Algérie

DINAR ET DEVISE



Il semble que certains de nos concitoyens n'ont pas tout faux quand ils adoptent la manie de toujours traduire en euros l'achat d'un kilo de pomme de terre en dinars évanescents. Dans bon nombre d'esprits, la consistance d'une devise monétaire n'est pas une plate comparaison ni un jeu de calcul gratuit. Elle est la démonstration d'un retard économique et d'une faiblesse dans l'ensemble des créations nationales qui n'épargne même pas la production agricole.Les comparaisons ont du bon et du moins bon quand par ailleurs elles permettent une douteuse conscience et une satisfaction réparatrice mais très égoïste à la vue des salaires de misère des travailleurs de certains pays africains et asiatiques. En premier ressort, c'est évidemment le coût de la vie qui résume le mieux les valeurs humaines et qui lève le voile sur les réelles capacités des nations.
Les Algériens n'échappent pas à cette règle et on comprend la peur et l'allergie du pouvoir politique s'accrochant mordicus au soutien des prix des produits dits de premières nécessités. Malgré ses effets par endroits bénéfiques, ce lourd effort financier ne serait qu'un exercice en trompe-l'?il et ne se poursuivra que tant que la bénédiction du sous-sol minier durera.
Se convaincre cependant que se limiter à se préoccuper essentiellement des produits de nécessités premières n'est qu'un tracas en surface car dans la vie d'aujourd'hui tout est devenu indispensable pour que le modèle de consommation soit la vraie grande question. Il est utopique de croire que les fayots, la farine et l'huile sont les seuls éléments constitutifs de l'existence quotidienne de la population. Le citoyen est face à des exigences variées et multiples dont il ne peut plus se passer au nom d'une modernité implacable à laquelle il est tenu de s'adapter avec monnaies sonnantes et trébuchantes. Le rythme et la cadence du développement technologique infernal ont rendu les éternelles questions salariales incongrues.
Il n'est pas anodin que l'on revienne peu à peu aux soins d'antan des herboristes en tournant le dos aux médecins et aux pharmaciens et il est révélateur que de nombreux ménages reprennent attache avec les ?ufs au plat comme repas de consistance.
Les pois chiches moulus mélangés avec du pain rassis et servis chauds ne procurent plus de gêne dans les rues et tout en dénotant une paupérisation annoncent un grand virage dans le modèle de consommation. Quand on ne produit pas la richesse et que tout ou presque est importé, il devient inutile de s'attacher à la comparaison du dinar avec les devises.


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