DIGOUTAGE

Par Arris Touffan
Les observateurs se demandent vraiment à quoi rime la répression bestiale sur les électeurs catalans dont se rend coupable Mariano Rajoy. Les images ont fait le tour du monde. On y voit des policiers de la Guardia Civile harnachés comme pour une guerre en bonne et due forme, tabassant de paisibles électeurs se rendant aux urnes les mains levées et en chantant. Personnes âgées bastonnées sans pitié, femmes tabassées écrasées par terre, visages ensanglantés, le spectacle est celui d'une démocratie harmonieuse ! La furie de Rajoy devant la perspective, même pas gagnée d'avance d'ailleurs, de la possible indépendance de la Catalogne a fait plus de 450 blessés, dont plusieurs grièvement. La sauvagerie de la répression a fait réagir des observateurs britanniques qui portent plainte contre Rajoy devant le Tribunal pénal européen.
Cette brutalité a poussé des électeurs catalans opposés à l'indépendance à se ranger dans le camp des indépendantistes. Réaction à cette violence inouïe. Rajoy se réjouissait, le soir de l'élection, de la «fermeté» avec laquelle a été géré le référendum. Tu parles !
Pourtant, c'est un échec politique total pour lui. S'il avait laissé le référendum se dérouler normalement comme Tony Blair avait laissé faire le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse en 2014, il y aurait eu, selon les prévisions, seulement 40% des suffrages en faveur de l'indépendance.
Le mouvement indépendantiste serait mort de sa belle mort. Au lieu de quoi, la repression non seulement lui redonne vie, mais le fait gagner puisque, selon le gouvernement catalan, le «oui» à l'indépendance a obtenu 90%.
On n'arrive pas à comprendre ce comportement suicidaire de Rajoy autrement que par une sorte de haine à l'égard du républicanisme catalan. On n'est plus dans le politique, mais dans l'épidermique.
A. T.