et les prendre en charge, comme le fait si bien l'Espagne.» L'association française des victimes du terrorisme déploie, pour sa part, beaucoup d'efforts pour rendre à toutes ces victimes la vie moins pénible. Selon Guillaume Denoix de Saint Marc, la conférence internationale sur les victimes du terrorisme, qui se tiendra l'année prochaine à Paris, mettra davantage de lumière sur les victimes musulmanes et arabes car elles sont les premières à souffrir du terrorisme.                    


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