Algérie

Dimajazz, un festival visiblement déprécié La reconnaissance officielle corrode-t-elle les initiatives '



Dimajazz, un festival visiblement déprécié                                    La reconnaissance officielle corrode-t-elle les initiatives '

De notre correspondant à Constantine
A. Lemili
Dimajazz. Rarement, un évènement musical n'aura été tant voulu par Azziz Djemame, attendu par le public, même s'il ne cible qu'une infime partie des habitants de la ville de Constantine et, au demeurant, un public identifiable en raison de son inamovibilité ; c'est, également, un projet auquel ont initialement et presque inconditionnellement adhéré les médias. Bien entendu, le retour d'ascenseur était envisageable entre ceux qui ont soutenu la création de l'évènement et ses architectes, selon un cahier des charges virtuel garantissant la pérennité de l'évènement, rendez-vous musical printanier fonctionnant comme au rythme d'un métronome.
Le festival de jazz de Constantine, en l'espace de deux ou trois années, était devenu, sans conteste pour certaines formations étrangères, un rendez-vous bon à figurer dans leur agenda. La rigueur dans sa préparation, son organisation minutieuse et ce, malgré les nombreux handicaps hasardeux ou à dessein rencontrés, et auxquels Djemame accordait une grande importance, présentaient les meilleurs gages pour faire du festival une halte musicale du genre. Une halte qui, même si son aura était bien loin de celle des autres évènements régionaux comme celui de Tabarka, Carthage (Tunisie), Tanger (Maroc), méritait néanmoins de figurer parmi des manifestations dont l'apanage n'était plus l' exclusivité des pays occidentaux et/ou africains en tant que berceau naturel.Le festival de jazz de Constantine aura vécu sur trois phases : La première qui consistait en sa construction, avec des moments difficiles vécus par l'association Limma et ses animateurs, lesquels ont, à chaque fois, fait preuve de la plus grande ingéniosité pour convaincre les rares bailleurs de fonds qui leur autoriseraient une prise en charge correcte de leurs hôtes venant du reste du monde. Une sorte de passage obligé qui n'aura pas été sans servir, dans la mesure où, au niveau du ministère de la Culture, la persévérance des promoteurs, voire leur obstination leur faisait obtenir des bons points qui compteront considérablement dans l'institutionnalisation de Dimajazz. Une institutionnalisation que ne verra pas se matérialiser un autre membre de l'association, décédé dans un accident de la circulation entre Constantine et Alger, alors qu'il se démenait à démarcher la cause du festival. Avec la reconnaissance officielle du ministère de la Culture, Dimajazz en tant qu'évènement artistique gagnait un titre de reconnaissance officiel. Du coup, l'association Limma voyait s'éloigner définitivement toutes les difficultés financières, administratives et matérielles inhérentes à la mise sur pied d'une manifestation et auxquelles son équipe était malgré tout habituée et qui, paradoxalement, alimentaient quelque part l'énergie collective et surtout la pugnacité de ses membres.Cette délivrance accouchera pourtant d'une contre-réaction. L'obligation de performance à laquelle s'astreignaient spontanément les animateurs de l'association tout le temps qu'ils ne comptaient que sur leur engagement, ne sera visible qu'au cours des deux années qui suivront l'institutionnalisation. Ensuite, ils tomberont dans la facilité en n'accordant plus autant d' intérêt au festival , négligeant l'immuabilité du calendrier de déroulement d'une part et la qualité des formations invitées. Une date fixe étant, comme nous l'avions souligné précédemment, un gage de sérieux étant donné qu'une formation musicale étrangère qui se respecte, ne peut être invitée au gré de l'humeur des organisateurs, et encore moins réquisitionnée selon les desiderata des organisateurs. Les accros parmi les premiers à avoir adhéré au festival, déchanteront au cours du Dimajazz de 2010 dont la cuvée semblait de bien moins bonne qualité que celle des précédentes manifestations. Ils seront définitivement déçus au cours de celui de 2011, pâle et triste sous-produit, ersatz des premiers Dimajazz.Est-ce à dire que le génie des Algériens n'est que dansl'adversité ' Avec l'expérience de l'évènement musical de Constantine, la réponse parait d'autorité affirmative. L'association a réalisé le meilleur dans une période qui pourrait être qualifiée de «galère», la dynamique de groupe se nourrissant vraisemblablement des écueils rencontrés au fur et à mesure.L'année dernière, parce qu'il a été décalé, le Dimajazz n'a pas été flamboyant, en l'absence de grands noms du jazz auxquels avaient été habitués les Constantinois. Les organisateurs recourant à de jeunes formations locales qui, comble de l'ironie, étaient traitées de haut par Limma au motif qu'elles «n'avaient rien de professionnel».




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